La nouvelle de la suspension de trois commissaires de police, le mars 2006 par le délégué général à la Sûreté nationale, Edgard Alain Mebe Ngo, a fait grand bruit. Autant que cet acte, la polémique qui l`a suivi suscite un débat houleux, aussi bien dans les milieux la police, de la presse que dans la population. Certes, de source policière, on avait déjà appris, au moment de leur suspension, que Didier Kergnine Kerbaï, Albert Léopold Ebene et Junior Christophe Zogo avaient déclaré, pour leur défense, que leurs problèmes venaient du fait qu`ils étaient tombés sur un réseau d`homosexuels "protégés par de haut-cadres de la police ".
Cette idée s`est entre-temps répandue comme une traînée de poudre, profitant de l`actualité sur la question de l`homosexualité au Cameroun. Céline Metzer et Christelle Cordeau, d`après leurs déclarations au reporter de Mutations, sont venues au Cameroun pour réaliser un reportage sur l`homosexualité dans un pays où la pratique est interdite. Pendant le temps qu`elles ont passé dans le pays, elles ont pu commencer leur travail, car des cassettes vidéos ont été saisies lors de leur arrestation par les policiers qui ont par la suite été accusés de corruption.
Actuellement, la polémique est surtout accentuée par le contenu de ces cassettes (29, selon plusieurs sources). Les deux ressortissantes françaises reconnaissent qu`elles ont réalisé des interviews de personnes ayant des choses à dire sur le sujet qui les intéressait. Elles ont notamment réalisé une interview d`une personne détenue à la prison centrale de Kondengui pour homosexualité. A la Dgsn, on a préféré parler d`images ayant trait à l`homosexualité.
Gourous
Or, dans les quartiers et même ailleurs, on entend désormais les choses les plus diverses sur le contenu de ces cassettes. La thèse la plus répandue à ce jour est notamment celle d`images montrant des homosexuels, dont des hauts cadres de la police, à l`acte. Biloa Ayissi, directeur de publication du journal Nouvelle Afrique, n`a d`ailleurs pas hésité à déclarer sur les ondes de Magic Fm, une station de radio de la ville de Yaoundé, que le délégué général à la Sûreté nationale s`était trompé en suspendant les trois commissaires de police, qui sont, du même coup, élevés au rang de héros ou même de martyrs par ce dernier.
En même temps, les deux Françaises sont accusées de mille maux. "Elles auraient bénéficié d’une somme de 45 millions de Fcfa, en provenance de quelques gourous, tapis dans l’ombre, pour accomplir leur mission au Cameroun. Elles seraient aussi les auteurs du reportage sur le “ Tourisme sexuel des pédophiles ” dont une réaction en contestation a été publiée dans notre édition d’hier 6 mars 2006", indique Le Messager du 7 mars dernier. Un cadre de la Dgsn nous a d`ailleurs affirmé qu`il s`agissait tout simplement d`espionnes.
Jointe au téléphone jeudi dernier, Céline Metzer a simplement indiqué que l`affaire était désormais entre les mains de leur avocat. Celui-ci, dans une lettre, se pose d`ailleurs un certain nombre de question sur la prétendue mission des trois commissaires de police, appartenant à trois directions différentes, et qui étaient pourtant sur une même enquête pendant plusieurs jours. Tout comme un caporal de l`armée, le nommé Ahmed Sadio. L`autre interrogation est de savoir pourquoi ces commissaires n`ont jamais fait aucun compte rendu de leur enquête et il n`en demeure pas moins qu`ils ont tout de même encaissé la somme d`un million de Fcfa et ont même procédé au partage.
Nous n`avons malheureusement pas pu avoir la version des commissaires concernés. Joint au téléphone, Junior Christophe Zogo a promis de rappeler. Ce qui n`a jamais été fait. Quant au militaire, à chaque fois, il s`est trouvé indisponible pour répondre à son téléphone. En attendant, dans la population qui a eu ces derniers temps l`habitude des affaires, on est impatient d`en savoir plus clair. Peut-être à travers un procès...
Source: Camerounn Link
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