Ondo Ndong
Le président Paul Biya, comme tout homme politique roublard, est un homme aussi imprévisible que tenace. Beaucoup ont attribué la vague d’arrestations tous azimuts opérés depuis la mi mars à une pression internationale, financière (FMI / Banque Mondiale) et américaine.
Mais il ne faut pas oublier qu’en lançant sa campagne électorale pour la présidentielle du 10 octobre 2004, Paul Biya à Monatélé, dans le département de la Lekié, avait prévenu que rien ne serait plus comme avant.
Le message à la nation du 31 décembre, la sortie médiatique du 11 novembre dernier à l’occasion du lancement du recensement général de la population, ainsi que le discours du 31 décembre 2005, ont résonné comme des coups de semonces, et autant des mises en garde comminatoires contre ces « quelques uns » à « l’enrichissement scandaleux », aux dépens des populations camerounaises.
Car c’est bien de l’argent des Camerounais qu’il s’agit : à la CRTV, au Port Autonome de Douala, à la Camair, au Crédit Foncier, à la Sodécoton, à la Sosucam, à Camtel, à la Sic, aux Impôts…
La deuxième épouse et une maîtresse de l’ex-patron du Feicom aux arrêts ?
Pendant que les Camerounais retiennent leur souffle, et que d’autres s’essoufflent, en se demandant si le président ira jusqu’au bout de cette logique de dératisation des pilleurs de la République, des révélations n’arrêtent pas de tomber sur les baleines capturées dans la lutte contre les détournements de l’argent de l’Etat. Sur l’ex DG du Feicom, la banque des communes du Cameroun, les révélations, les anecdotes foisonnent à n’en plus finir, tels des contes de mille et une nuit.
L’opinion s’accorde d’ailleurs à dire que lui, « il est allé trop loin ». Gérard Ondo Ndong, à en croire les détails rocambolesques sur son train de vie et sa fortune, avait dû être piqué par une folie mégalomaniaque de l’argent et de l’opulence. Une opulence physique qu’il a gardé d’ailleurs encore du fonds de sa prison.
Sa deuxième épouse, la jumelle de la première, serait actuellement detenue à la police judiciaire à Yaoundé. On lui reproche des fausses déclarations et l’abus de biens sociaux. En effet, madame Ondo Ndong, au cours de l’inventaire des biens à saisir de son mari, a prétendu qu’une des villas de l’ancien patron du Feicom était celle de son fils, et que la villa que celui-ci possède au quartier Fouda à Yaoundé était la sienne : elle voulait ainsi faire échapper ces propriétés des biens saisis par la gendarmerie.
Les enquêteurs ont été en effet surpris de constater que cette dame, qui n’est qu’une simple documentaliste à l’Université de Yaoundé II à Soa, ait pu s’acheter une villa cossue d’une valeur de 500 millions de F CFA. Il n’a pas été jusqu’aux nombreuses maîtresses de l’ancien DG qui aient été épargnées par le tsunami de ces arrestations. Ainsi, l’ancienne secrétaire et puis caissière principale de Gérard Ondo Ndong, qui aurait été aussi sa petite amie a été arrêtée.
On a trouvé dans la villa qu’il lui avait construite au quartier Odza à Yaoundé lors des perquisitions, une somme de 2 millions de F CFA en liquidités, et des pièces bancaires attestant d’un compte en banque de 96 millions. Dans son parking, également saisie, une rutilante Bmw.
Tsunami d’arrestations au Port Autonome de Douala, Abah Abah sans pouvoir de signature
Pendant ce temps, au Port de Douala, la semaine qui vient de s’achever à été marquée par une razzia de directeurs et douaniers arrêtés dans le sillage de l’ex ministre Alphonse Siyam Siwé, dont l’ancienne chef de cabinet et ancienne caissière principale du PAD, Vivianne Tchatcho, a été arrêtée à sa descente d’avion Air France mercredi 1er mars dernier, alors qu’elle revenait d’une mission de France et en Israël.
Une soixantaine d’autres responsables sont internés aux prisons de New-Bell à Douala et de Kondengui à Yaoundé.
Bien d’indicateurs montrent que le président de la République ne fléchira pas, même si l’opinion, mis comme « en appétit » par cette vague d’arrestations, en demande d’avantage ! Mais il ne faut pas oublier que la justice doit être au début et à la fin du processus, dans le respect du principe constitutionnel de la présomption d’innocence.
Aussi, il est presque certain, sauf surprise, qu’avant le 20 mai prochain, qu’il y ait un nouveau gouvernement. Avec une dizaine de départs, et une cure d’amaigrissement des 64 portefeuilles actuels.
Des détails qui passent inaperçus dans l’activité gouvernementale sont tout de même troublants, et tendent à faire croire à l’opiniâtreté du chef de l’Etat à assainir la gestion publique camerounaise : le Premier Ministre Chef du Gouvernement « consulte » le président dans la prise de décrets, le ministre de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, semble-t-il n’aurait plus le pouvoir de signature transféré au Premier ministre, M. Abah Abah qui n’a d’ailleurs pu prendre son avion avec le Premier Ministre pour une mission aux Etats-Unis et en Europe en début de mois. Et bien de passeports auraient été retirés dans le milieu gouvernemental…
Nul ne connaît l’avenir, et n’est dans le secret du chef de l’Etat, le seul élu par les 16 millions des Camerounais. Mais les prochains jours pourraient voir les Grandes ambitions présidentielles aller plus loin.
En attendant, on peut continuer de constater que Yaoundé, jadis ville de Grosses voitures luxueuses, en a perdu un peu de sa superbe en grosses cylindrées : de dizaines de VX (gamme de luxe de Toyota) sont parquées au QG du GMI (Groupement Mobile d’Intervention) à Nkolfoulou, dans la banlieue sud, à une dizaine de kilomètres de Yaoundé.
Source : Cameroun-online
|