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Le ministre, Cimencam et le ciment importé
(13/03/2006)
La filière du groupe Lafarges multiplie les démarches pour faire interdire le ciment importé sur le marché camerounais. Le consommateur trinque.
Par Léopold CHENDJOU
Le marché du ciment au Cameroun est en pleine ébullition depuis quelques semaines. Deux acteurs de ce marché se livrent une guerre commerciale impitoyable. D’un côté, Cimencam (les Cimenteries du Cameroun) qui contrôle ce marché depuis des décennies et est décidée à maintenir son monopole sur le secteur de la cimenterie. De l’autre, le Cicb (Complexe industriel pour la construction et le bâtiment), un démembrement du groupe Afrique construction intéressé par ce marché ô combien porteur, par le biais des importations de ciment en provenance de certains pays européens et asiatiques. Appelé à arbitrer ce conflit commercial, le ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique aurait pris effet et cause en faveur de l’un des acteurs.


Les faits


Tout est parti d’une correspondance de Michel Follet adressée à Charles Sale, ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique. Dans ce message dont l’objet est : Importation de ciment, le directeur général de la Cimencam informe le ministre de ce que “ une cargaison de 9.700 tonnes de ciment en provenance de Longkou en Chine a été déchargée au port de Douala à partir du 30 janvier 2006. Depuis les premières indications à notre connaissance, cette opération d’importation a été initiée par la société Cicb qui appartient au groupe Afrique construction dans les mêmes conditions que la cargaison précédente de novembre 2005 avec une sous-déclaration manifeste du pris Cfa de 25 Usd par tonne. De plus, il semble bien que l’obligation d’estampillage préalable prévue par nos lois ne serait pas respectée. ”
L’auteur de la correspondance, fort de ce qui précède “ remercie ” le ministre d’instruire une vérification de confirmation par ses services compétents pour faire la lumière sur le “ caractère frauduleux ” de l’importation. Réagissant à cette correspondance, puis, après une descente sur le terrain au port de Douala de quelques fonctionnaires de ce ministère et une séance de travail entre les deux parties, Charles Sale prend une décision le 23 février 2006 dans laquelle “ la société Complexe industriel pour la construction et le bâtiment est assignée au paiement d’une amende de quarante-huit millions (48.000.000) de francs en raison de l’importation sans respect des normes, notamment dans leurs dispositions relatives à l’étiquetage des emballages du ciment Portland ordinaire de type 42,5R. ” Cette décision ministérielle précise que la mise en circulation de ce ciment est subordonnée au paiement total de l’amende sus-citée. Toujours le 23 février 2006, le ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique, par une autre correspondance invite le Pdg de la société Cicb à “ une réunion élargie aux opérateurs de la filière, dont le but est de trouver une solution au problème que pose l’importation des ciments à l’industrie locale. ”
La rencontre s’est tenue le 3 mars 2006 à Yaoundé. C’est donc au cours de cette réunion, et selon un cadre de ce ministère qui a requis l’anonymat que les accointances entre Charles Sale et la Cimencam ont éclaté au grand jour. “ On a vu le ministre sous la pression de Cimencam prendre clairement position en faveur de l’interdiction des importations de ciment au Cameroun. Une prise de position qui a choqué tous les participants à cette rencontre. N’eût été un petit message adressé d’une manière furtive à l’oreille du ministre par un de ses proches collaborateurs, M. Salé aurait décidé séance tenante de l’interdiction d’importation du ciment au Cameroun. ”
La réaction à la correspondance du directeur général de la Cimencam, la prise de position partisane du ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique lors de cette rencontre du 3 mars sont deux faits qui, aux yeux des observateurs, démontrent à souhait que dans la bataille commerciale que se livrent le Cicb et Cimencam, Charles Salé est loin d’être neutre, et milite en faveur du maintien du monopole de la Cimencam sur le secteur du ciment au Cameroun. D’aucuns l’accusent même de recevoir régulièrement, en guise de don, du ciment (de la Cimencam) par le truchement d’un neveu à Belabo (vrai ou faux ?)


Base légale de l’amende


Selon un responsable en service à la délégation provinciale du Littoral du ministère de l’Industrie, la condamnation de la société Cicb au paiement d’une amende de 48.000.000 Fcfa infligée par le ministère ne repose sur aucune base légale. “ La loi est claire, pour ce qui est de l’estampillage, la loi n° 96/11 du 5 août 1996 en son article 7 rend l’estampillage facultatif sauf s’il y a un arrêté du ministre la rendant obligatoire. Ce qui n’est pas le cas ”, affirme-t-il. Ainsi donc, le ciment importé par la société Cicb pouvait valablement être mis en circulation sur le marché camerounais. Pourquoi la Cimencam qui, en 2005 a produit 1.800.000 T de ciment et contrôle plus de 90% des parts de marché veut-elle à tout prix éviter la concurrence, fusse-t-elle insignifiante de la société Cicb (10.000 T de ciment importé = 0,6% des parts de marché) ? Là est la question. Toutes les démarches entreprises par le reporter auprès des cimenteries du Cameroun pour avoir leur version des faits se sont avérées vaines. (la responsable de la cellule de communication nous a demandé de nous rapprocher du secrétariat du D.G. A ce niveau, promesse faite de nous contacter pour une rencontre avec M. le directeur général n’a jamais été honorée).
Au siège de la société Afrique Construction, son Pgd s’est aussi montré très occupé pour recevoir le journaliste ; Un cadre de cette société approché par le reporter soutient que Cimencam n’a jamais vu d’un bon œil le fait que l’on vende sur le marché camerounais du ciment importé. Ainsi, en novembre 2005, la Cimencam avait réussi le tour de force de faire suspendre les importations de ciment de la société Cicb pour une question d’analyse du produit.
Au finish, c’est le consommateur camerounais qui paie la facture de ce monopole de Cimencam, filière du groupe Lafarges. Il sera toujours obligé de débourser 83.000 Fcfa la T. de ciment (CPJ 325), trois, voire quatre fois plus cher que les prix pratiqués sur le ciment importé. Une cherté inexplicable quand on sait que la matière première utilisée par Cimencam, à savoir la pouzzolane et le Kinker est tirée du sous-sol camerounais.

Source : Le Messager


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