Avec à son bord une soixantaine de passagers (dont vingt officiellement enregistrés), un équipage de neuf personnes et de nombreuses marchandises (noix de kola, petites crevettes sèches, tapioca…), l’embarcation a chaviré aux larges de Mbimbia, près de Limbe en allant vers Bakassi. Après quinze heures (il était 23 heures, selon des témoignages) de navigation. Jusqu’en début d’après-midi d’hier, seules sept personnes – des membres de l’équipage (Sunny, Eyobio, Eteyenebis, Ekpe, Arttlasy, Tomy et Popular) – avaient été retrouvées vivantes.
Vingt-et-une dépouilles mortelles avaient déjà, selon des sources officielles, été repêchées.
Le navire avait reçu (vendredi 2 février) le quitus de la surveillance du territoire (police des frontières), de la marine marchande, du capitaine et propriétaire de la pirogue Franck Udoh (il n’était pas du voyage), et du bureau des douanes de Tiko. “ Les trois manifestes du voyage – passagers, équipage et bagages – étaient conformes aux exigences du trafic maritime ”, déclare le chef du bureau des douanes.
“ La charge s’est augmentée au fur et à mesure que cette pirogue s’arrêtait dans les villages de pêcheurs. Près d’une quarantaine de passagers et de nombreuses marchandises auraient ainsi embarqué dans des pêcheries. L’équipage a carrément fait le ramassage de passagers clandestins et marchandises non déclarées ”, a révélé un membre rescapé de l’équipage.
Surcharge excessive
La surcharge excessive des passagers et marchandises serait à l’origine de ce naufrage. Une thèse soutenue par des éléments de la surveillance du territoire et des douaniers. “ Selon des rescapés avec qui nous nous sommes entretenus, il y a eu plusieurs vagues de près de trois mètres de hauteur en pleine nuit. En haute mer. Elles ont soulevé l’avant de la pirogue ; l’arrière était dans l’eau. Les matelots ont manœuvré au point de stabiliser le petit navire.
Mais, après cette stabilisation, les moteurs se sont arrêtés. La pirogue a coulé, l’eau les a ensevelis ”, explique un douanier.
Un marin en service à la base militaire de Tiko, près du lieu d’embarcation, pense que le pire ne serait pas arrivé si l’équipage avait prévu des gilets de sauvetage pour les passagers.
“ En cas de naufrage, si les passagers ont des gilets de sauvetage, ils peuvent flotter sur l’eau, même pendant quarante-huit heures ”, explique-t-il. Les corps des victimes ont été inhumés à Mabetha près Limbe. Selon la tradition qui veut que les victimes d’un naufrage soient enterrées à proximité du lieu de naufrage, moins de douze heures après les repêchages des corps.
Au moment où nous allions sous presses, la commission de crise (présidée par le préfet du Fako) créée après ce sinistre, était en conclave à Limbe.
Personnes enregistrées sur les manifestes du voyage
I – Manifeste de passagers
Rosa Nison, Mathew Udoh, Mado Mukete, Esther Edet, Tom Edet, Anna Bensamwe, Paul Arrey, Bassey Paul, Ekite Odiong, Victor Ibrahim, Inna Bassey, Essut David, Grâce Udoh, Issae Ikong, Rose Anthony, Marie Owona, Comfort Edem, Ephraim Okon, Elizabeth Ngandeh, Awountou Moussa.
II – Manifeste de l’équipage
Eyobio, Eteyenebis, Etete, Sunny, Etinwa, Ekpe, Arttlasy, Tomy, Popular
N.B. : Sur les manifestes, il est précisé que toutes les personnes ci-dessus sont de nationalité nigériane.
Source: Le Messager
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