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Bilan : Etre Camerounais en 2007
(02/01/2007)
Le début d’une année, moment des grandes résolutions et de bilans est là. Mais il existe un bilan que nous pouvons être invité à faire : être camerounais aujourd’hui...
Par Haman Mana

Le début d’une année, moment des grandes résolutions et de bilans est là. Mais il existe un bilan que nous pouvons être invité à faire, et au cours duquel nous ne manquerons point d’embarras : être camerounais aujourd’hui, qu’est-ce que cela veut dire? Qu’est-ce que cela comporte comme conséquences ? Qu’est-ce que cela implique ? Autant de questions que le citoyen blasé ne se pose même plus, parce qu’il est pris dans le maelström d’un quotidien parsemé d’embûches, où seules les ruses et les chemins de travers permettent désormais de garder la tête hors de l’eau…

Il existe encore, comme cela, les réminiscences d’une certaine fierté camerounaise, qui fait la différence entre les Camerounais et les autres. C’est une fierté qui s’est bâtie sur ce que l’on désignait autrefois le " nationalisme ombrageux " des Camerounais, cette manière propre à nous d’avoir une haute idée de notre pays, en toutes les circonstances. Ce nationalisme camerounais n’a pas toujours tenu, comme on pouvait le penser de prime abord, des retombées d’une brillance certaine de nos intellectuels et de nos artistes à un moment donné, ou des performances de nos sportifs. Il y a certainement, plus fort encore, cette conscience nationale, forgée dans le fer et le sang des luttes d’avant et d’après l’indépendance. C’est ce sentiment-là, qui à une certaine époque, convainquait les étudiants camerounais en fin de cycle à rentrer au pays, plutôt qu’à rester à l’étranger, que nous recherchons, et que nous interrogeons aujourd’hui
Ceux qui ont choisi de partir, de faire leur vie ailleurs qu’au Cameroun, ne manqueront pas, quelles que soient les conditions favorables dans lesquelles ils vivent à l’extérieur, de marquer ce temps d’arrêt de nostalgie, un peu comme pour signifier que le pays où ils se trouvent, malgré la relative réussite qui y est la leur, ne sera jamais qu’un second choix pour eux. Ils évoqueront, pour justifier leur expatriation, le caractère " compliqué " de la vie au cameroun.

Au-delà du naufrage économique dont a été victime notre pays, il y a, et c’est ce que tous déploreront, la forte dépréciation humaine, la perte des valeurs de repère qui font que plus rien, et si peu de gens, demeurent fiables dans notre pays. On parle ici de la simple fiabilité humaine, dont l’expression la plus basique est le respect de la parole donnée, d’un engagement pris.

Ceux qui sont restés au pays, comme émasculés par une main géante, se contentent de pourvoir à leurs besoins quotidiens, sans aucune réelle perspective, parce que personne ne veut penser à demain, et qu’il est même suspect désormais de penser demain. Dans un mouvement de résignation collective, on se borne à accepter un quotidien médiocre, alors que nous pouvons aspirer à tellement mieux, promettre des lendemains tellement plus brillants à notre descendance.
C’est le lieu de se poser, avec Paul Biya, cette question, qu’il a lancée, comme avec exaspération, au cours de son discours de fin de l’année 2006 : "Comment se fait-il que notre pays, richement doté par la nature et le climat, qui dispose de ressources humaines reconnues, qui jouit de la paix et de la stabilité, comment se fait-il, dis-je, que notre pays tarde à assurer son décollage économique ? "

Le président de la République a énoncé certaines raisons : l’inertie de l’administration et la corruption… D’accord, mais il y a aussi et surtout, ce qui est le problème camerounais d’aujourd’hui : la rupture du contrat entre gouvernants et gouvernés. Ce manque de ciment, cette absence d’adhésion qui fait que les Camerounais, dans leur ensemble, ne considèrent pas qu’ils font partie d’un peuple dirigé par des hommes qui les mènent vers un but précis. Les dirigeants ou ceux qui s’imposent comme tels, en se comportant comme s’ils étaient en pays occupé, créent en retour, chez le citoyen, une mentalité d’occupé, chez qui le refus de collaborer est considéré comme vertu.
A la fin, l’image que nous avons de nous-mêmes, Camerounais, est désormais bien peu flatteuse. Nous voilà passés, en moins de vingt ans, presque d’une surestime de soi, à une mésestime de nous-mêmes… Pour rebondir, il faut soigner ces blessures psychologiques que nous traînons désormais, et qui font si mal.


Source : Quotidien Mutations






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