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Les “ Siamwistes ” pleurent
(03/03/2006)
Après l’arrestation de l’ex-Dg du Pad par ailleurs premier magistrat minicipal de la ville, la mairie fonctionne.
Par Roland TSAPI à Bafang

Mairie de Bafang, il est 8 heures ce jeudi 2 mars 2006 quand nous pénétrons dans l’imposante enceinte de la commune dont le bâtiment est nouvellement repeint. Les bureaux du rez-de-chaussée sont déjà ouverts, et les employés bien en place. A l’étage, le secrétaire général s’occupe déjà à recevoir les usagers. Le bureau du maire est fermé, ainsi que son secrétariat particulier. En réalité il n’est jamais ouvert, puisque le maire Siyam Siwé Alphonse n’est jamais là. Le bureau du 1er adjoint au maire également fermé, son locataire résidant à Douala. En l’absence de ces deux, c’est le 2ème adjoint, Sa Majesté Kamga Nganjui René qui est le véritable patron des lieux. En témoignent les actes affichées au babillard, tous signés de lui.

Il est 8h30 quand il arrive. A peine a-t-il ouvert son bureau qu’il commence sa journée par la célébration à huis clos d’un mariage : seuls deux témoins accompagnent les mariés. La célébration dure 30 minutes. Après eux, deux jeunes avec un bébé entrent, accompagnées de leurs parents. Ils viennent faire établir l’acte de naissance de leur enfant. Le maire émet des réserves, et pour cause : le garçon a 20 ans, la fille en a 18. Leur aventure (sans protection) a donné naissance à un bébé. Trois autres bébés se succèderont dans le bureau, en quête de reconnaissance.

C’est finalement un maire “ serein ” qui nous reçoit : “ Tout le monde peut avoir des problèmes dans la vie. Nous restons sereins, encore que nous ne maîtrisons pas bien les raisons pour lesquelles il est arrêté. C’est à travers les médias que nous apprenons aussi. Mais Siyam reste maire ici, rien ne lui enlève ce titre ”, affirme le 2ème adjoint qui nous prend à témoin pour montrer que les services fonctionnent bien. Même son de cloche du côté du secrétaire général Alexandre Tchuaini, déjà habitué à l’absence du maire même du moment où il était en liberté : “ Le maire est une personne morale. Vous voyez, c’est lui qui a ordonné tous ces travaux (de peinture Ndlr). Il y a certaines mairies où le maire est présent mais on ne fait pas cela. Vous voyez donc que tout marche bien. Bon, maintenant on attend. Nous l’aimons bien, et c’est à ceux qui l’ont arrêté d’apporter des preuves. ”

En réalité l’arrestation de Siyam Siwé ne semble pas affecter le fonctionnement de la mairie, où les employés étaient déjà habitués à son absence. Une constance se dégage tout de même ici, le maire incarcéré à la sympathie de tout le personnel de la mairie qui regrette amèrement que cela soit arrivé, et dit devoir supporter comme “ quand un être qui vous est cher meurt ”, selon le gérant du cyber café de la mairie. Un cyber café doté de 12 postes fonctionnels connecté directement via le satellite et qui est une autre fierté de la mairie de Bafang.


Regrets

Selon un fonctionnaire en service à Bafang, les personnes qui regrettent amèrement cette arrestation sont les prébendiers qui mangeaient dans sa poche, à toutes occasions. “ La journée de la femme ne sera plus la même chose ici, parce qu’il n’y aura plus les pagnes qu’il (Siyam) distribuait. Quand il était au Port, c’étaient le festin à Bafang tous les week-ends. Les voitures du Port inondaient les rues de Bafang et des villages environnants, pour distribuer nourriture et boissons au nom du Rdpc. Tous ceux qui en profitaient regrettent maintenant. ” Notre interlocuteur qui avoue avoir été constamment choqué devant cette extravagance n’est pas fâché pour Siyam, mais regrette plutôt le sort de ceux-là qui profitaient des largesses de l’ex-Dg du Port pour s’en mettre aussi pleine les poches. Il cite l’exemple du président de la section Rdpc du Haut Nkam qui doit être bien malheureux maintenant, n’ayant pas les moyens par lui-même de faire ce qu’il faisait avant (mobiliser les troupes.) Les associations de femmes aussi, qui recevaient en pareilles occasions (journées de la femme) des pagnes seront également sevrées, sans compter les multiples “ fan club ” qui accueillaient en chanson le papa tous les week-ends, moyennant des billets de banque qui ne se comptaient pas. Le fonctionnaire qui a vu son salaire subir des coupes drastiques alors que d’autres amassaient des milliards exprime le souhait de voir l’argent détourné être rapatrié. Et à la mairie comme dans la rue, on attend l’issue de l’affaire.

En rappel, Siyam Siewé, maire de Bafang a été démis de ses fonctions de ministre de l’Eau et de l’Energie le vendredi 24 février 2006 et mis aux arrêts le même jour pour répondre de sa gestion du Port autonome de Douala à l’époque où il en était le Dg

Source : Cameroon Link


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