Les cours sont suspendus depuis hier, 27 novembre 2006, dans toutes les facultés de l’Université de Buea. Non pas parce que les enseignants de l’institution académique de Molyko observent le mot de grève lancé par le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes). Mais parce que les étudiants manifestent leur colère dans le campus universitaire. Ils protestent contre la nouvelle liste des candidats autorisés à passer les épreuves orales du concours d’entrée en 1ère année de la filière médecine de la faculté des sciences de la santé, récemment ouvertes dans cet établissement.
La liste récriminée, signée le 24 novembre dernier par le Professeur Marcellin Nomo, comporte 153 noms. Soit 26 de plus que celle qui avait déjà été rendue publique quelques jours plus tôt, par l’administration de l’Université de Buea. Les étudiants qui pensent qu’il s’agit là d’une ouverture délibérée à la fraude, ont donc décidé de suspendre les cours. Faisant valoir la solidarité estudiantine, ils exigent l’annulation de cette seconde liste et la prise en compte pure et simple des 127 candidats ayant préalablement été désignés pour passer les examens oraux de ce concours.
Le concours d’entrée en 1ère année de la filière Médecine de la faculté des sciences de la santé de l’Université de Buea s’est tenu du 21 au 22 octobre dernier, sans heurts. Les 870 candidats ayant pris part à cet examen, étaient supposés passer les épreuves orales dès le 23 octobre. Mais cette échéance a été annulée. Il était désormais question, au terme des épreuves écrites, de sélectionner 72 candidats pour passer les épreuves orales, afin de retenir les 60 qui doivent occuper les places disponibles dans cette branche spécialisée dans la formation des médecins. La semaine dernière, ce sont plutôt 127 candidats qui ont été déclarés admissibles à ce concours.
Mais une liste "officielle des candidats admissibles en provenance du ministère de l’Enseignement supérieur ", plus longue que celle qui avait déjà été rendue publique, vient d’être affichée dans l’enceinte de l’Université.
Cette dernière intègre beaucoup plus de candidats francophones qu’il n’y en avait déjà dans la première. " Ce rajout qu’on dit imposé par le ministère de l’Enseignement supérieur, montre déjà que ce ne sont pas les plus méritants qui seront retenus. Nous voulons que le concours se passe dans la clarté, sans ce type d’intervention qui laisse cours au favoritisme ", soutient Eric Mouendé, étudiant à l’université de Buea. L’appel à la reprise des cours lancé par Cornelius Lambi, le recteur de l’Université de Buea, n’est pas encore entendu par les grévistes qui comptent continuer leurs manifestations ce matin.
Plaintes
Des revendications qui rejoignent celles des étudiants de l’université de Douala qui sont confrontés au même problème et annoncent une grève imminente, semblable à celle de leurs camarades de Buea. Ils se plaignent en effet d’une manipulation en cours des résultats du concours d’entrée en première année de la toute nouvelle faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’université de Douala.
Par ailleurs, les enseignants de cette université ont engagé depuis hier, lundi 27 novembre, une grève qui devrait se poursuivre jusqu’au 3 décembre prochain. Leur mouvement a ainsi paralysé les départements d’anglais et langues africaines, de littérature africaine en faculté des Lettres. Mais la grève est bien plus suivie en faculté des Sciences.
Le Docteur Dika Manga, coordinateur du Synes dans le Littoral, a dû faire le tour des amphis et des autres salles de cours pour sensibiliser ses collègues sur la nécessité de faire bloc afin d’obtenir la satisfaction de leurs revendications.
Pourquoi la grève est-elle diversement suivie à Douala ? Dika Manga répond qu’il y a trois catégories d’enseignants qui hésitent à répondre favorablement à l’appel du Synes.
Il s’agit des enseignants en mission et qui n’étaient pas au courant de la grève, des cadres qui occupent des postes de responsabilité et font valoir leur droit de réserve, et enfin, les membres du front de refus, qualifiés de "traîtres de la causes ". A en croire les grévistes, le mouvement doit battre son plein dès ce matin, et ce jusqu’au paiement intégral de la dette académique dont le montant s’élève à 258.136.393 Fcfa., et qui constitue la principale revendication des enseignants
On se souvient que la semaine dernière, ce sont les enseignants de la faculté des sciences de l’université de Ngaoundéré qui ont fait une grève au cours de laquelle il réclamait le paiement de la même dette qui s’élevait, pour le cas de cette université, à 167.820.950 Fcfa. Ils ont commencé à être payés jeudi le 23 novembre dernier.
Pour ce qui est de la rétribution de cette dette académique qui s’élève à 1.9 milliards de francs Cfa pour toutes les universités, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, selon une correspondance adressée au secrétaire général du Synes, le 24 novembre dernier, et parvenu à notre rédaction, a promis de la payer dans les plus brefs délais. La date avancée dans le chronogramme joint à cette correspondance est celle du 15 décembre prochain.
Source: Quotidien Mutations
|