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Homosexualité : Amougou Bélinga condamné
(03/03/2006)
Dans l'affaire sur la liste des homosexuels présumés, Amougou Belinga a été condamné à 4 mois de prison. Le ministre Grégoire Owona a été blanchi.
Par François Bimogo
Amougou Bélinga condamné
Amougou Bélinga condamné
Le verdict du premier procès en diffamation sur l’homosexualité est tombé en mi-journée, ce vendredi 3 mars 2006.

Dans l’affaire qui l’opposait à Grégoire Owona, ministre délégué à la présidence de la République chargé des Relations avec les Assemblées et Sg-adjoint du RDPC au pouvoir, le directeur de publication du journal l’Anecdote, Amougou Belinga a été condamné par le Tribunal de Première Instance de Yaoundé centre Administratif à 04 mois d’emprisonnement, à une amende d’un million de F CFA, et le payement d’un franc symbolique à Grégoire Owona comme dommages intérêts.

Au demeurant, le groupe l’Anecdote, déclaré civilement responsable devra faire publier la décision dans les deux prochaines semaines, dans une quinzaine de journaux et de radio, sous astreinte de 300 000 F CFA par jour de retard. Le juge a estimé que les preuves (l’enregistrement d’une conversation téléphonique avec une présumée victime d’homosexualité de l’homme d’Etat) n’étaient pas assez solides. La défense de Amougou Belinga, a décidé de faire appel de la décision.

Au sortir de l’audience,Grégoire Owona a d’abord tenu à « remercier le bon Dieu pour avoir permis à lui, à son épouse et à ses enfants d’avoir tenu face à l’affront fait à un ministre et au gouvernement », il a ensuite dit continuer à croire en la presse, en « une presse libre, responsable et surtout patriotique au regard de l’ambition du président de la République …pour la jeunesse ».

« Justice a été rendue, pour ma part, l’affaire est close ! » a-t-il conclu. Jean-Pierre Amougou Belinga lui estime qu « le juge a subi une pression terrible », malgré la ténuité de la peine.

Ainsi s’achève le premier round d’un mois de procès pendant lequel la défense a laissé sur leur faim, le tribunal et l’opinion, qui attendaient des révélations fracassantes et des preuves massue sur l’homosexualité de certains hauts responsables de la République. On n’ose pas imaginer dans quel carnage judiciaire Amougou Belinga se serait retrouvé si les cinquante personnes citées dans cette liste lançaient en cascade des procès en diffamation, comme le ministre Owona.


Grégoire Owona : blanchi, mais éclaboussé !

Grégoire Owona blanchi
Grégoire Owona blanchi
Mais cette condamnation elle n’effacera pas le déluge d’invectives, de railleries, de suspicion, et d’accusations péremptoires essuyés par Grégoire Owona, qui s’en sort, malgré que blanchi, bien éclaboussé. Tout n’est pas terminé, il faudra attendre la décision des juges en appel, voire, la cassation de la cour suprême.

N’empêche, des conclusions sont déjà à tirer. Le procès de l’homosexualité, finalement un pétard mouillé, aura été une belle diversion de l’opinion. Une diversion dans la forme, mais au fond, la publication des listes de ces « pédé et lesbiennes de la République », aura permis de mettre au grand jour, et en débat, une pratique dont la tropicalisation en a fait une arme de pouvoir, et d’ostracisme social de ceux qui n’appartiennent pas à ce cercle des homosexuels que l’ont dit (avec raison), très solidaire.

Il est en effet absolument révoltant et intolérable que « baisser le pantalon » s’érige dans le confinement de quatre murs, en critère qui permette d’avoir droit à une place sous le soleil dans une société. Pris sous cet angle, et non pas comme libre orientation de la sexualité d’un individu, fut-elle contre-nature, l’homosexualité devient alors aussi néfaste que la corruption, sinon plus.

La démocratie, ce ne sont pas seulement les élections, les partis politiques, c’est d’abord les droits de l’homme qui en font le substrat. Et il est profondément injuste et injustifié que l’on impose à ceux qui veulent bosser au panthéon, de baisser le pantalon.

Et pourtant, seul le mérite devrait permettre de bosser au panthéon. Une telle instrumentalisation crétinesque et nauséeuse de l’homosexualité devient dès lors aussi condamnable que le népotisme, le tribalisme, « les promotions canapé » ou la corruption. Un pays pauvre n’a pas besoin de telles « tricheries », par surcroît dégoûtantes, pour sortir du clair-obscur du sous développement.

Corruption, homosexualité, pillage des caisses de l’Etat : ras-le-bol !

La banque mondiale dans son rapport annuel 2005, présentait la corruption comme l’une des causes de la pauvreté en Afrique, car la corruption instaure une culture de la médiocrité (absence de compétitivité) qui fait que les meilleurs produits d’une société restent parfois dans les oubliettes ou les poubelles de l’histoire, faute d’avoir eu « un frère », un « oncle », ou un autre illustre quidam quelque part pour être mis « en haut ».

L’égalité de chance, l’égalité devant la loi, sont les catalyseurs d’une saine émulation qui permet à la société de retenir les meilleurs, et les moins meilleurs, chacun à la place qu’il lui revient.

Au Cameroun, on en est à des années lumière. Et c’est ce ras-le-bol, ce crève-cœur qui transpire dans la condamnation violente avec laquelle la majeure partie de l’opinion camerounaise a accueilli la publication de ces « listes d’homosexuels et de milliardaires ».

Une telle explosion de colère est révélateur d’une seule et unique réalité: les Camerounais « en ont marre ». Marre de quoi ? De tout et de rien en même temps.

Marre de tout parce que, dans notre pays, il y a eu transformation de l’anormal en normal : voler est devenu « normal », tricher aussi, piller l’Etat est devenu une course à l’enrichissement rapide et sans cause dans laquelle tout le monde s’est lancé. Et en la matière, l’exemple est venu d’en haut.

Les petits fonctionnaires, ont suivi les traces des hauts fonctionnaires. Puisque ceux qui construisaient des châteaux, roulaient dans des voitures indécemment chers pour la pauvreté ambiante, sans être inquiétés, la compétition semblait ouverte, c’était à qui allait le plus voler et jouer les roitelet dans son village.

C’est ainsi qu’il faut sans doute interpréter, l’acharnement avec lequel l’opinion se jette, comme des mort-la-faim, sur ces personnalités que l’on a brocardé d’homosexuelles, ou qu’on arrête pour détournement de la fortune publique.

« Le riche désarmé est la récompense du pauvre », disait Machiavel.
Ce qui a commencé doit finir.



Source :Cameroun-online






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