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France : un tuteur malgré l'indépendance
(06/08/2006)
1960. Cette année s'est inscrite dans l'histoire de l'Afrique comme celle des indépendances. Les anciennes colonies accèdent à la souveraineté internationale.
Par Jean Baptiste Ketchateng

1960. Cette année s'est inscrite dans l'histoire de l'Afrique comme celle des indépendances. A la queue leu leu, les anciennes colonies françaises et anglaises, principalement, accèdent à la souveraineté internationale. Le Cameroun est au premier rang de ce bal. C'est le 1er janvier 1960 que le pays sous tutelle française, selon le voeu des Nations unies dès la fin du mandat reçu de la Sdn après la première guerre mondiale, devient indépendant. C'est que l'ancien protectorat allemand est le seul territoire d'Afrique noire où le colon français doit faire face à une armée indépendantiste. Paris souhaite alors passer rapidement les commandes aux Camerounais.

C'est Ahmadou Ahidjo et l'Union camerounaise qui héritent du pouvoir colonial sous la bienveillante attention de la France et au grand dam de l'Union des populations du Cameroun (Upc), première organisation nationaliste à réclamer l'indépendance, mais qui ne parviendra pas à l'obtenir : elle sera interdite et réprimée dès 1955. Depuis lors, Paris veille sur son ancienne colonie et considère toujours le Cameroun comme un pays de " l'Afrique centrale [qui] jouit d'une position stratégique et d'une grande influence " dans cette région. Dixit Brigitte Girardin, ministre français de la Coopération. D'où l'intérêt pour la France, qui veut jouer dans la cour des grands, de maintenir des relations privilégiées qui datent de 1960 au moins.

En effet, après avoir éliminé l'Upc et le " péril communiste " de la course au pouvoir, la France est restée aux côtés du jeune gouvernement d'Ahidjo pour combattre les forces armées de ce parti en lutte contre le nouveau régime de Yaoundé. Une fois l'Upc militairement vaincue par l'exécution d'Ernset Ouandié en janvier 1971, Paris et Yaoundé entament un cycle de relations apaisées sur le plan politique, économique, culturel, etc. En témoignent les accords de défense dont l'on notera que l'un des plus anciens, la convention sur le rôle de l'armée française au Cameroun, a été signé le 31 décembre 1959, le même jour que la reconnaissance d'indépendance, un an avant l'accord de défense.

Plus généralement, le Cameroun s'aligne sur les positions françaises aux Nations unies et dans diverses assemblées internationales. Même si, il faut le relever, Ahmadou Ahidjo ne facilite pas la tâche aux sécessionistes biafrais, soutenus par d'autres pouvoirs pro-français comme la Côte d'Ivoire. Par contre le Cameroun adhère à la zone franc, espace économique africain contrôlé par le Trésor français. L'économie, les finances publiques et la politique monétaire sont encadrées par un autre accord calqué sur le mode de fonctionnement français. Idem pour le système éducatif, etc. Toutes choses qui ont préparé et maintenu la France au premier rang des investisseurs et donc des bénéficiaires (Voir article Serge Alain Godong P.8) de l'activité économique camerounaise et bien au-delà.

Elf

De fait, durant les grands moments de crise intérieure au Cameroun, le rôle et la position français ont souvent influencé la solution. Si certains analystes estiment que la succession tumultueuse d'Ahmadou Ahidjo par Paul Biya en 1982 a refroidi l'axe Paris-Yaoundé, l'on remarquera que contrairement au Gabon voisin par exemple, la France n'a pas fait jouer ses accords de défense pour le président en exercice. Et même que Alfred Sirven, la défunte éminence grise d'Elf en Afrique, estimait que " Biya a pris le pouvoir avec le soutien " de cette compagnie pétrolière française. Pareillement, lorsque le Nigeria envahit militairement Bakassi en 1994, Paris ne bougera pas. Et si à Yaoundé on se félicite du soutien diplomatique français dans ce dossier, cela semble donner raison à ceux qui pensent qu'au Cameroun, la France agit plutôt dans l'ombre.

L'un des soutiens présumés de l'ancienne puissance coloniale au régime en place à Yaoundé aura ainsi été la corruption des leaders de l'opposition camerounaise, pour casser le mouvement de contestation socio-politique des années 1990. (Voir Mutations, mercredi 26 mars 2003). Ou plus récemment, l'intervention de Paris en faveur de l'examen favorable du dossier camerounais par les conseils d'administration du Fmi et de la Banque mondiale, le 27 avril dernier à Washington. S'en sont suivis le franchissement de l'initiative Ppte du Fmi et la cascade d'annulations de dettes, dont celles du Cameroun vis-à-vis de la France, qui vont d'ailleurs financer le contrat désendettement développement au sujet duquel les entreprises hexagonales sont en pole position pour remporter les marchés de construction d'infratsructures urbaines, entre autres.


Source : Quotidien Mutations








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