Sans aucun doute, ceux qui écrivent les discours du chef de l’Etat se moquent totalement des Kamerunais et ridiculisent le chef de l’Etat. Sinon comment comprendre qu’alors que tous les Kamerunais attendaient des choses fortes, précises et concrètes, Paul Biya nous ait sorti un discours aussi banal, aussi creux. Dans cette adresse à la nation, on retrouve tous les termes consacrés de ses discours de fin d’année : en substance, “ je suis conscient des efforts que vous consentez, encore un petit effort et tout va aller bien, nous avons là une chance exceptionnelle, nous devons gagner cette bataille, j’ai besoin de vous et je sais que je peux compter sur vous. ”
Monsieur Paul Biya nous saoule de banalités, rien que des banalités.
Alors que l’entrée dans les Programmes d’ajustement structurels consacrait la faillite de la politique socio-économique du Renouveau, Paul Biya et son gouvernement l’ont présenté comme une chance exceptionnelle de redresser notre économie, de sortir le pays de la crise économique et d’améliorer la vie quotidienne des Kamerunais. Le résultat est là, visible à l’œil nu par tous les Kamerunais : précarité, chômage, licenciements, dégradation des infrastructures scolaires, sanitaires et routières, misère et pauvreté grandissantes.
L’inscription du Kamerun à l’initiative des Pays pauvres très endettés a aussi donné l’occasion aux autorités kamerunaises de pavoiser (quel paradoxe que de pavoiser parce qu’on est dans le peloton des derniers) et de nous promettre la sortie du tunnel après l’atteinte du point d’achèvement. Nous y sommes et voilà Paul Biya nous annonce que nous ne sommes pas au bout de nos peines. En clair, la vie sera encore dure pour l’écrasante majorité des Kamerunais. Cela est d’autant plus vrai que des efforts sérieux vont encore être demandés aux Kamerunais par le biais de la pression fiscale des prochains budgets pour alimenter justement ce compte des ressources Ppte.
On se serait attendu que Monsieur Biya annonce par exemple : la revalorisation des salaires des fonctionnaires bloqués depuis treize longues et pénibles années après une amputation de 75 % du montant des salaires, la suppression des 50.000 Fcfa pour les inscriptions dans les universités publiques, la gratuité de l’école de la maternelle au secondaire, le soutien à la production des manuels scolaires au Kamerun, la mise en place d’une couverture médicale sociale (par exemple, l’assurance maladie unvierselle), etc… Toutes ces mesures sont contenues dans le mémorandum que notre parti a adressé au chef de l’Etat depuis le 5 mars 2006. Nous avons eu droit à des paroles banales.
Tout le monde s’attendait à ce que Paul Biya dise avec force que l’opération “ Epervier ” va se poursuivre avec force et détermination pour atteindre son point d’achèvement, à savoir, la mise hors d’état de nuire de tous les autres braqueurs des caisses de l’Etat et la restitution du butin, l’argent volé et les biens mal acquis. Nous avons eu droit à un banal “ j’y veillerai personnellement ”. Paroles, paroles.
Décidément, notre mot d’ordre “ Tout dépend de vous ” est toujours à l’ordre du jour. Les Kamerunais doivent sortir de la posture de spectateurs pour rentrer dans l’arène, pour devenir des acteurs actifs. Partout dans le monde, la pression populaire à travers la société civile, par le biais des manifestations de masse, a repris des lettres de noblesse. Nous devons emboîter le pas des masses sud-américaines, ukrainiennes, népalaises, françaises. Il faut contraindre Monsieur Biya soit à promouvoir une société de justice, soit à ne plus avoir la paix. Car, la paix est le fruit de la justice.
Source: Le Messager
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