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Jusqu'où peuvent aller les motos taxis ?
(04/08/2006)
Le soulèvement des bend skin mercredi dernier pose à nouveau le problème de leur circulation et la sécurité routière dans le périmètre urbain.
Par Dorine Ekwè

Terminus Mimboman à Yaoundé. Alors que, d'un côté, les chauffeurs de vieilles automobiles crient leurs destinations aux éventuels passagers de l'autre, les conducteurs de motos-taxis, juchés sur leurs engins, attrapent le premier piéton qui vient à passer par-là. "C'est notre façon de travailler sinon, on ne s'en sort pas. Je préfère que la personne me dise qu'elle ne part pas au lieu de la laisser et me rendre compte qu'elle va se faire embarquer par un concurrent", explique Anatole, conducteur de moto-taxi dont les vêtements sont pleins de poussière avant de démarrer en trombe.

Ici, comme dans la plupart des carrefours pris d'assaut par les conducteurs de moto-taxis, il est difficile de se frayer un chemin. Certains chauffeurs dont les engins n'ont pas phare se servent de leurs mains comme clignotants! "C'est infernal, surtout quand vous arrivez là aux environs de 18h, lorsque tout le monde revient du bureau et essaie d'emprunter un moyen de transport pour se rendre chez lui", confie Louis, qui habite du côté de la chapelle Mimboman. "Ils dérangent mais, il faut reconnaître que nous avons grand besoin d'eux. Il faut juste les canaliser. C'est plus pratique et plus rapide que les voitures qui doivent d'abord faire le plein avec cinq personnes à bord avant de démarrer. En empruntant une moto, tu t'en vas directement", continue-t-il.

Pour les conducteurs de ces engins, le service qu'ils rendent aux populations doit être pris "avec plus de considération. Nous aidons les gens qui habitent dans les zones reculées à se déplacer. Il faut venir en période de pluies ici. C'est difficile de circuler, même en voiture. C'est nous qui permettons aux gens de sortir de chez eux et venir sur la grande route sans problèmes", explique Jules Onana, conducteur de moto-taxi à Mimboman. Pour cette raison, il dit comprendre la réaction de ses collègues qui, mercredi dernier, ont manifesté à la fourrière municipale de Yaoundé pour protester contre ce qu’ils considèrent comme les "abus" de la police municipale à Biyem-assi. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dit-il, une délégation de moto-taxi du lieu dit Terminus Mimboman à Yaoundé est allée les représenter à la rencontre organisée hier, jeudi 3 août, par le délégué du gouvernement auprès de la Commune urbaine de Yaoundé (Cuy), Gilbert Tsimi Evouna, à 10h.

Permis

A l'hôtel de Ville de Yaoundé, lieu de ce rendez-vous, les motos-taxis ont de la peine à garder leur sang froid face à la détermination du délégué, qui, loin de revenir sur les actions de la police municipale, les a juste mis en garde contre une éventuelle récidive. Pour Gilbert Tsimi Evouna, il est strictement interdit aux motos-taxis de se retrouver en plein périmètre urbain. Le moto-taximan qui enfreindra cette règle verra son engin confisqué à la fourrière et devra payer une amende allant de 30.000 Fcfa à 50.000 Fcfa. Une contravention dissuasive, en fait, puisque "C'est pour décourager les contrevenants", explique le délégué du gouvernement qui, pour l’occasion à demander que les véhicules confisqués mercredi dernier soient exceptionnellement remis à leurs propriétaires après avoir payé 10.000Fcfa.

Les explications du délégué ne semblent pourtant pas désappointer les conducteurs. "Si nous ne venons pas jusqu'en ville, nous ne pourrons jamais avoir les 3.000 Fcfa que nous demandent les patrons chaque fin de journée. En périphérie, c'est dur. Et c'est pour cette raison que, lorsqu'un client vient nous voir et nous demande de le laisser devant un ministère ou dans un autre bureau, nous acceptons. Dans les quartiers, c'est difficile de collecter les 100 Fcfa que les gens nous donnent. En plus, il n'y a pas beaucoup de clients alors que les chauffeurs sont nombreux. Voyez vous même", raconte un "bend-skineur" (nom vulgaire des moto-taximen).

A la Cuy, ce plaidoyer n'émeut guère. "Si on commence à les laisser venir en ville, on va se retrouver dans la situation où, tout le monde aura un client à déposer et ils viendront s'installer aux abords des ministères", confie un agent de la police municipale. Le même avis est partagé par les responsables du ministère des Transports. A la direction des Transports terrestres en effet, on dit être débordé par le problème que pose l'indiscipline des moto-taxis à travers le pays. Dans ces bureaux, on brandit le décret du 16 novembre 1995 fixant les conditions et modalités d'exploitation des motocycles à titre onéreux. Lequel stipule que : "L'exploitation des motos-taxis est subordonnée à l'obtention d'une licence spéciale de transport de catégorie "spécial moto-taxi", d'une carte de transporteur routier et à l'inscription au registre des transporteurs par moto-taxi".

Des conditions que, pour la plupart, les conducteurs avouent ne même pas connaître ! "La moto coûte entre 350.000 Fcfa et 500.000 Fcfa. Vous voyez bien qu'avec les tracasseries ça va être très compliqué d'entrer en possession de toutes ces pièces. Nous essayons juste de nous débrouiller et il faut que les gens nous comprennent", plaide Ignace, moto-taximan basé à la chapelle Obili à Yaoundé. Malheureusement, le jeune homme d'environ 26 ans, emmitouflé malgré la chaleur dans un énorme blouson marron de poussière, reconnaît que, pour la plupart, ils ne remplissent pas les conditions d'exploitation citées aux articles 9 et 10 du décret du 16 novembre 1995, où il est, par exemple, demandé d'être titulaire d'un permis de conduire de catégorie "A" pour être exploitant de motocycle. En ce qui concerne le port obligatoire du casque (tant pour le conducteur que pour les passagers), la peinture jaune, le trousseau de dépannage ou encore le simple rétroviseur, les motos-taximen semblent pourtant manquer d’arguments pour expliquer pourquoi ils s’obstinent à demeurer en marge de la loi.


Source : Quotidien Mutations






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