L’événement de l’année 2006 à la Béac sera assurément la mise en circulation, dès mercredi prochain, des nouvelles pièces de monnaie dans toute la zone Cémac.
Par Thierry Ndong
Pièce de 5 F
L’événement de l’année 2006 à la Béac sera assurément la mise en circulation – dès mercredi prochain – des nouvelles pièces de monnaie dans toute la zone Cémac. Forte de ses trente-quatre ans d’âge, la Béac n’a jamais commandé autant de pièces d’argent. Bien plus, elle n’a presque jamais changé les visuels de ses pièces de monnaie depuis les années 1960. En voici les tenants et les aboutissants.
1- L’opération de mise en circulation des nouvelles pièces
Cette opération consiste à mettre en circulation à partir du 29 mars prochain 1 250 milliards de nouvelles pièces courantes de francs Cfa dans l’ensemble des six pays de la sous-région Afrique centrale. Cette nouvelle série de pièces de monnaie métallique Cfa est composée de huit coupures à l’identique de la précédente gamme : 1, 2, 5, 10, 25, 50, 100 et 500 Fcfa. Les nouvelles pièces seront disponibles aux guichets de la Béac, des banques commerciales et des trésors et comptables publics de l’ensemble du territoire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. “ Des dispositions particulières, à en croire Jean-Félix Mamalepot, ont été prises par la Béac pour une large diffusion de ces pièces, dès le lancement auprès du public, et plus précisément pour les gros commerçants ”. Au cours de sa conférence de presse en ce jeudi 23 mars, le gouverneur de la Béac donne en effet des détails sur la stratégie d’écoulement des nouvelles pièces : “ les banques primaires doivent intégrer les [demandes] pièces de monnaie dans leurs différents prélèvements. Le cas échéant, le prélèvement est suspendu… Les guichets de la Béac sont par ailleurs disposés à faciliter les échanges de billets en pièces de monnaie aux grands commerçants. Nous avons des quantités suffisantes de pièces d’argent ”.
2- Ce que représentent les pièces de monnaie
“ La monnaie divisionnaire a sa place dans le public et dans l’économie nationale. Elle doit être régulièrement utilisée ”, martèle Jean-Félix Mamalepot. Le gouverneur de la Béac fustige ainsi le comportement de certaines populations et certains commerçants qui refusent d’utiliser les pièces d’argent. Répondant aux préoccupations exprimées, notamment par les Equato-guinéens, Jean-Félix Mamalepot s’explique : “ les arrondis ne sont pas autorisés en banque. La fâcheuse habitude qui consiste à arrondir n’est pas bonne. L’unité monétaire est 1. Les pièces de 1 Fcfa et 2 Fcfa sont fabriquées pour être utilisées ”. La pertinence de l’utilisation des pièces courantes est d’autant fondée que les populations de la Cémac manipulent davantage les espèces sonnantes et trébuchantes.
3 – Objectif à atteindre à travers la mise en circulation des nouvelles pièces
La mise en circulation des nouvelles coupures de pièces courantes a pour principal objectif de contourner la “ présupposée ” pénurie de pièces de monnaie créée par des pratiques illégales. “L’objectif visé par la Béac est de vaincre la pénurie des pièces, aligner les pièces sur les nouveaux standards internationaux en vue de les protéger des contrefaçons et des usages détournés et redonner un certain dynamisme aux visuels des pièces circulant dans notre zone d’émission ”. D’où la décision de conserver également sur le marché monétaire de la Cémac les coupures de pièces courantes actuellement en circulation. “ Ces nouvelles pièces circuleront conjointement avec les pièces de l’ancienne gamme en circulation qui conservent leur cours légal. Les deux gammes de pièces seront donc acceptées sans distinction dans toutes les transactions ”, justifie-t-on à la Béac. Toutefois, a tenu à expliquer Jean-Félix Mamalepot, “ dès que les nouvelles coupures auront suffisamment pénétré la population de la Cémac, la Béac envisage de lancer le processus de retrait des anciennes gammes. Le retrait de la vieille gamme ne signifiera pas pour autant sa démonétisation ”.
3- Autres avantages liés à l’émission de nouvelles pièces
Les nouvelles coupures de pièces courantes présenteraient des avantages relatifs à la souplesse d’utilisation. Elles sont homogènes, de dimensions réduites et ont un poids plus léger. Bien plus, la fabrication des pièces d’argent permet à la Béac de minimiser les coûts de production de la monnaie en général. “ La fabrication des billets de petites coupures coûte cher à la Béac. Or le taux de récupération de ces coupures, en l’occurrence le billet de 500 Fcfa, est très faible. La pièce de 500 Fcfa permet donc de maintenir cette valeur financière sur le marché monétaire ”, a justifié le gouverneur de la Béac. Quant aux risques liés à la contrefaçon des nouvelles pièces d’argent, le responsable de l’institution bancaire sous-régionale donne des garanties : “ la Béac a aussi saisi cette occasion […] afin de se mettre en phase avec l’évolution du secteur pour bénéficier des avantages technologiques, sécuritaires et financiers liés aux nouveaux métaux et alliages utilisés dans la fabrication des pièces de monnaie ”. Et de continuer en reconnaissant que la contrefaçon d’argent est un phénomène planétaire. “ Il n’y a pas de remède miracle. Nous faisons des efforts pour arrêter le faux dès qu’il arrive dans nos guichets. Il revient aux autres corps de l’Etat de faire leur travail de traque et de condamnation ”, a-t-il indiqué.