Le coupé décalé...Camerounais...
Pour annoncer la sortie officielle de son nouvel album (intitulé "Eto’o"), prévue pour le début de la semaine prochaine, le musicien Parol Sosthène a organisé une conférence de presse vendredi, 30 juin dernier, à Yaoundé. Cette rencontre avec les médias a été l’occasion pour François Bingono Bingono, homme de culture, de fustiger, une fois d plus, l’adoption des rythmes étrangers par les musiciens camerounais, au détriment du Makossa, Bikutsi, Assiko, etc. C’était à travers un bref exposé sous le thème : "La musique africaine à l’heure de la mondialisation". Et au cours duquel François Bingono Bingono, comme il en a désormais l’habitude, a raconté un conte : l’histoire des animaux de la forêt, qui avaient été conviés à un congrès au bord de la mer.
Les grimpeurs, les nageurs, les reptiles, etc. s’y sont tous rendus. Au terme de ces assises, les grimpeurs ont appris qu’il y avait un autre moyen de locomotion qui consistait à ramper; les reptiles, eux, ont également su qu’on pouvait se déplacer en nageant, etc. Mais, à la fin, chacun a conservé son moyen de locomotion originel. C’est dire que, a conclu François Bingono Bingono, "la mondialisation n’est pas une fusion de toutes les cultures du monde en une seule, mais plutôt une juxtaposition harmonieuse, je dirais, des cultures hétérogènes". Une manière de plaidoyer pour un retour aux sources adressé aux musiciens camerounais, qui, a rappelé un journaliste, n’ont pas pu résister à la déferlante du "Coupé décalé", ce rythme ivoirien désormais repris dans nombre d’albums du terroir.
Eto’o Fils
Faux, a rétorqué Parol Sosthène. "Je suis désolé! Ce qu’on appelle aujourd’hui ’’Coupé décalé’’ n’est autre que le Makossa, que les Ivoiriens ont débarrassé de tout son brouillard". Et de poursuivre, debout devant l’assistance : "Je vais vous faire une démonstration". L’auteur de "Fais mois mal" se lève, ajuste son pantalon blanc, et mime l’unique et célèbre pas de danse de Ben Decca. "Vous voyez, même la manière de danser le ’’Coupé décalé’’ rappelle la danse de Ben Decca, à laquelle on a simplement ajouté le jeu des mains. Donc, les Camerounais aiment le ’’Coupé décalé’’ parce que c’est un rythme qu’il ont en eux depuis longtemps".
Une mise au point à la suite de laquelle Parol Sosthène a longuement parlé de son nouvel opus de 13 titres entièrement enregistré dans son propre studio à Douala, et qui s’intitule "Eto’o". Une chanson dans laquelle l’artiste rend hommage, dit-il, à tous ces compatriotes qui "se battent pour le Cameroun. On n’a pas assez d’argent pour leur construire des boulevards. Mais, on peut au moins chanter pour eux"."Eto’o n’est-il pas devenu un fonds de commerce pour les artistes camerounais?" interroge un journaliste.
Silence de l’artiste, qui répond ensuite : "Cet album m’a coûté 7 millions Fcfa. J’aurais pu acheter un taxi, mais j’ai décidé de les investir dans un album. Cela dit, si je vois un paquet qui vient d’Eto’o Fils, je n’hésiterais pas. Puisque je dois payer ma maison, continuer à entretenir mon image d’artiste, etc. Si le public ne peut pas me donner tout cela, et qu’Eto’o me le donne, ça ne sera pas mal venu. Connaissez-vous des gens qui accepteraient de passer à côté du diamant?"
Source : Mutations
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