Ainsi s’exprime Niels Marquardt, lors de la rencontre de discussion qu’il a organisée hier, dans les locaux de son ambassade, à Yaoundé. L’ambassadeur des Etats-Unis explique que cette rencontre intervient au lendemain d’une autre qu’il a eu avec le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation au sujet du processus électoral. Selon le diplomate, le Minadt les a rassurés de la bonne marche de ce processus en présentant le dispositif informatique prévu à cet effet.
Le fichier informatique affiche 4 600 000, soit 90% d’électeurs déjà enregistrés à ce jour, et d’autres noms devraient s’y ajouter d’ici la fin de février. “ C’est un effectif très bas quand on sait que le Cameroun compte 16 millions d’habitants. La Zambie qui a la même démographie a pu enregistrer le double, c’est-à-dire 8 millions d’électeurs. D’où la nécessité de mobiliser davantage les populations ”, déclare le diplomate. Et d’ajouter : “ Nous souhaitons que les prochaines élections soient les meilleures de toute l’histoire du Cameroun ”
Mais l’ambassadeur des Etats-Unis a d’autant plus d’appréhensions sur le processus électoral en cours qu’ une vingtaine de ses collaborateurs, cadres de nationalité camerounaise, s’est battue en vain pour s’inscrire sur les listes électorales dans plusieurs circonscriptions à Yaoundé. Pour lui “ c’est très grave ”. Il est de la responsabilité du gouvernement de mobiliser les structures en charge de l’inscription sur les listes électorales pour que les populations puissent se faire enregistrer, martèle-t-il en substance, avant de soutenir qu’il a révélé cela au ministre d’Etat, Marafa Hamidou Yaya qui a promis de tout mettre en œuvre pour faire évoluer les choses sur le terrain.
Dénonciation
Comment mobiliser les populations afin qu’elles puissent s’inscrire massivement sur les listes électorales et participer aux prochaines élections? En remettant la parole hier aux acteurs de la société civile et aux hommes de médias invités à sa rencontre de discussion, Niels Marquardt a pu mesurer l’ampleur du chantier dans lequel son pays s’engage de plus en plus ouvertement, ainsi que toute l’espérance que les Camerounais nourrissent en comptant sur lui.
Des différentes interventions, il se révèle que la plupart des acteurs de la société civile n’ont plus confiance au gouvernement et ne partagent pas du tout les assurances du Minadt et l’optimisme de l’ambassadeur des Etats-Unis. Charles Ateba Eyene du Club éthique fait remarquer que “ si des cadres de l’ambassade ne parviennent pas à dissuader les commissions pour obtenir leur inscription, que pourrait bien faire mon oncle qui est à Lolordof ?
” Comme pour signifier que la situation sur le terrain est très difficile pour les populations, en l’occurrence les jeunes qui n’ont plus confiance à une classe de dirigeants qui ont brillé par leur malhonnêteté.
Léopold Zeusseu de Transparency International-Cameroon balaie du revers de la main le processus d’informatisation en cours, en se demandant “ à quoi l’informatisation va-t-elle servir si toutes les bases de données ne sont pas consolidées à travers le pays ”. Et de faire remarquer que l’informatisation dans les conditions où elle est mise en œuvre au Minadt ne garantit nullement la transparence du processus électoral, parce qu’on peut toujours trafiquer les résultats même pendant le décompte des voix.
Sur la même lancée, Hilaire Kamga des Nouveaux droits de l’homme s’offusque de ce que la société civile n’ait pas été associée à la conception du programme informatique en question. Et de mettre au défi le Minadt de prouver que les 4 600 000 électeurs enregistrés jusqu’ici sont authentiquement des Camerounais. Simon Sama du Réseau national des habitants du Cameroun dénonce “ le nettoyage des listes électorales après les inscriptions et sur la base des facteurs de discrimination ethnique à Yaoundé ”.
Proposition
Après l’avalanche de dénonciations, les acteurs de la société civile n’ont pas été avares de propositions. Hilaire Kamga bien qu’en relevant que les partenaires au développement, avec la complicité du gouvernement, ont contribué à diviser systématiquement la société civile locale, a proposé aux confrères de rejoindre la plate-forme intitulée “ la caravane de la démocratie ” qui entend œuvrer pour une alternance en douceur en 2011. L’épiscopat camerounais aurait d’ailleurs accepté de porter ladite plate-forme, soutient-il.
Enfin, Pauline Biyong propose qu’un conseil électoral soit créé en lieu et la place de l’Onel dont le mandat expire d’ici mai 2007 ; que les candidatures indépendantes soient admises ; que l’encre indélébile soit acquise avec le soutien des bailleurs de fonds, que l’ambassadeur soit le porte-parole de la société civile auprès du gouvernement et que cette société civile soit soutenue pour le rôle de sentinelle qu’elle s’apprête à jouer dans le cadre de l’alternance attendue en 2011.
Soutien que Niels Marquadt a accepté, en enjoignant ces acteurs de ficeler, dès le lendemain, des projets de demande d’appui à la sensibilisation et à la mobilisation des électeurs, parce que, dit-il, “l’objectif des inscriptions sur les listes est pour le moment prioritaire, à deux mois seulement de la convocation du corps électoral ”.
Source: La Nouvelle Expression
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