L’Institut de recherche pour le développement (Ird) de Paris a récemment publié les résultats d’une étude sur la contrefaçon des médicaments antipaludéens vendus sous le manteau au Cameroun. Cette pratique inquiète les chercheurs qui y voient un facteur d’aggravation de la maladie sur un continent qui rassemble à lui tout seul 90 % des décès liés au paludisme…
L’Institut de recherche pour le développement (Ird) de Paris a récemment publié les résultats d’une étude sur la contrefaçon des médicaments antipaludéens vendus sous le manteau au Cameroun. Cette pratique inquiète les chercheurs qui y voient un facteur d’aggravation de la maladie sur un continent qui rassemble à lui tout seul 90 % des décès liés au paludisme…
Le paludisme est devenu une des maladies les plus graves et les plus mortelles du continent africain : il tue un enfant toutes les trente secondes et représente 10 % de la charge totale de morbidité du continent. Aux facteurs de mal nutrition qui affaiblissent les organismes, s’ajoutent les difficultés économiques que rencontrent les populations touchées pour se procurer les médicaments adéquats (seuls des pays comme l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, Djibouti et le Swaziland garantissent la gratuité du traitement contre le paludisme). Ces dernières ont favorisé l’émergence d’un marché parallèle de médicaments contrefaits et fait de l’Afrique la dernière étape de leur circuit de distribution.
Des chercheurs français de l’Institut de recherche pour le développement (Ird), basé à Paris, ont mené une étude sur la contrefaçon d’antipaludéens au Cameroun. Financés par le ministère de la Recherche, ils ont enquêté dans seize localités du pays, et récolté 284 échantillons de ces faux remèdes dans 132 sources de vente différentes (marché, échoppes illégales, vente sous le manteau, etc...) entre 2001 et 2002. Le but de ces travaux était de déterminer si les principes actifs vendus dans ces gélules ou cachets correspondaient à leur libellé...
Et le constat est inquiétant. Dans un compte-rendu publié ce mois-ci, l’Ird souligne que “38% des médicaments supposés contenir de la chloroquine, 74% de la quinine et 12 % du sulfadoxine-pyriméthamine ne contenaient en réalité soit aucun principe actif, soit un principe actif en quantité insuffisante, soit […] d’une autre nature ou encore des composés inconnus.”
12 MILLIARDS PERDUS A CAUSE DU PALUDISME
Si l’automédication peut-être une alternative pour permettre une réaction rapide aux crises paludiques ou aux premiers symptômes de la maladie, cette pratique peut se révéler dévastatrice: associée à de mauvais produits, elle stimule des agents pathogènes résistants mais accentue aussi la mortalité par faute de bons soins. Le compte-rendu note également que sur tous ces échantillons étudiés, “seulement 118 d’entre eux portaient mention de leur origine, 61 provenant de l’Union européenne, 6 de l’Europe de l’Est, 39 d’Asie, et 12 d’Afrique”, sans toutefois qu’il soit possible “dans la majorité des cas de déterminer l’identité de la compagnie pharmaceutique [...], ni le lieu de fabrication.”
A l’éloignement des centres de soins pour les populations rurales s’ajoutent les prix des consultations, sans compter l’achat des médicaments. L’automédication est devenue la seule forme de régulation du marché des médicaments antipaludiques. Au Cameroun comme ailleurs, les conséquences de leur inefficacité pourraient bien aggraver la pandémie qui touche principalement les enfants.
Ce fléau freine donc considérablement le développement du continent. Selon le rapport 2003 sur le paludisme en Afrique de L’Organisation mondiale de la santé (Oms) et de l’Unicef, le paludisme engendre plus de 12 milliards de dollars de perte annuelle de Produit intérieur brut (Pib) sur le continent…
Source: Le quotidien.sn
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