A quelques heures du verdict qui devra être rendu ce midi par le président Alexandre Anaba, c’est la sérénité générale dans les états-majors des deux parties opposées dans cette affaire qui défraye la chronique depuis plus d’un mois. On est sûr, du côté de la défense de Jean Pierre Amougou Belinga, directeur de publication du journal " L’Anecdote " que le juge va décider de la relaxe. Alors que chez les conseils de Grégoire Owona, il ne fait aucun doute que le prévenu a agi par pure volonté de nuire, et que l’image, l’honneur et la respectabilité de leur client ont été bafoués par l’inscription de son nom dans ce " top 50 " des homosexuels, même présumés. Le suspense est donc haletant, tant les deux parties sont sûres d’elles.
Les avocats du ministre Grégoire Owona demandent le franc symbolique et des excuses publiques en cas de jugement favorable. Selon eux, il y a diffamation parce que le fait a été porté au public. " Est-ce que les gens ont compris la liste du journal " L’Anecdote " comme un exemple de présomption ? ", interroge Me Guy Noah. Pour ce dernier, non seulement l’imputation est diffamatoire parce qu’elle porte atteinte à l’honneur et à la considération de son client, mais aussi parce qu’elle jette l’opprobre sur sa famille et ses enfants. " Mon client, étant sûr de lui, sachant qu’il n’est pas homosexuel, et parce qu’il réprouve cette pratique en raison de sa culture, ne pouvait supporter une telle infamie. Dans la procédure judiciaire, il s’est avéré que ceux-ci n’avaient produit qu’un élément, un appel anonyme. Aucune preuve n’a par conséquent été apportée dans l’enregistrement sonore présenté ". Sur les arguments de non respect de la procédure émis par la défense, Me Guy Noah déclare que c’est de bonne guerre de vouloir s’attarder sur la forme quand on a un mauvais dossier. " Pour être diffamatoire, le fait précis doit être une allégation ou une imputation qui doit se présenter sous la forme d’une articulation précise de fait, de nature à être prouvée et à faire l’objet d’un débat contradictoire. Selon les tribunaux, le fait peut être une simple opinion, un propos ou un état ", argue-t-il. Pour la partie civile, la défense n’a fait que dans le dilatoire. " Ils ont plus plaidé pour séduire le public ", ajoute Me Hélène Fokoua.
Rencontré dans son étude, Me Biock Ismaël Bibibano, l’un des avocats de la défense, a axé sa plaidoirie, depuis le début du procès, essentiellement sur le fait d’une part que le délit de diffamation n’est pas caractérisé. Parce que les éléments constitutifs de cette infraction n’étaient pas réunis, et que les canons de la procédure qui relèvent d’un domaine technique ont été bafoués au départ. " La partie civile qui visait deux infractions a éliminé une d’entre elles, c’est-à-dire l’injure. Et n’est restée qu’avec la diffamation. Dans notre démarche, le fait de lancer au visage de quelqu’un le terme homosexuel est plutôt un terme outrageant, mais qui ne renferme pas l’imputation d’un fait. Cela est analysé en droit comme une injure, non une diffamation ".
Source : Cameroon Tribune
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