"Un événement d’abord littéraire puis cinématographique vient de faire date. Il s’agit de la publication d’un roman par Dan Brown intitulé Dan Vinci code suivi par sa version cinématographique.
Les médias se sont emparés de ces deux réalisations dans l’intention de prolonger auprès du public l’écho des nouvelles données sur la vie de notre Seigneur Jésus-Christ. Notre pays, le Cameroun a, lui aussi, été touché par ces deux événements.
Certaines gens, y compris des universitaires parfois encombrés par des connaissances ésotériques pleines d’amalgames, prennent ce livre très au sérieux, ainsi que la réalisation cinématographique. Beaucoup pensent que l’Eglise leur a caché quelque chose sur la vie de Jésus-Christ. Heureusement, ces deux parutions n’ont pas été suivies par des actes de violence généralisée.
Da Vinci Code n’est pas le premier événement de la sorte. Il y a déjà eu un film par Scorcese, ancien séminariste et réalisateur. Le film s’intitule " La Dernière Tentation du Christ ". Le roman de Dan Brown insinue que Leonardo de Vinci a laissé un code, c’est-à-dire des éléments d’interprétation permettant de déchiffrer certains points de l’Evangile à propos de Jésus.
Posséder ces clés de lecture pourrait donc favoriser la compréhension d’un certain nombre de choses cachées dans la biographie de Jésus.
Quelles sont ces choses ?
On allègue que Jésus serait tombé amoureux de Marie de Magdala, l’aurait épousé et aurait eu une progéniture avec elle. Cette vision de la vie de Notre Seigneur inconnue des témoignages des Evangélistes a sa source dans les écrits apocryphes très favorisants pendant les premiers siècles de notre Eglise.
On allègue aussi que la même Marie de Magdala était présente à la dernière cène et reposait sur la poitrine du Christ, que ce n’était pas Saint Jean.
Bien sûr, de telles allégations ne peuvent que blesser les chrétiens tout comme elles offenseraient toute personne au fait de l’historicité de la vie de Notre Seigneur.
Qui est donc Jésus-Christ ?
Jésus a vécu en Palestine, surtout en Galilée, à Capharnaüm et également à Jérusalem. Selon les historiens, il aurait reçu le baptême des mains de St Jean, le 1er octobre de l’an 27 ou en août 28 et serait mort le 7 avril ou le 30 avril 33. sa naissance est située à Bethléem autour de l’an 7 ou 6.
Selon les évangélistes, il a vécu à Nazareth dans la maison de son père adoptif, Joseph qui était charpentier et, probablement, lui aussi a exercé le même métier avant de s’engager dans son ministère public comme prédicateur de la Bonne Nouvelle. Sa prédication était une nouveauté par rapport au message traditionnel des Juifs. Les pauvres étaient ses privilégiés. Son message a rencontré l’incompréhension de la part des chefs religieux et du pouvoir politique. Cette opposition l’a amené à quitter la Galilée et aller à Jérusalem où il a été condamné à mort et crucifié.
Le jour après le Sabbat juif, ses disciples affirment que sa tombe scellée et gardée par les soldats a été découverte vide, et ont alors répandu la nouvelle que Jésus est ressuscité et leur est apparu. Cette résurrection l’asseoit donc, une fois pour toutes, comme leur Seigneur et leur Dieu. Jésus devient définitivement Jésus-Christ, Jésus étant son nom de personne, et Christ le titre de sa fonction. Mais lui-même était très conscient de qui il est, il savait qu’il est le Seigneur, bien qu’il n’ait pas voulu que ses disciples le révèlent avant le temps (Mt16, 15 et suivant par exemple).
Pour ses disciples, Jésus est à la fois Christ, celui qui accomplit les Ecritures, tout ce qui avait été prédit ; il est l’Emmanuel (Is.7,14 ;8,8 ;Mt.1,23). Le nom de Jésus-Christ a été la profession de foi des premiers chrétiens que : " Si tu déclares avec ta bouche que Jésus est le Seigneur et si tu crois avec ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé " (Rm10, 9) ; voir aussi (Ph 2,10…).
Le Credo de l’Eglise est fondé sur cette conviction : Jésus-Christ est Seigneur.
La relation que la tradition nous a transmise n’a jamais rien allégué sur la vie sexuelle de Jésus qui puisse induire à quelques confusions que ce soit. Certes, il avait des amies hommes et femmes. A Béthanie par exemple, il était l’ami de la famille de Lazare, Marthe et Marie. Le groupe des intimes qui l’accompagnait partout était composé de Pierre, Jacques et Jean. Il y a aussi un disciple dont il est dit que Jésus aimait. Nous n’oublions pas le groupe de femmes qui l’assistaient : Marie Madeleine, Marie mère de Jacques le petit José, Salomé, Jeanne… (Mc 15-40 ; Mt 27, 55-61 ; Lc 23,49-56 ; Jn 18, 38-42).
Ses liens avec les femmes étaient très sains et ne laissent de plaie à aucune ambiguïté. Ces disciples étaient même étonnés de le voir parler avec une femme (Jn. 4,27). Ceci signifie que ce n’était pas une habitude. Mais il semble y avoir une littérature obsessionnelle en ce qui concerne la relation de Jésus avec Marie de Magdala, ces derniers temps.
Qui était Marie de Magdala ?
