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Qu'est ce que réellement l'amitié ?
(03/04/2004)
Qu'est ce qu'un ami au fond?Qu'est ce que l'amitié et quelles en sont les bases profondes?
Par JP Morin
Amitié ou copinage pour la fête?
Amitié ou copinage pour la fête?
Mes questionnements récents tournent autour d'un sujet en apparence très simple : l'amitié. Qu'est-ce que l'amitié, qu'est-ce qu'un ami? Comme toujours, je n'ai pas de réponse à vous fournir - la science infuse n'existe pas - alors je ne ferai que référence à mes propres expériences et réflexions. Le fil conducteur est mince, je vous préviens. Extrapolez comme bon vous semblera.

Pour examiner mon historique en matière d'amitié, si je peux m'exprimer ainsi, il me faut retourner en arrière - l'enfance. À cette époque, tout était simple - j'étais ami avec tout le monde qui m'entoure, garçon ou fille, sans discrimination. Les seuls facteurs déterminants semblaient être l'âge et la proximité. Tu as environ le même âge que moi et tu habites à côté? Et voilà, on est les meilleurs amis du monde.

Dans mes souvenirs vagues de mon enfance, je distingue que des amis ou des "ennemis", des gens que je détestais. Tout semble blanc et noir, sans nuance. Très simpliste... Dire que nous retrouvons encore ce schéma de "bon" et "méchant" dans le cinéma, de nos jours - est-ce un résidu de notre perception enfantine des relations humaines? Est-ce que certains restent figé à ce niveau ou bien cette perception du monde reste inscrite dans notre subconscient? (Hmm... faudrait que je lise plus à propos de Jung et des archétypes, je n'y connais rien.)

À l'adolescence, les choses se compliquent - l'amitié devient primordiale, le centre des préoccupations du pauvre ado. L'appartenance à un groupe devient essentielle - la pire calamité, à cette période c'est d'être rejeté, d'être marginal.

Maintenant, je suis habitué à être différent et d'une certaine façon, hors de la norme, malgré moi. Mais à cette époque, comme tout le monde, je tenais à tout prix à appartenir à un groupe. Les amitiés se formaient souvent par obligation, par peur d'être rejeté, par désir d'appartenance. Ce ne sont pas de bases très saines pour créer une amitié - je me souviens avoir passé des années en compagnie du même groupe d'amis, qui pourtant avaient peu d'intérêts communs avec moi et me traitaient bêtement. J'ai été souvent ridiculisé et ignoré. J'ai du endurer d'interminables discussions à propos de ma timidité face aux filles, une torture inhumaine que je ne souhaiterais à personne. Mais je demeurais attachés à eux, ne serais-ce que parce que je ne voulais pas être seul. La solitude m'effrayait.

La façon de penser des ados n'est pas trop déterminante pour le choix d'amis, d'après moi, tout simplement qu'à cette période, la personnalité est vaguement définie, fluide, incomplète. Donc influençable.




L'influence

Les jeunes bravant l'interdit
Les jeunes bravant l'interdit
Ce qui m'amène au sujet de l'influence, qui semble très puissante à cette époque. Je n'aime pas juger les gens, mais je ne peux m'empêcher de constater que tout ce qui semble être des actes de rébellion et de débauche chez les adolescents ne sont que des actes inconscients perpétués dans le seul but d'être accepté par les autres.

En principe, la rébellion contre l'ordre établi est quelque chose que j'approuve (parce que je trouve notre monde pourri), mais seulement lorsque cette révolte est consciente et réfléchie, pas juvénile et sans réflexion comme c'est le cas chez tous ces jeunes imbéciles.

À mon avis, les petits rebelles adolescents qui fument, boivent et se droguent pour se révolter ne sont que des faibles. Qu'ils l'avouent ou non, ils ne font ça que pour suivre les autres ou du moins, c'est la raison principale. Et dans ce cas, ce sont des moutons - suivre les autres ne devrait JAMAIS être la raison principale pour faire quoi que ce soit.

Je ne condamne pas nécessairement la drogue ou l'alcool, seulement les circonstances qui amènent les jeunes à en prendre. Si ce n'était pas pour suivre les autres, chacun se droguerait dans son coin, non? Mais il n'y a pas d'activité plus sociale que la débauche, chez eux...

Et la révolte, c'est un acte individualiste, à mon avis. L'individu contre la société. Une gang d'ado qui se saoulent lors d'un party et qui disent se révolter contre la société, je trouve ça tout bonnement pathétique. Si vous voulez vous révolter et changer le monde, commencez par l'étudier et voir ce qui ne fonctionne pas!

Personnellement, je n'ai jamais entré dans ce jeu, et j'ai été relativement peu touché par l'influence des autres, ce qui me vaut aujourd'hui une certaine fierté. Si j'avais suivi mes "amis" aveuglément, j'aurais sûrement été quelqu'un de beaucoup plus cool, et comme j'aurais été accepté dans un groupe plus large, j'aurais profité automatiquement de nombreuses amitiés. Mais je ne regrette rien - ces amitiés, je n'en veux pas. Je ne serai jamais un mouton, même pour avoir des amis.



