Stephen Smith
Tel mari, telle épouse. Odile Tobner continue le combat. Avec son style fait de piques corrosives, son accent un tantinet malicieux et ironique, sa frêle silhouette d’intellectuelle en prime, contrastant avec la fraîcheur physique et le punch que dégageait son regretté mari. Vendredi dernier au pavillon culturel Kaba-Ngondo, madame Mongo Beti a distribué uppercuts et crochets à ces " racistes occidentaux qui méprisent l’Afrique noire ", selon le thème du débat. Odile Tobner dégaine et ça fait mal. La co-auteure de " Négrophobie " (Les Arènes, 2005), le journaliste sénégalais Boubacar Boris Diop et l’essayiste belge de regrettée mémoire François-Xavier Verschave ont trouvé une cible : la " bienpensance " intello-politico-bourgeoise française, et ses chiens de garde, certains médias hexagonaux. Notamment Stephen Smith, journaliste à " Libération " puis au " Monde ", " spécialiste " des affaires africaines qui a écrit " Négrologie, pourquoi l’Afrique meurt " (Calmann-Lévy, 2003). Sorte de " bilan " exhaustif des maux de l’Afrique — quarante ans après le cri du cœur de René Dumont, " L’Afrique noire est mal partie " — et qui lui a valu le prix de l’essai de France télévisions.
" Oui, le livre que nous avons écrit est une réponse à Négrologie ". Odile Tobner ne prend pas de gants quand elle déclare avoir été courroucée par les propos de Stephen Smith dans son livre qui n’est qu’un ouvrage pour dédouaner la politique africaine de la France. " Le constat est vrai chez Stephen Smith, mais tout est dans l’explication, où on constate un amalgame entre les faits. On a prétendu que le livre présentait ce qu’on cachait de l’Afrique ". Pour Odile Tobner, le livre est le fruit de la désinformation de Stephen Smith qui est à la solde de certains clans politiques français, et qui n’a jamais dénoncé les turpitudes de l’Hexagone en Afrique. " Smith parle des Noirs dans son livre avec condescendance et suffisance. Il déclare que la colonisation était une bonne entreprise, une chance pour l’Afrique, et que si la France a perdu le continent, c’est parce qu’elle a été trop bonne avec lui ".
Tobner, qui a lu le livre de Stephen Smith stylo rouge à la main, rend coup pour coup à l’écrivain d’origine américaine, sans oublier ceux de sa " caste " : " Alain Finkelkraut et Pascal Bruckner représentent l’intelligentsia française truffée de discours mystificateurs et de propagande néo-raciste… ". Le débat, dont la modératrice était Dorothée Kom, l’épouse du Pr. Ambroise Kom a tourné aussi sur sa perception du discours de Gaston Kelman. Elle avoue ne pas avoir lu, mais ne comprend pas sa complaisance envers les Blancs. Pourtant, ce que les Africains gagneraient dans cet étripage public franco-français, fût-ce pour la cause noire, reste encore à démontrer. Là est peut-être un tout autre débat.
Note : nous rappelons par ailleurs que le livre Négrophobie avait été chroniqué dans nos colonnes. Pour lire l'article, cliquez ICI
Source : Cameroon Info
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