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Hôpital Laquintinie : Le malade, une vache à lait
(24/04/2006)
Les usagers de cet établissement de santé sont soumis à l’épreuve des codes et de l’escroquerie.
Par Denis Nkwebo

Ce sont les démarcheurs.
La petite artère qui mène à l’hôpital Laquintinie de Douala a tout l’air d’un haut lieu de commerce et de négoce.

Si vous avez besoin d’un certificat médical ou des services d’un médecin, ils vous faciliteront la tâche “, conseille un vendeur de fruits. Ils sont une quinzaine au moins, ces “ facilitateurs “ qui opèrent en permanence en ces lieux. Les malades qui arrivent dans cet établissement sont soumis à leurs caprices. “ Nous ne sommes pas des bandits.

Nous aidons juste les malades à se diriger vers la bonne porte”, reconnaît “ Maître “, un démarcheur dont le pseudonyme rime pourtant avec arnaque, détournement de malades et trafic de documents hospitaliers. Le directeur de l’hôpital Laquintinie, Fritz Ntonè, qui parle de ces pratiques en terme d’étape extra-hospitalière de détournement des malade s’en indigne : “ Ce sont des gens qui jouent un rôle essentiellement préjudiciable aux efforts d’assainissement des comportements que nous faisons. Ils ternissent l’image de notre hôpital aux yeux des usagers “.

Une fois dans l’enceinte de l’hôpital, la chaîne du rançonnement et du racket dévoile ses autres facettes. Céline Noumi, garde-malade allongée au pied d’un arbuste au devant de la maternité, piaffe de remords : “ Ma sœur a accouché et nous sommes là depuis deux jours. Les infirmières nous ont déjà pris 37.000 F Cfa en tout, sans un seul reçu en contrepartie, alors que nous avons payé les codes à la caisse “, raconte-t-elle.

Une autre jeune dame dont le malade se trouve interné en maternité acquiesce d’un geste de la tête, avant de lancer, “ je ne peux pas vous dire combien j’ai déjà laissé comme argent en salle sans reçu “. Un homme accompagnant le reporter de Mutations a bénéficié d’une consultation chez un médecin de l’hôpital Laquintinie au prix fort de 3.000 F Cfa, en plus d’un rendez-vous pris avec ce dernier dans une clinique de la place où les soins devraient lui être administrés.

Dans cet univers hospitalier, lorsque l’argent n’est pas directement extorqué aux malades par les infirmiers, les techniciens et les médecins, ces derniers sont simplement détournés vers des cliniques privées. “ Ici, les détournement de malades sont monnaie courante. La plupart des infirmiers et des médecins travaillent en clientèle privée. La qualité du service chez nous en souffre. Les caisses de l’hôpital aussi “, confie un responsable à l’hôpital du jour.


Codes


La corruption, le rançonnement et le racket prenant de l’ampleur à l’hôpital Laquintinie, le ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono a instruit la direction de ce centre hospitalier d’engager des actions d’assainissement. Suite à quoi, près de cinquante membres du personnel de l’établissement ont été sanctionnés entre janvier et avril 2006, par la commission de discipline interne.

Au nombre des indélicats à qui il est reproché, entre autres, le rançonnement des usagers, le détournement des malades vers des structures sanitaires privées et la création de réseaux de non-paiement des actes médicaux, figurent des médecins, des personnels d’appui et autres “ A travers ces sanctions, vous comprenez bien que nous ne baisserons pas les bras.

Vous savez que les rapports de force entre les malades et les soignants ne sont pas égaux. Le malade est diminué. Il a peur de la puissance du médecin “, commente le Docteur Ntonè, qui met en garde l’infantilisation des populations. “ Il faut refuser le racket. Les usagers doivent dénoncer sans peur les indélicats dans mes services “, propose-t-il.

S’il ne tenait qu’aux codes et procédures internes élaborés par la direction de l’hôpital Laquintinie, aucun usager ne se plaindrait de rien. Le document conçu “ afin de rationaliser davantage les procédures internes en matière de gestion des ressources et de prise en charge des malades “ visait principalement à mettre en place une codification des services, des diagnostics, des diverses prestations et du prix à payer par les malades.

“ Les codes ont été conçus tels que le malade ne devrait rien payer en dehors de ce qui est prévu “, soutient un caissier. Pour le Docteur Ntonè, “ il ne faut pas lier les prix aux codes. Tout le monde dit que les codes sont chers. Mais ce qui fait problème, en fait, ce sont les frais supplémentaires payés et qui ne sont pas justifiés”.

Pourtant, le rançonnement, les détournements de malades, les démarcheurs et l’indiscipline qu’ils génèrent propulsent l’hôpital Laquintinie aux devants des établissements de santé les plus redoutés. Livré ainsi à la risée du public, Laquintinie cherche à se sortir des préjugés.

La direction de l’hôpital, il n’y a pas longtemps, avait créé toute une brigade de lutte contre les démarcheurs, constituée en majorité des repentis. L’idée à fait long feu; ces derniers étant retournés à leurs anciennes amours. Le principal responsable de l’hôpital n’en démord pas. “ Nous allons travailler davantage pour améliorer le droit de l’usager, le droit du malade “, conclut le Docteur Ntonè.

Source: Quotidien Mutations


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