La conférence de presse a été donnée à Yaoundé par l’ambassadeur de France au Cameroun, Jean-François Valette, le directeur de l’Agence française de développement (AFD) à Yaoundé, Pascal Collange, et le chef du service de coopération et d’action culturelle, Claude Fandre. La procédure de mise en œuvre des contrats désendettement développement (C2D) après l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement de l’initiative PPTE était au cœur de l’échange avec les journalistes.
Plus concrètement, il s’agissait, comme l’a dit d’entrée de jeu l’ambassadeur, de décrire en détail ce que va devenir l’aide française au Cameroun suite à cette atteinte du point d’achèvement. Une aide qui, affirme l’ambassadeur, reste la première au Cameroun par son montant et par la diversité des projets auxquels elle s’applique. Il a révélé qu’avec le point d’achèvement, ce sont 100 millions d’euros supplémentaires qui vont être injectés chaque année par la France au Cameroun.
L’ambassadeur de France a insisté sur le fait que les textes qui vont être le socle de la coopération avec le Cameroun au cours des prochaines années ne sont pas encore finalisés. Ces textes ont fait l’objet de négociations depuis six mois avec le gouvernement camerounais, et portent sur les différents aspects de la coopération, les montants en jeu, et la manière de les gérer. Le diplomate français a dit qu’il espère que ces textes seront signés au courant du mois de juin 2006.
Parlant du dispositif de la coopération française à partir de l’atteinte par le Cameroun du point d’achèvement, Jean-François Valette a déclaré qu’il sera bâti sur un document appelé Document cadre de partenariat (DCP). La coopération concernera plusieurs secteurs : la gouvernance financière, l’économie, le secteur privé, le développement des infrastructures de base, l’intégration régionale, l’éducation de base, la santé, et le secteur institutionnel.
Dans les détails, les projets concerneront l’agriculture, la sécurité alimentaire, les pistes rurales, les routes, l’assainissement urbain, l’eau, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, la lutte contre le SIDA, la jeunesse, etc.
" Nous passons ainsi au Cameroun de 100 millions à 200 millions d’euros par an (environ 130 milliards de F CFA) ", a souligné l’ambassadeur, avant d’ajouter qu’en soi, le point d’achèvement a un impact direct sur les finances publiques du Cameroun , avec 140 à 150 milliards de F CFA en plus par an dans le budget de l’Etat, mais il ne pourra pas avoir un impact macro-économique significatif si deux conditions ne sont pas réunies : la bonne gestion des finances publiques et la confiance du secteur privé, car deux milliards d’euros environ d’investissements privés sont en attente et pourront être investis très rapidement au Cameroun sous réserve de la confiance des entreprises.
Cogestion
Dès que le DCP va être signé, un mécanisme de gestion commune des enveloppes de l’aide française va être mis en place. Ces aides seront constituées des subventions du Trésor français versées dans un compte à la BEAC, pour un montant estimé à environ 70 milliards de F CFA par an. Cet argent sera décaissé au fur et à mesure de l’exécution des projets sur le terrain, avec une double signature française et camerounaise.
Les fonds seront donc cogérés par la France et le gouvernement camerounais, dans un comité bilatéral au niveau politique et technique. Des représentants de la société civile et des parlementaires seront associés à ce comité. Le suivi des décaissements sera contrôlé par des commissions d’appels d’offres organisées au niveau du Cameroun, et par une série d’audits et d’ instruments de traçabilité des fonds. Si d’aventure les choses se passent mal, a prévenu l’ambassadeur, la France s’estimera en droit de ralentir ou de suspendre le décaissement des fonds. Ce mécanisme de gestion des fonds s’inscrit sur deux périodes de cinq ans.
A la suite de l’ambassadeur, Claude Fandre a expliqué que les marchés seront attribués selon les procédures d’appel d’offres en vigueur au Cameroun. Pascal Collange a, pour sa part, présenté la répartition globale de l’ enveloppe du C2D (environ 650 milliards de F CFA) au cours de ses premières années de mise en œuvre par secteur : infrastructures routières (environ 50%), un peu moins de 20% pour le secteur de la santé, un peu moins de 20% pour l’éducation, et un peu plus de 10% pour l’agriculture et l’élevage.
Source: Cameroon Tribune
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