Elle était une ancienne possédée que Jésus avait délivrée de sept esprits mauvais ; elle était présente à la mort et la mise au tombeau du Christ. Elle est la première personne à constater que le tombeau était vide, et à rencontrer le Christ ressuscité. Il ne faut pas la confondre avec Marie de Béthanie, une des sœurs de Lazare, ou avec Marie mère de Jacques (Lc 10, 38,41 ; Jn 11, 1,39) ou avec Marie la Pécheresse (Mt 27, 56).
Y a-t-il quelque chose de mauvais que quelqu’un s’attache à celui qui lui fait du bien ? Marie de Magdala savait que Jésus l’avait délivrée de l’humiliation, de la possession. Qui ne serait pas reconnaissant ? Qui ne montrerait pas la gratitude ? Jésus lui aussi apprécie cette courtoisie : " N’avez-vous pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils " demande-t-il au lépreux qui était venu le remercier.
La perception sexualiste est devenue de nos jours une obsession, surtout en occident. Il y a un intérêt grandissant dans la vie sexuelle de Notre Seigneur manifestée par les universitaires, les hommes de culture, les étudiants et beaucoup de gens. Quoi qu’il en soit, on pourrait toujours tenir ces quelques observations en compte :
1- Le Da Vinci Code n’apporte rien de neuf dans la connaissance de notre Seigneur. Le présent code est une légende, une histoire véhiculée par des écrits apocryphes.
2- Le Da Vinci Code relève de l’imaginaire d’un cinéaste en mal de sensation. Cet imaginaire n’a rien à voir avec le témoignage des Evangiles, encore moins avec la Sainte vérité qui nous y est révélée.
Le Da Vinci Code est une vaste entreprise portée et véhiculée par la puissance du cinéma, des entreprises de médias qui utilisent des moyens financiers faramineux.
3- Le Da Vinci Code, roman ou film, est un business pour la gloire et l’argent. Un business qui puise dans une publicité mensongère, honteuse et abjecte.
4- Les évangélistes n’ont pas écrit pour répondre à des obsédés sexuels qui projetteraient sur le Christ leurs ignobles instincts sexuels. Les évangélistes n’ont pas voulu préparer un matériau aux romanciers et aux faiseurs de films. Ils ont dit ce qu’ils ont vu en toute naïveté, en toute sincérité. Toute autre exploitation psycho-analytique par des experts aujourd’hui ne peut pas détruire la véracité du témoignage des témoins oculaires.
5- Léonard De Vinci était un grand homme mais pas un évangéliste. Ce peintre et savant italien, nous a aussi laissé entre autres œuvres célèbres, un portrait de Mona Lisa Giocondo, dite Joconde.
Ce fut donc sans doute un grand personnage à l’esprit universel. Toutefois, ce serait une extrapolation que d’essayer de trouver dans ses écrits (Larousse Vol. 4), les clés de lecture des Saintes Ecritures.
6- Le cinéma ou la littérature ne sont pas souvent des histoires réelles, mais la fiction. Qui dit : " C’est vrai, je l’ai vu au cinéma. " fait preuve d’une crédulité navrante. Un film est une présentation virtuelle ou sélective. Le cinéma est un théâtre et ceux qui y jouent sont des acteurs. Ce n’est donc pas dans un film à sensation qu’il faut aller chercher la vérité sur les Evangiles.
7- Jusqu’ici, les témoignages les plus larges sur Jésus-Christ se trouvent dans les Evangiles. Tout autre témoignage ne peut être que pour soutenir ou détruire.
8- D’habitude, tout ce qui va contre les thèses traditionnelles est attractif.
En conclusion, qu’il nous soit permis de vous faire découvrir deux textes majeurs du Magistère de l’Eglise.
9- On peut dire avec Mgr D. Le Tourneau, que " le roman et le film Da Vinci Code ne révèlent rien de nouveau mais créent de toutes pièces un mythe semblable à tant d’autres inventés par le passé. Plus précisément, il nous ressert tous les vieux mythes, en les fondant en un tout encore plus fantaisiste. " (extrait du site http://www.dvdoc.org)
En conclusion, qu’il nous soit permis de vous faire découvrir deux textes majeurs du Magistère de l’Eglise.
Le premier est un passage de l’homélie du Pape Paul VI à Manille le 29 novembre 1970 :
" Je dois proclamer son nom : Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. C’est lui qui nous a révélé le Dieu visible, c’est lui qui est le premier-né de toute créature ; c’est en lui que tout subsiste. Il est le maître de l’humanité et son rédempteur ; il est né, il est mort, il est ressuscité pour nous ".
Le deuxième est une affirmation de Joseph Card. Ratzinger, alors préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, dans Déclaration Dominus Jesus n° 10 :
" On doit en effet croire fermement la doctrine de foi qui proclame que Jésus de Nazareth, fils de Marie, et seulement lui, est le Fils et le Verbe du Père. Le Verbe, qui au commencement (…) était auprès de Dieu (Jn 1,2) est celui qui s’est fait chair (Jn 1,14). En Jésus le Christ, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16), habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2,9). Il est le Fils Unique-Engendré, qui est dans le sein du Père (Jn 1,18), son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption (…) Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix (Col 1,13-14. 19-20) ".
L’Archevêque de Yaoundé Mgr Victor Tonye Bakot
Source : Cameroon Tribune
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