Le Haut-Commissaire de Grande Bretagne au Cameroun a mis à profit sa visite à Douala pour rompre le silence au sujet de Elecam.
Par Josiane Djomnang
C’était à l’occasion d’un dîner offert par celui-ci dans un hôtel huppé de la place aux marins anglais en visite au Cameroun. Auparavant, en matinée, Syd Maddicott avait présidé la cérémonie d’ouverture d’un séminaire de cinq jours portant sur « la couverture médiatique des élections au Cameroun et l’éthique journalistique ». C’était lundi dernier à Douala.
Un séminaire organisé par le British Council à l’intention d’une dizaine de journalistes de la presse aussi bien écrite que audiovisuelle et qui vient à point nommé dans un contexte où notre pays s’achemine tout doucement vers des élections couplées, municipales et législatives sensées se tenir dans seulement quelques mois. Un moment crucial où la responsabilité du journaliste de tous horizons est plus que jamais interpellée.
Le Haut-Commissaire a entre autres entretenu la presse nationale sur diverses préoccupations de l’heure. En bonne place desquelles figure la création récente de Elections Cameroun, cet organe mis en place par décret présidentiel en fin d’année 2006 et chargé, selon les propres termes du président de la République, d’ « organiser et de superviser les élections » au Cameroun et qui toujours selon ce décret ne sera applicable qu’en juin 2008.
Clarifications
Le Haut-Commissaire britannique a tenu à préciser que la Grande Bretagne toute seule ne saurait être le père géniteur de l’imposition de ce texte de loi, et que celui-ci était le résultat d’une longue concertation entre le gouvernement camerounais et de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe.
« Nous n’avons aucunément imposé une commission électorale indépendante au Cameroun » a-t-il dit avant de rappeler que « le plus important ne sont pas les textes mais la volonté politique du gouvernement de les faire respecter ». Syd Maddicott reste cependant optimiste quant à la tenue des élections de juin prochain et pense que le nouvel organe aura certainement un rôle important à jouer.
Syd Maddicott a par ailleurs félicité tous les camerounais pour le sacrifice consenti qui aura permis à notre pays d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative pays pauvres très endettés. Mais il a aussi loué la grande diplomatie de Paul Biya et de son homologue Obasanjo du Nigeria dans la résolution du conflit frontalier qui oppose le Cameroun à ce pays voisin dans la péninsule de Bakassi.
Les efforts du vice- Premier ministre chargé de la justice, Amadou Ali ne sont pas passés inaperçus. Selon le Haut-Commissaire, l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale réduira le nombre de détention préventive en même temps que le coût de ces multiples détentions à l’Etat.
Syd Maddicott a peut être oublié qu’il se trouvait au Cameroun où les conditions de détention sont tellement mauvaises et que non seulement elles ne coûtent rien à l’Etat mais qu’en plus ce sont les détenus qui payent la note.
Outre ce chapelet de bienfaits du gouvernement camerounais, le Haut-Commissaire de Grande Bretagne a tenu à déplorer le climat malsain peu favorable aux investissements étrangers et nationaux avant de rappeler au gouvernement de revoir sa politique. Il a également promis, tout long de ce dîner, le retour de la forte implication de la Grande Bretagne au Cameroun dans les domaines aussi variés et importants que l’éducation, le développement durable, les droits de l’homme et la démocratie.
Un discours teinté de relents du déjà entendu qui rappelle à la mémoire les derniers discours du chef de l’Etat le 31 décembre 2006 et lors de la présentation de vœux de nouvel an de la classe diplomatique.
