Lundi, 07 août 2006, alors que les parents se pressaient les uns vers le bureau du proviseur, les autres vers la scolarité du lycée de Biyem-Assi, Josette Abanda, 40 ans environ attendait le chef du centre social de ce lycée. "J'ai ma fille drépanocytaire et entre ses médicaments et ses frais de scolarité, c'est difficile. C'est pour cette raison que je voudrais voir la chargée des affaires sociales pour qu'on trouve une solution à ce problème", confie-t-elle. Elle précise en effet que son inquiétude tient de ce que, le plus souvent, les chefs d'établissements scolaires ne comprennent pas toujours que les parents ne puissent pas s'acquitter des frais de scolarité de leurs enfants, aussi minimes soient-ils. "C'est dur car, les médicaments coûtent déjà assez chers. Si on me demande de laisser ces 10.000Fcfa c'est déjà quelque chose de bien", poursuit-elle.
Pour remédier à ce type de situation, les ministres des Enseignements secondaires (Minesec) et des Affaires sociales (Minas) ont signé, le 02 août dernier, une lettre circulaire relative à l'admission des enfants handicapés et de ceux nés des parents handicapés indigents dans les établissements publics d'enseignement secondaire. Dans cette correspondance, les ministres Bapès Bapès et Bakang Mbock ont prescrit à leurs délégués provinciaux et départementaux, aux chefs d'établissements publics d'enseignement secondaire et aux chefs des centres sociaux, d'exempter les élèves handicapés et autres enfants de parents handicapés des frais exigibles selon la lettre circulaire du 13 janvier 1986. Par ailleurs, les élèves concernés par cette décision sont également dispensés de payer les frais de l'Association des parents d'élèves (Ape).
Cette décision, bien qu'elle soit présentée avec enthousiasme par les responsables du ministère des Affaires sociales (Minas), est accueillie avec scepticisme par les parents. Jules Ondoa, commerçant au marché central de Yaoundé et parent d'une jeune fille de 14 ans, handicapée moteur, s'explique: "Ma fille a sa carte d'handicapée. Ce qui signifie qu'au niveau du ministère des Affaires sociales, elle est reconnue comme étant quelqu'un qui a un problème et a besoin d'être assisté. On nous dit que sa scolarité devait être gratuite mais ça n'a jamais été le cas. Qu'est-ce qui nous dit que cette fois-ci, on respectera cette disposition?". A côté, Noé Edima, parent d'enfant handicapé également se plaint de la "légèreté des décisions prises. Le plus important n'est pas de dire qu'on ne doit pas payer la scolarité. Il faut pouvoir donner la même éducation à tous. Les infrastructures ne sont pas adaptées et les professeurs ne sont pas formés pour des enfants avec des handicaps. Voilà le vrai problème qu'il faut pouvoir régler. Mon enfant ne peut pas se mouvoir librement dans son établissement. Ça le rend renfermé!"
Suivi
Rodolphe Soh, directeur de la protection sociale des personnes handicapées et des personnes âgées au Minas se veut rassurant: "Le problème survient lorsque ce sont les parents qui, de façon individuelle vont se présenter auprès des responsables d'établissements. Désormais, ce sont les responsables des centres sociaux des localités où sont basés les établissements qui s'occuperont de déposer les dossiers dans les établissements. Dorénavant, contrairement, à ce qui se passait par le passé, les chefs d'établissements ne peuvent plus décider tous seuls de ne pas prendre des élèves. Ils ont une obligation de compte rendu et de motivation de leur décision en cas de refus", explique-t-il. Côté financement, la contribution du Minesec consiste en la suppression de ces frais (7.000Fcfa de scolarité et 2500Fcfa pour l'Ape) tandis que le Minas prendra en charge les frais de composition des élèves en classe d'examen. Au cours de l’année scolaire écoulée, c’est environ 300 élèves, selon des responsables du Minas, qui ont bénéficié de cette aide à travers le pays.
Par ailleurs, au Minas, les types de handicaps sont clairement déterminés. Ainsi, à la direction de la protection des personnes handicapées, on définit comme étant handicapée "toute personne dans l'incapacité d'assurer par elle-même tout ou partie des nécessités d'une vie individuelle ou sociale normale, du fait d'une déficience physique, mentale congénitale ou non." Parmi ces handicaps, on retrouve entre autre, les amputés moteurs et amputés, les handicapés sensoriels (sourds et muets, aveugles et malvoyants), les handicapés mentaux (épileptiques, autistes...), les polyhandicapés et les malades chroniques (hypertension artérielle, drépanocytose, Sida, cancer, diabétique). Pour déterminer l'indigence des parents, des enquêtes approfondies, menées par les services du Minas seront ouvertes.
Source : Quotidien Mutations
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