Bernard Njonga
La grippe aviaire est au Cameroun. Allez-vous continuer à promouvoir la
consommation du poulet ?
Tout à fait. La science est claire là-dessus, la consommation du poulet
(d'aucuns disent cuit jusqu'à 70°) ne pose aucun problème. Je dois affirme que,
quelle que soit le cas, qu'il y ait grippe aviaire ou pas, il n'y a pas de
danger en tant que tel à consommer le poulet. Je peux même aller plus loi en
affirmant comme certains spécialistes que le suc gastrique est capable de
détruire le virus H5N1. N'entrons pas dans la science, mais étant donné que nous
cuisons à plus 70°, il n'y a donc pas de danger à consommer le poulet.
D'où vous est-il venue l'idée de communiquer sur la consommation du poulet ?
D'abord l'incidence de la psychose que l'annonce de la grippe aviaire a eu sur
le consommateur, et incidemment la faillite du secteur avicole, ensuite, la
place du poulet dans la nutrition (au Cameroun on est à 2kg par habitant et par
an, alors que la moyenne mondiale est de 10kg par habitant et par an. Le fait
qu'on ne puisse pas consommer le poulet chez-nous pour des raisons non fondées
était suffisant pour motiver notre sortie médiatique.
Vous avez pris une pleine page la semaine dernière dans la presse pour inciter
les gens à consommer du poulet. Avez-vous l'impression que le message est passé
?
Le message est bien passé. Heureusement que je n'étais pas le seul à le faire.
J'ai vu des aviculteurs à l'œuvre ici à Yaoundé. J'en ai vu faire à Bafoussam,
ainsi qu'à Douala. J'ai eu le feed-back de nombreuses personnes qui disent " on
vous a vu consommer le poulet, nous aussi on va le faire… " Ce qui veut dire que
le message est passé. Seulement, avec la dernière actualité on s'interroge sur
l'impact que l'annonce de l'arrivée de la grippe aviaire peut avoir sur les
consommateurs.
Jusqu'où irez-vous dans cette communication ?
Il va falloir être encore plus imaginatif. Nous avons cru jusqu'à un certain
moment qu'il fallait rester dans l'actualité, c'est-à-dire dans la réalité pour
ne pas perturber les consommateurs. Parce que quand vous vous engagez dans la
piste de la prévention, les gens pensent que c'est déjà la réalité, ce faisant,
nous avons exclut de notre stratégie de communication tout ce qui est
prévention. Maintenant qu'il y a la grippe aviaire, on devrait une fois de plus
se caler dans l'actualité. Il y a un message à faire en direction des
aviculteurs, tous ceux qui manipulent le poulet, et vers les consommateurs. La
consommation allant dans le sens de rassurer le consommateur est d'autant plus
important que la psychose autour de la grippe aviaire ne se justifie pas tant
que ça. Car la probabilité qu'il y ait une contamination par l'homme reste très
faible.
Comment traduirez vous cela, concrètement, dans vos actions de communication
futures ?
C'est une communication vers les aviculteurs, notamment dans les zones à risque.
Le message, c'est de signaler tout cas suspect de mortalité dans les fermes
avicoles. Continuer à rassurer les consommateurs et exiger toute la transparence
sur les circuits de l'information autour de la grippe aviaire. On devrait par
exemple mieux être informé sur le dispositif scientifique qui permet de dire
qu'un oiseau trouvé mort est porteur du virus H5N1. L'information qu'on nous a
donnée n'a pas respecté ce cycle de transparence à savoir quand est-ce qu'il a
été trouvé mort, quand a-t-il été prélevé, quand est-ce que les analyses onté ét
faites. Enfin, l'opinion a besoin d'être mieux informée sur la gestion de la
grippe aviaire. La gestion des fonds alloués doit être transparente, car ce sont
de gros intérêts qui sont mis en jeu.
Source: Quotidien Mutations
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