Le Cameroun a déjà connu ce genre de situation, et il est arrivé qu’un homme ou un petit groupe d’hommes se mette à la mesure des attentes du peuple camerounais. Pourtant, rarement le pays n’avait eu affaire à la banqueroute politique qu’il connaît aujourd’hui. C’est ce que nous avons entendu du message que Ngouo Woungly Massaga, le Commandant Kissamba, vous a adressé par voie de presse il y a quelques semaines.
Du haut de son autorité morale, de la profondeur de son expérience de la lutte, cet aîné vous a explicitement invité à prendre votre responsabilité devant les Camerounaises et les Camerounais, afin de conduire l’effort de structuration et de renaissance de l’opposition de notre pays. Le geste est exceptionnel dans le contexte de chez nous ; il souligne la gravité extrême de la situation. A Action Citoyenne (A.C.), nous avons saisi la portée de l’acte du Commandant Kissamba ; nous avons consulté autour de nous, en France, en Europe et surtout au Cameroun. C’est fort de cela, que nous nous adressons au peuple camerounais. Non point pour lui rappeler l’état de délabrement de l’opposition, mais pour lui dire l’urgence de refonder les conditions d’un climat politique constructif dans notre pays, et ce, dans l’intérêt supérieur de la nation.
Vous, peuple camerounais qui ne nous avez pas attendus pour dénoncer la faiblesse des uns, la duplicité des autres, la confusion de tout ce qui se fait sur la scène politique de notre pays depuis quelques années. Vous savez très bien comment le Pouvoir joue à merveille son rôle (favori) de susciter la faiblesse et la désorganisation des acteurs de l’opposition, tout en les maintenant artificiellement en vie afin de redorer son image terni auprès des donneurs d’ordre à l’étranger. Nous vous exhortons à soutenir le projet de redressement politique qu’incarnent Maître Bernard Muna et d’autres forces et personnalités progressistes de notre pays.
Maître Bernard Muna, vous ne nous avez pas attendu pour tenter de rétablir le droit et un fonctionnement normal au Social democratic front, dont vous êtes l’un des fondateurs, en dépit du fait que votre démarche visant à ressusciter vigueur et ambition au sein de ce qui a été le parti leader de l’opposition au Cameroun dans les premiers temps de sa création, a trouvé plusieurs facteurs limitatifs entre autres, la corruption de ses dirigeants et l’instrumentalisation de ce parti par le Pouvoir, vous avez les atouts pour conjurer l’impasse que constituent le Sdf et son avilissement, pour impulser une véritable refondation de l’opposition au Cameroun.
En effet, vous avez toujours œuvré pour la justice et l’équité dans notre pays. Après avoir contribué de façon décisive, en tant que Bâtonnier du Cameroun, au mouvement des années 1990, notamment en rappelant aux Camerounais la légalité du multipartisme, au regard de la Constitution de leur pays, en apportant votre pierre à la création du Sdf, trop vite confisqué par son premier président, vous êtes retourné à votre métier : le droit, la loi. Vous avez manifesté par là, l’indépendance qui vous caractérisait déjà sous le régime d’Ahidjo, alors que votre père était au faîte du pouvoir ! Vous avez exprimé votre droiture, en ne vous soumettant pas au Prince du moment. Plus récemment encore, on a vu tous ces aspects de votre personnalité à l’œuvre au du Tribunal Pénal International au Rwanda. Cette espèce de détachement – par rapport à la lutte partisane au Sdf – a semblé indiquer chez vous un certain dandysme. Il s’agissait d’une attitude empreinte de sagesse évitant d’ajouter à la confusion et de ruiner l’outil que constituait le principal parti de l’opposition.
La légitimité ne s’imposant pas d’elle-même en politique, il va falloir aller au combat. Vous devez absolument abandonner la “ lutte symbolique ” pour le sigle à votre ancien camarade. Si vous voulez vraiment faire œuvre utile pour le Cameroun, il est indispensable de créer et de maintenir autour de vous, les conditions de rassemblement des forces patriotiques et progressistes qui attendent. Regardez par exemple, ce que Ariel Sharon a fait il y a quelques mois : il n’a pas hésité à quitter le Likoud qu’il avait co-fondé. Il a créé une nouvelle structure pour réaliser un projet politique dans l’intérêt supérieur de la nation israélienne.
Souvenez-vous, il y a sept ans déjà quand un compatriote jetait un pavé dans la marre en publiant “ Le Social democratic front se meurt-il ? ”. Que n’a-t-on pas dit et entendu ? Au moment où certaines personnes avec qui vous avez entamé cette reconstruction abandonnent sous diverses pressions, nous militants de Action Citoyenne (A.C.), estimons que nous avons le devoir de rappeler à nos compatriotes, que notre pays ne peut continuer à être l’otage de qui que ce soit.
Votre mission est noble. Il ne s’agit point de dresser l’opposition à la “ majorité présidentielle ” ou encore les Camerounais du nord, contre ceux du sud, mais d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays, en lui permettant de retrouver ces valeurs républicaines et citoyennes : le respect du mandat du peuple, la réussite par le travail, l’amour de la nation, la justice, l’équité...
C’est le moins que le peuple camerounais attend de vous. Nous pensons que vous êtes à la hauteur de cette mission. Allez donc à la rencontre des hommes et des femmes de bonne volonté. Dites-leur qu’il est encore possible de faire quelque chose pour ce pays ! Ensemble, sans exclusive et sans hégémonie, ils viendront avec vous, Nous serons nombreux à vos côtés.
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