Ainsi s'interroge l’ex-Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara parlant de l’ajustement structurel.
Interrogation résume à elle seule, le paradoxe des conditionnalités imposées par les bailleurs de fonds (Banque mondiale et Fmi) dans le cadre des programmes d’ajustement structurels imposés aux pays pauvres. Pour ne prendre que le cas du Cameroun, l’expert financier Babissakana rappelle que “ l’abus d’ingérence économique de la Banque mondiale et du Fmi se matérialise par leur modèle inadapté de gestion économique qu’ils imposent au Cameroun au travers d’un cadrage des programmes économiques du pays (notamment celui en cours pour la période 2001 - 2003) centré prioritairement sur les équilibres comptables et financiers au lieu de l’être sur la production, l’emploi et la cohésion sociale ”.
Certains économistes n’ont de cesse de dénoncer les modèles économiques généralement imposés par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Ceux-ci, généralement, ne tiennent pas compte des réalités locales. Sinon, comment comprendre que le Cameroun (avec son économie assise sur certaines cultures de rente à l’instar du cacao et du café) soit contraint de démanteler les structures d’appuis aux agriculteurs.
La disparition de l’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb) a sonné la fin des subventions aux engrais, avec comme pour corollaire le recul de la production agricole. Malgré l’embellie observée sur le marché du cacao et du café, le Cameroun du fait de sa sous-production ne tire rien comme bénéfice
Modèles inadaptés
Les recherches effectuées par la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le développement) montrent l'ajustement, loin de favoriser les agriculteurs en général et les petits paysans en particulier, les a affectés gravement. "Il semble en fait, d'après divers indices, que certains éléments des réformes aient aggravé les contraintes qui font obstacle à la croissance de la production de petits exploitants ”.
L’ajustement structurel comporte deux étapes : d’une part la stabilité macro-économique à court terme qui se traduit par la libéralisation des prix, l’austérité fiscale, la dévaluation et, d’autre part, les réformes structurelles qui, mises en œuvre simultanément ou parallèlement, consacrent le dépérissement de l’Etat, la libéralisation du commerce et du système bancaire, la privatisation des entreprises et sociétés d’Etat, la compression de l’emploi et le gel du recrutement à la fonction publique, la fermeture des instituts de recherches “ Tout pays endetté qui sollicite des fonds du Fmi et de la Banque mondiale doit appliquer ces mesures qui, en principe, Il faut savoir qu’aucun secteur n’échappe à la vigilance et au couperet des ajusteurs, pas même l’éducation, la santé, l’eau potable, le développement rural, l’industrie ”, explique J. B. Sipa chroniqueur des questions économiques. D’ailleurs un rapport de la Cnuced (2000) indique que les programmes d’ajustement structurels ont contribué à la chute des investissements directs étrangers en Afrique.
Source: Le Messager
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