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L’esclavage selon Nicolas Sarkozy
(22/05/2006)
L'histoire raconte qu’en ces temps immémoriaux, avant la découverte des Amériques, les Portugais furent les premiers européens à importer des esclaves pour la main d’œuvre agricole qui leur manquait.
Par Alain B. Batongué
La technique utilisée par les Portugais pour acquérir des esclaves consistait à attaquer par surprise des villages dont les habitants étaient conduits au Portugal. Les Portugais qui inauguraient cette pratique en 1444, importaient entre 700 et 800 esclaves par an. Ces esclaves provenaient des comptoirs commerciaux et des forts établis sur la côte africaine,
Avec pour principales caractéristiques : être en bonne santé et en état de travailler. Les esclavagistes ne manquaient d’ailleurs pas de tâter la robustesse de l’esclave avant de le conduire au bateau.



Point n’est besoin de revenir sur les conditions de déportation de ces esclaves dont plusieurs ne survécurent ni aux conditions de leur conduite vers les nouvelles terres, ni aux conditions de travail. Durant la traversée qui durait plusieurs mois, les esclaves étaient enchaînés au-dessous du pont toute la journée et toute la nuit à part de brèves périodes d’exercice. Ils étaient entassés dans la saleté, la puanteur et la mort. Sur place, ces esclaves, surtout les femmes, étaient exposées en permanence au viol par leurs propriétaires et les familles étaient souvent disséminées, leurs membres étant vendus dans des plantations séparées. Les mauvais traitements comme la mutilation, les brûlures, l'enchaînement ou le meurtre, en théorie interdits par la loi, n'étaient pas choses rares. Et l’on estime que du XVIIème au XIXème siècle, de 15 à 30 millions d'Africains ont été déportés dans le Nouveau Monde par les Européens.

Mais pourquoi revenir aujourd’hui sur cette sombre histoire du continent noir qui n’a jamais connu réparation ? C’est parce que, en début de semaine dernière, le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, numéro 2 du gouvernement français, a fait adopter sans coup férir par l’Assemblée Nationale française une nouvelle loi sur l’immigration. Une loi qui rend plus compliquée l’immigration des Africains vers la France. Et qui ramène, par la notion d’immigration " choisie " et non " subie ", tous les ingrédients, en plus moderne et plus sophistiqué, de la Traite des Noirs.
Les esclavagistes testaient les muscles et la bonne santé des Noirs ? Les collaborateurs de Nicolas Sarkozy regarderont de près le Cv et privilégieront tel ou tel venant d’Afrique, en fonction de la demande du moment et des intérêts directs de son pays, à qui " personne ne doit contester le droit de choisir qui vient travailler chez nous ".

Ce que résumait d’ailleurs un homme politique français, pourtant classé à droite : " Du temps des grands bourgeois, ils vérifiaient la musculation et la dentition. M Sarkozy propose de vérifier les neurones. Mais ce qui est choquant, c’est qu’on va attirer en France des cerveaux dont la formation a été payée par les pays d’origine. On est en train de piller les forces vives de ces pays ".
Et de fait, ce que propose la loi Sarkozy, c’est " une carte de séjour pour les talents étrangers, des migrants hautement qualifiés, scientifiques, informaticiens, artistes ou personnes ayant une compétence rare, pour contribuer au dynamisme économique de notre pays ".

A Bamako au Mali comme à Cotonou au Bénin, les Africains ont réservé un accueil inamical au ministre français de l’Intérieur, candidat déclaré à la présidence de la République française. Mais au fond, pourquoi se cacher derrière l’hypocrisie ambiante ? Pourquoi ne pas s’informer de ce que, sans doute par opportunité politique, Sarkozy met simplement un peu plus vite en application des mesures prises lors d’un récent sommet du G7, le groupe des 7 pays les plus riches du monde, qui souhaitent désormais garder à distance raisonnable cette horde d’Africains, venant des pays les plus pauvres de la planète, mais plus exactement des pays les plus appauvris ?

Pourquoi s’en prendre à Nicolas Sarkozy dont le projet épouse, au-delà des mouvements d’humeurs de quelques activistes, la grande majorité de l’opinion publique française, traduite par ce vote des députés (émanation du peuple) dans une Assemblée où même les socialistes ont voté pour ? Qu’ont fait les dirigeants africains devant cet état de choses ? Rien pour inverser la tendance. Au contraire, d’éternelles génuflexions pour implorer qui une remise de dette, qui un nouveau prêt destiné plus à enrichir un peu plus une élite administrativo-politique qu’à lutter contre la pauvreté des deux tiers de la population.

C’est sans doute un clin d’œil de l’histoire, que cette nouvelle loi Sarkozy, qui ramène un esclavage des temps modernes, ait été adoptée alors qu’au Cameroun, on célébrait encore, avec force youyous, les " effets bénéfiques de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte ", avec, entre autres, l’application prochaine des contrats de désendettement et développement… pilotés par la France.
Dans cette lointaine époque comme aujourd’hui, la politique des colons a toujours été menée avec l'appui des chefs locaux des royaumes africains. L’histoire se conjugue au présent et prépare inexorablement le futur.

Source: Quotidien Mutations


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