La psychose qui s’empare des Camerounais est loin de se limiter seulement aux hauts cadres de l’administration. Le manque de communication, qui entoure l’opération d’assainissement, ne semble pas faciliter les choses.
es arrestations opérées depuis la semaine dernière dans la haute administration sont certainement loin d’être terminées. Près de deux semaines après le début de l’opération, le pays est plongé dans une incertitude, car non seulement on ne sait plus qui peut être arrêté, mais les uns et les autres sont tiraillés par lesdites arrestations, des tentatives de manipulation de la presse et l’attente d’un remaniement ministériel. La suspicion, la délation, les règlements de compte et les tentatives de positionnement n’ont jamais aussi prospéré, donnant même l’impression de replonger dans la scabreuse époque de la police politique. Chacun va de son commentaire et de ses conjectures, tandis que parmi les populations, la dialectique “ pour ” et les “ contre ” les arrestations s’élargit au jour le jour.
Indépendamment des opinions, des sources proches de l’enquête soutiennent que le champ des arrestations devrait se poursuivre, avec en ligne de mire, la probable interpellation d’une demi-douzaine de responsables qu’on dit être sur le viseur des enquêteurs. Il ne manquerait que le signal d’Etoudi, pour que l’étau se resserre sur eux. Il s’agirait principalement de trois ministres en fonction, de deux anciens ministres, d’un directeur général de société publique en fonction et d’un ancien directeur général. Soit, au total, sept personnalités “ présumées auteurs de détournements de deniers publics, de corruption, de faux et usage de faux au préjudice de l’Etat et de certains établissements publics ”. Leur interpellation pourrait intervenir à tout moment, les enquêtes préliminaires ayant été bouclées.
Les injonctions de Paul Biya.
Des informations puisées à bonne source soutiennent que, si l’on n’a pas encore retiré les passeports aux mis en cause, ceux-ci ne sont pas pour autant totalement libres de leurs mouvements, conformément aux injonctions de la hiérarchie. Paul Biya - qui subirait lui-aussi la pression des bailleurs de fonds - s’étant personnellement rassuré que les services spécialisés sont entrés en possession de la liste “ noire ”, certainement pour éviter toute tentative de fuite et de manipulation. C’est dire si chaque jour qui passe comporte son lot de révélations. Il convient, toutefois, de souligner
que,dans la recherche du scoop, s’enchevêtrent, tentatives manipulation, règlements de compte et volonté de positionnement. Ce qui peut parfois induire la presse en erreur par la publication des informations erronées, d’autant que pour diverses raisons, des “ commanditaires ” tapis dans l’ombre se montrent particulièrement “ gentils et disponibles ” ces derniers temps à l’égard d’une presse, plus que jamais sollicitée. Une “ philanthropie ” que la presse a rarement connu, et dont il convient forcément de se méfier. Même si on se serait attendu que deux semaines après le début de l’opération, que les autorités fassent le point, ce qui permettrait au public de mieux comprendre les contours de cette opération. Encore que le gouvernement ayant décidé de ne pas communiquer sur le sujet, ne serait-ce que de manière hebdomadaire, de nombreux Camerounais, ainsi que des observateurs ont tendance à croire qu’il s’agit d’une mise en scène du pouvoir.
La haute hiérarchie, qui entend certainement redorer un blason ternir par des années de corruption et de malversations diverses dans l’administration, ne semble pas cacher sa détermination à aller plus loin dans l’interpellation, voire l’arrestation des gestionnaires indélicats de la fortune publique. Paul Biya, qui s’apprêtait depuis quelque temps à prendre quelques jours de congés en Europe, pourrait finalement annuler ce voyage, question de suivre de près l’évolution de certains dossiers cruciaux. Si les soupçons de détournement de deniers publics qui pèsent sur les ministres en fonctions venaient à être confirmés, cela mettrait certainement le chef de l’Etat dans une situation difficile.
Après avoir limogé Siyam Siwé du portefeuille de l’Eau et de l’Energie, remplacé par un intérimaire, Justin Ndioro, ministre chargé de Missions à la présidence, le chef de l’Etat pourrait-il accepter de limoger d’autres ministres et désigné autant d’intérimaires, au risque de porter un coup à l’efficacité du gouvernement ? Décidera-t-il d’opérer un remaniement ministériel avant l’éventualité du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés en avril prochain ? Il s’agit certainement d’une équation difficile à résoudre. En attendant de voir plus clair, le moins que l’on puisse dire est que depuis le déclenchement de cette opération, le Cameroun vit dans l’incertitude, bien que pour le moment, très peu de citoyens envisageraient une éventuelle déstabilisation des institutions.
Source : Cameroon Link
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