Amitié chez les adultes

S'enrichir au contact de l'autre
S'enrichir au contact de l'autre
Et maintenant que je suis un adulte selon la loi, où en suis-je, côté amitié? À présent, il me semble, je ne recherche pas des amis pour simplement passer le temps, me divertir ou ne pas être seul (voir adolescence!), mais pour apprendre, pour m'enrichir à leur contact. Ce qui est encore plus difficile à trouver. Et c'est beaucoup plus égoïste de ma part! Je ne voudrais pas me contenter de la compagnie de gens agréable, je voudrais qu'en plus ils m'aident à réfléchir. Quel ego mesdames et messieurs! Et dire que je me pense modeste! Modestement égocentrique, ouaip. Mais j'en suis conscient, c'est tout de même ça.

D'abord, qu'est-ce qu'un ami? À partir de quel seuil peut-on considérer quelqu'un comme un ami, et non pas une simple connaissance? C'est difficile à dire, et ça semble varier d'une personne à l'autre. Certains ont besoin d'être entourés d'une multitude de connaissances superficielles, et d'autres se contentent de quelques amis plus ou moins proche. C'est plutôt mon cas. Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, et je n'ai jamais fait parti d'un cercle d'amis (une "gang", si on veut). J'ai très peu d'amis que je peux considérer "proches"...

En théorie, un ami serait quelqu'un avec lequel on s'entend bien - donc avec lequel on a des intérêts ou une façon de penser en commun. Donc, quelqu'un dont la compagnie n'est pas trop désagréable. Et par extension, quelqu'un sur qui on peut compter, qui est là pour nous aider lors des coups durs. La première définition provient de mon expérience personnelle, et je suppose qu'elle est semblable à la votre. Mais toutes ces belles qualités romantiques de l'ami, celui qui est toujours là pour nous aider, de façon parfaitement altruiste (ce qui est impossible) - d'où ça vient, ça? D'après moi, c'est une image perverse véhiculée par notre culture. Comme la vision hollywoodienne de l'amour, ça n'a aucun lien avec la réalité. De la pure exagération.

Récemment, j'ai fait une constatation (qui n'est pas nécessairement vraie) : je n'ai pas assez d'amis. On peut répondre à cela que la qualité est préférable à la quantité, et je suis d'accord. Mais je reste avec l'impression désagréable de ne pas connaître assez de gens (ce qui est franchement contradictoire avec mes crises de misanthropie aiguë et d'agoraphobie, mais bon).

Ça semble effroyablement égocentrique de formuler ça ainsi, mais je ne suis pas satisfait de mes amis! Non pas que je sente qu'ils me doivent quelque chose et qu'ils ne "fournissent pas la marchandise", mais plutôt que mes relations d'amitié ne pas totalement satisfaisantes, dans les deux sens. J'ai autant l'impression de ne pas être "un bon ami" pour eux. Comment régler ça? Rencontrer de nouveaux amis, voir plus souvent ceux que j'ai déjà, essayer d'avoir des conversations plus significatives? Je ne sais pas... De toute façon, ce n'est sûrement qu'un autre aspect de cette insatisfaction chronique que nous ressentons tous.

Je lisais quelque part que nous subissions nos amis, nous subissons les gens qui veulent bien de nous. C'est une vision un peu sombre de la chose, mais je ne peux qu'acquiescer.



Amitié ou interêt?

C'est parti pour la fiesta !
C'est parti pour la fiesta !
J'ai remarqué qu'il peut exister deux possibilités de contacts, pour qu'une amitié puisse apparaître - avoir des intérêts en commun ou avoir façon de penser semblable. Avoir des intérêts en commun est sûrement la façon la plus fréquente, la plus simple et la plus facile de se faire des amis. L'intérêt devient immédiatement "un pont" entre deux personnes qui ont automatiquement un sujet de discussion, et tout le reste démarre de là.

Comme les deux nouveaux "amis" n'ont pas nécessairement la même façon de penser, il peut y avoir de nombreux accrochages et divergences d'opinions. Mais ce peut aussi être une source d'enrichissement - une autre façon de voir le monde. C'est une façon un peu risquée de se faire des amis, par contre, parce que l'amitié résultante risque fort d'être superficielle, en se limitant qu'à l'intérêt commun et en n'ayant jamais plus loin. C'est exactement ce qui se passe avec la plupart de mes amis…

C'est plus rare de rencontrer quelqu'un qui a une façon de penser semblable, mais dans ce cas il semble que l'amitié soit instantanée. Alors à quoi bon l'analyser.

Autre remarque à propos de l'amitié - même si nous avons tout besoin d'amis avec lesquels communiquer, notre société condamne la dépendance. Il ne faut surtout pas être dépendant de nos amis, ni de l'alcool, ni du café, ni de l'internet...

Il est très simple de vérifier ça : entrez quelque part où vous ne connaissez personne et dites la vérité. "Bonjour, je me cherche des amis". Vous serez complètement ridiculisés. Il ne faut surtout pas avoir l'air de se chercher des amis! Il ne faut se montrer fort et indépendant, tout en étant socialement à l'aise et en possédant des dizaines d'amis ! Paradoxe ridicule...



