La Une du journal "Le Messager"
Branle-bas de combat, hier 5 avril, à la brigade de gendarmerie de Mboppi à Douala. Il est environ 11h 45 minutes quand un véhicule de marque Renault de couleur blanche entre dans la cour de la brigade avec à bord, un adulte et 19 enfants âgés de 2 à 13 ans. Le véhicule immatriculé SW 7347 D a une autre particularité.
Il est truffé de jouets, nounours et autres peluches très appréciés par les gosses et visiblement destinés à leur offrir au moins le temps d’une balade, un environnement de rêve.
La nouvelle de la découverte de ce pseudo “ Disney car ” dans la capitale économique du Cameroun s’est propagée comme une traînée de poudre à travers les quartiers et les rues de la ville de Douala. De telle sorte que moins d’un quart d’heure après l’interpellation du conducteur du véhicule avec tous ses passagers à bord.
De milliers de personnes ont afflué vers la brigade de gendarmerie de Mboppi qui, pour essayer de voir s’il n’avait pas son enfant parmi les 19 du Disney car, qui pour tenter de reconnaître la progéniture d’un proche. Au moment où les gamins sont descendus de cette voiture en compagnie de leur chauffeur du jour, protégés par les éléments de la brigade de gendarmerie de Mboppi, c’est pratiquement une hystérie collective qui s’est emparée de la foule.
Certains voulaient même en finir avec cet homme, convaincus qu’il est à la tête d’un trafic d’enfants.
Trop de zones d’ombre
L’homme interpellé hier, mercredi 5 avril, en fin de matinée par les éléments de la brigade de gendarmerie de Mboppi ayant embarqué dans son véhicule dix-neuf enfants du quartier Sébenjongo, aurait pour surnom Bouboul mais qui se nomme Ngono Bessala Edmond.
De lui, le voisinage du quartier dit ne pas savoir grand chose. Si ce n’est “ qu’il vit entre Yaoundé et Douala ”. D’autres témoignages rapportent que “ chaque fois qu’il est dans la capitale économique du Cameroun, il en profite pour embarquer les enfants du quartier sébenjongo dans sa voiture pour un tour sur les berges du Wouri, surtout dans le secteur du port ”, confie une mère qui dit avoir deux rejetons et identifier trois nièces parmi les enfants transportés par celui que certains bambins appellent affectueusement “ papa Bouboul ”.
Cette dame, qui dit s’appeler Mafokoa décline les noms et âges de ces enfants: “ Fotsing, 12 ans; Mafolo, 7 ans; Djodjo Marcel, 6 ans; Mbognié Morel, 3 ans et demi; Djodjo Audrey, 3 ans ”. Et de préciser: “ Le Monsieur a pris les enfants ce matin (mercredi 5 ndlr), nous sommes voisins à foyer Union, derrière le Collège Evangélique à Sébenjongo Nouveau Terrain. Il avait l’habitude de venir prendre les enfants, les amener balader avant de les ramener au quartier.
Ce n’est pas la première fois ”. Soit! Mais alors, comment expliquer que certains des parents dont les enfants se trouvent dans le lot accusent déjà “ Papa Bouboul ” d’avoir enlevé leurs gosses? “ Quand je partais de la maison ce matin pour aller au travail, j’ai laissé mes enfants à l’attention de leur mère.
C’est du lieu du travail que l’on m’annonce ce qui est arrivé. Ma femme elle même ne savait pas où étaient partis nos deux enfants ”, indique ce père de famille en colère après celui qu’il considère comme étant le ravisseur des enfants de Sébenjongo. Par ailleurs, si Bouboul réside à Yaoundé pouquoi roule-t-il dans un véhicule immatriculé dans le Sud Ouest du Cameroun?
En plus, comment concevoir qu’une âme si généreuse et très attachée aux gamins puisse les balader à travers la ville coincés dans la banquette arrière et dans la malle-arrière de son véhicule ? Enfin, si les gosses suivaient si facilement Bouboul, comment expliquer qu’il ait eu besoin de garnir les sièges et le coffre de son véhicule des peluches et autres gadgets pour attirer ou appâter les enfants?
Quoi qu’il en soit, on ne s’interrogera jamais assez sur ces parents qui confient presque aveuglement leurs enfants à n’importe qui. Quant aux forces de maintien de l’ordre très nombreuses dans nos rues et ruelles, comment ont-elles pu laisser un véhicule partir de New-Bell (Sébenjongo) jusqu’à Mboppi avec 19 enfants à bord sans s’en inquiéter une seule seconde?
Heureusement que les populations, encore elles, ont alerté une patrouille de gendarmerie qui passait dans les parages pour mettre la main au “ Disney car ” de Ngono Bessala Edmond.
La police judiciaire qui a été saisie de l’enquête, parallèlement à la brigade de gendarmerie de Mboppi, devrait dans les prochaines heures permettre de démêler l’écheveau de cette autre affaire non moins insolite et scabreuse.
Source : Mutations
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