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Douala : des génies dans les ordures
(13/03/2006)
En plus du procédé de l’enfouissement des déchets à la décharge du PK 10, des efforts encore imperceptibles sont déployés pour protéger l’environnement.
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Toutes les cinq à dix minutes, il y en a un qui débarque. Il passe à la pesée avant de prendre la route pour le tréfonds de la décharge du Génie militaire à PK 10. Mis à la disposition de la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) par la Communauté urbaine de Douala, la décharge fait 63 hectares. Un site aux allures de carrière. Sauf qu’on n’extrait rien du sol. Au contraire. Ce sont plutôt les ordures de la ville qui finissent là. De diverses manières. Chacun à son tour, les camions descendent vers ce qu’on appelle le quai. Le soleil tape fort et l’odeur, somme toute supportable, rappelle quand même où l’on se trouve. Guidé par un placeur, le camion fait la manœuvre pour se positionner et déverser son contenu. Une horde de récupérateurs se rue sur les " victuailles ". Bottes et gants de rigueur, ils fouillent allégrement dans le fatras que l’engin a déposé. " Nous ramassons du plastique, de la ferraille, du verre, du papier et bien d’autres choses dont nous sentons instinctivement en probbable usage ou une possibilité de transformation ", explique l’un des " moisiers ". Sans un regard pour les étrangers, chaque récupérateur fait son baluchon et le met de côté.

A une petite échelle, ce travail de récupération qui se fait à la main est sans doute le premier stade du traitement que les déchets subissent. Les détritus ne sont ni brûlés ni transformés de quelque autre manière. Ils sont tout bonnement enfouis dans le sol. Responsable de la décharge, Vital Florent Donkam Kamdem désigne de la main les parcelles de terrain où des ordures ont été enterrées il y a une semaine ou deux. Le visiteur peut les reconnaître aux traces des roues du compacteur qui tasse le sol après l’enfouissement. Le processus est bien rôdé. Le quai est ouvert sur une dépression, le front de traitement, vers laquelle des engins poussent progressivement les immondices de toutes sortes. Il y a de tout et c’est presque indescriptible. Mais le plastique semble l’emporter. Sous la forme de sachets ou de pneus usagés. Tout ira dormir sous la terre. Des couches de détritus et de terre sont alors alternées sur une hauteur de 40 à 60 mètres. Le sol s’affaissera petit à petit au gré de la décomposition de la matière. C’est d’ailleurs pourquoi il est possible, au bout de deux ou trois ans, de revenir sur une parcelle qui a déjà servi.

Matière organique

A en croire Vital Florent Donkam Kamdem, il faut 200 ans pour qu’un pneu se désagrège alors que 18 mois seulement sont nécessaires pour que la matière organique se décompose. Il n’existe pas de poste de tri avant " l’enterrement ". Encore heureux que Hyscam ne ramasse pas les déchets d’origine chimique. Voilà qui compliquerait la tâche et compromettrait plus gravement la protection de l’environnement qui est objectivement une préoccupation. Tiens, voilà un camion qui arrive. Une nuée d’oiseaux, communément appelés pique-bœufs, dans un gracieux ballet de plumes blanches, se pose sur le fond de traitement. " Ils se postent généralement plus bas. Ils reconnaissent le bruit des camions et savent eux aussi qu’ils apportent du neuf ", explique Roland Bikaï, un autre récupérateur. Les oiseaux sont chez eux et ne craignent manifestement rien. Eux aussi, dans un sens, font de la récupération.

Si on peut se promener sans crainte sur les parcelles où des déchets ont été cachés, il ne faut pas perdre de vue qu’en dessous de ses pieds, une grosse activité se déroule. Le processus de décomposition s’accompagne de dégagement de biogaz et d’eau. Cette eau, appelée lexivia, d’une très peu ragoûtante couleur noire, est riche en matière organique. Toxique, elle ruisselle vers le fonds de la décharge et doit absolument être traitée avant d’être rejetée dans la nature. Pour ce faire, deux bassins ont été aménagés où le lexivia est stocké. L’action naturelle des bactéries contribue à réduire la toxicité du mélange au demeurant retenu par des digues. Au bout de 10 à 15 jours, le taux d’abattement est atteint et le lexivia est libéré dans la nature. Il y a quelques temps, la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec), dont l’une des bases de traitement est situé à une vingtaine de kilomètres de là, s’est plaint de la pollution du bassin versant de la Dibamba par les infiltrations venues de la décharge. Mais, " pour l’instant, il n’y a pas de cause à effet ", se contente de dire Donkam Kamdem, qui ne souhaite pas nourrir la polémique.

La question de l’environnement revient toujours lorsqu’on parle de la décharge du Génie militaire, une base provisoire. L’érosion a façonné le relief de l’endroit et au demeurant provoqué l’effondrement de maisons appartenant au Génie militaire. Si une ceinture verte sépare la décharge d’habitations visibles au loin, on voit bien qu’il y’en a d’autres qui ne sont séparés du site proprement dit que par une route de terre. Certains habitants se plaignent déjà de nuisances et ne semblent pas être satisfaits par les opérations de désinfection menées périodiquement dans la décharge et ses alentours. S’ils commençaient par empêcher les enfants du quartier à s’introduire dans la décharge pour ramasser toutes sortes de babioles, ce serait déjà ça.



Source : Cameroon Link


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