Tout au long de l’itinéraire qui va du Palais de l’unité à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, les forces de sécurité étaient en poste. La circulation était interrompue, ce qui a créé d’importants bouchons ici et là. L’escorte présidentielle s’est également rendue à l’aéroport, accréditant l’information qui circulait de bouche à oreille au sujet du retour au Cameroun du président de la République. Puis le dispositif de sécurité a été levé, libérant la circulation. Alors que Paul Biya n’était toujours pas rentré au bercail.
Ce changement du programme du président de la République avait-il un rapport avec la clôture des travaux du 7ème Sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) qui avait lieu à Bata, en Guinée Equatoriale ? Il est difficile de répondre. Hier après-midi, en tout cas, alors qu’il venait de signer le communiqué final sanctionnant lesdits travaux, le président Biya a discrètement quitté le Palais des congrès de Bata, lieu de l’événement. Il a été aussitôt conduit au Palais Africa (Résidence du chef de l’Etat équato-guinéen à Bata), où son médecin a été appelé à son chevet. Un responsable de la présidence équato-guinéenne a confié à la presse que le président camerounais avait «eu un malaise». Selon la même source, cet incident a provoqué « la suspension du huis clos qui précédait la cérémonie de clôture ».
Le porte-parole de la présidence de la Guinée Equatoriale, qui s’est exprimé hier soir au sujet de ce qui s’est passé pendant le huis clos des chefs d’Etats de la Cemac a indiqué que le président Biya avait eu « un coup de fatigue ». Dans ce qui ressemblait à une querelle sémantique, les officiels équato-guinéens ayant pris des distances avec le mot « malaise », ce porte-parole a officialisé le report de la date du retour de Paul Biya au Cameroun, en indiquant que les ministres camerounais, qui avaient assisté au sommet de la Cemac, étaient toujours présents à Bata. Hier soir, peu après 20h, les ministres camerounais du Commerce et des Finances, Luc Magloire Mbarga Atangana et Polycarpe Abah Abah, ont dîné avec le secrétaire exécutif de la Cemac dans un hôtel situé au bord de la mer, sans laisser transparaître la moindre inquiétude. Le président Biya devrait passer la nuit dans la résidence où il était logé depuis son arrivée en terre équato-guinéenne.
Le président Biya, qui a fêté son 73ème anniversaire le 13 février dernier, a probablement souffert de la densité des activités du sommet de la Cemac. Mardi dernier, 14 mars, le chef de l’Etat camerounais a dû supporter pas moins de 14 discours d’une longueur moyenne 20 minutes chacun, au cours de la cérémonie d’ouverture du 7ème Sommet des chefs d’Etat de la Cemac. En compagnie de ses homologues, Paul Biya a ensuite assisté à la finale du tournoi de football organisé à l’occasion de la grand’messe des présidents de la Cemac. Une rencontre de football qui est allée au-delà de 90 minutes, le Cameroun ayant été vaincu par le pays organisateur, la Guinée Equatoriale, aux tirs buts.
Dans la communauté des journalistes présents au sommet de Bata, l’on a vite fait le rapprochement entre la nouvelle du malaise du président camerounais et la non tenue de la cérémonie de clôture. Jusqu’à hier à 18h, au moins trois chefs d’Etat avaient déjà quitté Bata. Avant «le malaise» du président Biya, c’est le chef de l’Etat centrafricain, le général François Bozizé, qui était parti précipitamment, pour des raisons non élucidées. La veille, déjà, l’information concernant la découverte d’un complot visant à attenter à la vie du président tchadien avait défrayé la chronique. Le président Déby, qui fait face à une rébellion armée dans son pays, a été le premier chef d’Etat de la Cemac à partir de Bata, la nuit même de l’ouverture du sommet.
Source: Quotidien Mutations
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