Le visage plus rayonnant, le coordonnateur départemental du Social Democratic Front (Sdf) dans le Haut-Nkam et par ailleurs vice-président à l’Assemblée nationale, Pierre Kwemo, sort de la salle. Ce dernier lève les deux bras vers le ciel, en signe de victoire. Il jubile, puisque son poulain, Romuald Tamo, vient de déposséder Etienne Sonkin du poste de président du Comité exécutif provincial du Sdf à l’Ouest (Cepo). Le verdict des urnes est tombé : 187 voix contre 155. L’ambiance monte davantage dans la cour du Foyer culturel de la communauté Menoua de Bangangté, immeuble ayant accueilli, le 4 mars dernier, les délégués du Social Democratic Front, inscrits pour une convention provinciale.
Ce résultat vient mettre un terme à des tiraillements ayant pour principale motivation le contrôle de l’exécutif provincial du Sdf dans cette zone. Depuis juillet 2005, le président sortant du Cepo, Etienne Sonkin, a eu affaire à des contradicteurs, à l’instar de Pierre Kwemo. Le vice-président de l’Assemblée nationale agissait par personnes interposées, Romuald Tamo ou Deffo Oumbé Sangong. Aucun camp ne voulait se plier devant l’autre. Aujourd’hui, Romuald Tamo et ses partisans peuvent se frotter les mains d’avoir glané des suffrages favorables. Mais, ils devront éviter de diviser davantage un parti déjà fragile dans la province de l’Ouest : " Je crois que ma principale priorité, c’est de réconcilier tous les militants de l’Ouest pour un Sdf plus fort. Parce que nous ne devons pas oublier que les échéances de 2007 au Cameroun sont capitales pour le Sdf ", pense M. Tamo. En fait, si l’on s’en tient au calendrier électoral, le mandat des maire et député devra être renouvelé en 2007 : " Si nous ne redorons pas notre blason, ça risque d’être grave pour nous. Il est question pour moi de recoller les morceaux, de travailler avec tout le monde pour préparer ces échéances ", poursuit-il.
En revanche, le président sortant estime que son successeur a usé de méthodes peu orthodoxes pour le détrôner : "Je voudrais bien accepter le verdict des urnes moyennant tout de même un certains nombres d’observations. A ma connaissance, beaucoup d’argent a circulé. Je ne désigne personne ", déclare Etienne Sonkin. Avant d’ajouter : " On connaît qui est qui, il y a un manitou qui a fait circuler cet argent. Et ça a eu l’effet que ça a eu. Je regrette, parce que j’ai peur que le phénomène de la corruption par lequel le Rdpc a anéanti le Sdf à l’Ouest, le faisant perdre le nombre d’élus, maires et députés, n’attaque le parti en son sein ". L’ex-président du Cepo poursuit en indiquant certains manquements qui ont influé à ses yeux, sur le renouvellement de la coordination les raisons, dit-on, d’un échec programmé : " La coordination de la Mifi, qui a été renouvelée par l’équipe sortante, n’a pas été prise en compte. A Bafoussam urbain où il y a eu cooptation, on a posé toutes sortes de problèmes. On a rafistolé la délégation. Et dans bien de circonscriptions où les responsables étaient sous le coup des sanctions par leur structure, ceux-là ont été autorisés à voter. Plus grave, c’est les présidents des circonscriptions qui donnaient, chacun à sa guise, la liste de ses délégués ".
Au-delà de différentes positions, la dernière convention du Sdf à l’Ouest a enregistré 349 délégués. 342 personnes ont effectivement voté et sept autres ont opté pour l’abstention. Lors des mêmes assises, les vingt autres membres du Cepo ont été élus. C’est ainsi que le poste de vice-président est revenu à Me Happi Messak, un proche de Deffo Oumbé et par ricochet de Romuald Tamo. Quant au reste de postes, on a procédé par des cooptations pour équilibrer l’exécutif provincial du Sdf, en y admettant plus de jeunes et de femmes. Ce qui n’a pas manqué de frustrer des militants qui avaient déclaré d’avance leur candidature. Les élections portant renouvellement du mandat des responsables du Cepo, étaient organisées et supervisées par une commission du Comité exécutif national (Nec) du Sdf, conduite par Elias Tanku, membre du Nec. Ils seront jugés au bout de quatre ans.
Etienne Sonkin quitte la présidence du Cepo, après y avoir passé neuf années consécutives (1997-2006). Il cède son fauteuil à M. Tamo, 58 ans, enseignant de lettres à la retraite. Le nouveau promu était, il y a un certain temps, vice-président du Cepo. Il avait été suspendu de ses fonctions par le Nec ‘‘pour une durée indéterminée’’. Une chose qui a créé une confusion dans les esprits, quant à la validation de sa candidature : " On a un peu discuté du problème, et on s’est rendu compte qu’il était suspendu de ses fonctions de vice-président. Le mandant du Cepo étant achevé, la suspension de M. Tamo est elle-même caduque. Il est resté militant du parti avec tous ses droits ", a précisé Me Joseph Lavoisier Tsapy, un des conseillers juridiques du Sdf.
Source: Le Messager
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