Jusqu'à un certain point, je suis d'accord qu'il ne faut pas être dépendant - la modération est la meilleure voie (très épicurien comme vision des choses). Mais cette tension entre notre besoin constant de communiquer et cette façade d'indépendance que nous devons projeter est totalement contradictoire. On en vient à ne plus savoir si on à "le droit" de s'attacher à un ami, de peur d'avoir l'air dépendant.

Personnellement, je reste toujours passablement distant avec mes amis, et je me demande si c'est pour cette raison. Je ne sais pas vraiment. C'est assez regrettable - j'aimerais bien avoir des amis proches ou me rapprocher de ceux que je connais déjà. Mais je n'y arrive pas. Ce n'est pas parce que je ne veux pas révéler mes "véritables pensées", puisque je n'ai aucun problème à les assumer. D'ailleurs je les écris sur cette page web sans trop me camoufler, puisqu'on peut aisément trouver mon vrai nom en fouillant un peu. Je n'ai pratiquement aucun problème à discuter de n'importe quoi de personnel lorsque je suis sur le net. Alors pourquoi je parle si peu de sujets vraiment importants ou personnels (voire existentiels) avec mes amis, en personne?

Probablement parce que je sens rarement que le moment est propice. J'ai souvent essayé, plus ou moins consciemment, de manœuvrer des discussions dans des directions où j'aurais pu exprimer mes "vraies" idées (donc ce que je suis vraiment!), mais je me heurte souvent à un mur. Les gens qui veulent discuter de sujets "profonds" sont rares - la discussion retombe automatiquement en terrain neutre. Ce qui m'amène à penser que mes amis n'ont rien à foutre de ce que je suis vraiment, tout ce qu'ils veulent, c'est quelqu'un avec qui parler, peut importe qui c'est. De plus en plus, je pense que la communication est une fin et non pas un moyen, ce qui est bien décevant pour quelqu'un qui veut croire au contenu plutôt qu'au contenant. Est-ce qu'on vit dans un monde si superficiel, où la profondeur fait peur?

Je n'ai jamais été vraiment proche de quiconque, si être "proche" signifie partager tout ce que l'on pense ou ressent. Ce que je pense à tendance à rester dans ma caboche, sauf lors de quelques fuites verbales (très rares) ou écrites (cette page). Et j'étouffe carrément là-dedans - ma tête est trop petite pour contenir toutes ces questions... Mais je ne voudrais pas imposer à personne toutes ces horreurs qui se tortillent dans les recoins de ma cervelle - comme je serais sûrement effrayé de partager les pensées des autres!



Amitié ou amour ?

Ils s'aiment ou ils sont potes?
Ils s'aiment ou ils sont potes?
Autre question : à quel moment l'amitié bascule vers l'amour (passionnel)? Je ne sais pas, mais c'est un danger grave qui risque de tout gâcher. À ce stade ci de ma vie, je considère l'amour d'une façon totalement distante, pour ne pas dire cliniquement froide - je pense que c'est une maladie mentale, un dérèglement du fonctionnement harmonieux du cerveau qui nous plonge dans une démence partielle. Yep, je pense que l'amour c'est de la merde. (Désolé de décevoir les romantiques). Peut-être est-ce parce que je n'ai connu que des mauvaises expériences, mais c'est quelque chose de terriblement néfaste et destructeur à mes yeux, et je m'en méfie terriblement (même si je dois y rêver secrètement, je suppose). Jusqu'à tout récemment, j'aurais probablement spéculé que l'amitié ne peut pas exister entre un homme et une femme, justement parce que les sentiments ne peuvent faire autrement que s'en mêler, mais maintenant je pense que ça peut exister, malgré les malentendus et tensions inhérentes. Pourquoi pas.

Mais as-ton vraiment besoin d'amis, finalement? Sinon pour assouvir notre insatiable besoin de communiquer? Peut-être que c'est seulement une idée extérieure imposée par la société, que celle de vouloir avoir toujours plus d'amis. Ces temps-ci, je connais des phases de misanthropie assez aiguës - une haine féroce pour tout humain qui m'entoure me prend à la gorge et j'aurais le goût de tout les envoyer paître. C'est assez déstabilisant, mais durant ces périodes, je n'ai rien à foutre de l'univers entier, encore moins de mes amis. Est-ce que c'est des moments de folie, ou bien les seuls moments où je suis vraiment lucide? Ces moments de rage où je réalise que je suis seul, toujours seul, horriblement seul...

Finalement, il est peut-être préférable de ne pas trop examiner le concept de l'amitié et de tout simplement profiter de la présence de nos "amis", qu'ils en soient vraiment ou pas. Ça commence à être une habitude, de détruire mes propres textes en annexant un "peut-être que tout ça ne veut rien dire, finalement". Mais mon seul but en écrivant, c'est de me vider de toutes ces questions, et non pas de trouver des réponses. C'est fait, je devrais mieux respirer à présent!



Source : Darnziak.com


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