Depuis le démarrage, il y a environ deux semaines, des épreuves de la session 2006 du baccalauréat, un calme studieux règne au lycée de Tsinga à Yaoundé, l’un des plus grands centres d’examen retenu par le ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Dans les salles de classe dont l’entrée est proscrite à tout visiteur, les examinateurs sont à l’œuvre. Ici et là, on se plie en quatre pour pouvoir respecter les délais de délibération. Une ambiance apparemment sereine, qui a pourtant connues quelques perturbations quelques jours plus tôt.
Dans la salle de correction de l’épreuve de langue française, un constat pour le moins surprenant a, en effet, été fait par les enseignants. Le corrigé de l’épreuve fourni par les inspecteurs pédagogiques du Minesec, ont-il remarqué, comportait des "erreurs" sur deux points au moins. Le hic, c’est qu’une bonne partie des copies avait déjà été corrigée, avant que le dégât ne soit découvert, sur la base du document partiellement erroné. Dès lors, les examinateurs avaient le choix entre reprendre les corrections sur les deux points incriminés, ou accorder tout simplement les points aux candidats.
Au centre du lycée de Tsinga, on a choisi la première option. Les examinateurs s’y sont donc mis de nouveau, pour mieux évaluer les candidats de façon équitable. Selon Séraphin Ndi, chef de mission du Minesec dans ce centre d’examen, "On ne pouvait pas se permettre de pénaliser les candidats. Au contraire, l’erreur de l’examinateur devrait plutôt profiter à l’examiné. Heureusement, ce problème a pu être rattrapé à temps. Vendredi dernier, nous avons apporté un additif au premier corrigé, question de rappeler certains angles de réflexion que ce dernier n’avait pas intégrés. Et les corrections ont été reprises en tenant compte des erreurs…"
Cet épisode clos, la question demeure cependant entière : comment le corrigé d’une épreuve d’un examen aussi sérieux que le baccalauréat a-t-il pu contenir des "anomalies" ? Certains enseignants rencontrés dans les sous-centres rejettent l’entière responsabilité aux inspecteurs pédagogiques qui, soutiennent-ils, sont généralement "des personnes à la compétence douteuse, qui ont bénéficié de passe-droits pour accéder au poste". D’autres éducateurs, plus modérés dans leurs propos, estiment que "l’erreur est humaine", et que "on aurait pu éviter un double travail aux correcteurs si les chefs de salles de français avaient pris la peine de bien relire le corrigé avant de se mettre au travail". Du côté du Minesec, on n’est pas plus disert sur cet incident. Dans les autres centres d’examen, les responsables approchés disent être plutôt préoccupés par les délibérations, qui pourraient débuter d’ici le début de la semaine prochaine.
Source : Mutations
|
