C'était au quartier Elig-Essono à Yaoundé. Habillé d’une chemisette noire et d’un pantalon noir, il devise sommairement avec un administrateur de la Fédération camerounaise de football et s’engouffre dans son véhicule, une Jeep Cherokee noire, qui démarre aussitôt. Une heure plus tôt, aux environs de 13h25, il avait déjà été aperçu sur les lieux où il répondait à une convocation contresignée par le procureur de la République et le commissaire principal, Pierre Nith, de la sous-direction des Enquêtes économiques et financières à la direction de la police judiciaire.
Si l’on s’en tient aux termes des convocations individuelles libellées le samedi 25 février et qui ont été déposées au siège de la Fécafoot à Yaoundé le lundi 27 février, Iya Mohamed, Vincent Onana, Alioum Alhadji, David Mayebi, Jean-René Atangana Mballa, le colonel Tchatchou, Antoine Depadoue Essomba Eyenga, Jean-Jacques Evini Avang, Samuel Wembe, Jacques Roux et Jean-Claude Sisi devaient se présenter le même 27 février à 10h à la PJ. Une 12e personne, dont l’identité ne nous a pas été révélée, et que des sources proches de la Fécafoot déclarent inconnue au bataillon, a également été convoquée.
Opération “Coup de coeur”
Dès réception de sa convocation, Iya Mohamed a quitté Garoua pour Yaoundé le mardi 28 février. A son arrivée, le président de la Fécafoot s’est rendu à la Dpj où il lui a été demandé de repasser le lendemain, mercredi 1er mars à 10h, pour être entendu. Ce qui a effectivement été fait hier. A sa suite, David Mayebi a également été entendu. Vincent Onana devait être entendu hier à partir de 18h. L’ancien président de la Fécafoot, arrêté avant la coupe du monde 1998 et incarcéré, est aujourd’hui député à l’Assemblée nationale comme Alioum Alhadji, ancien chef du département financier à la Fécafoot. Le chronogramme des auditions prévoit aujourd’hui les passages de Jean-René Atangana Mballa, du colonel Tchatchou et de Samuel Wembe. Il faut noter que parmi les personnes convoquées, Antoine Essomba Eyenga ne se trouve pas au Cameroun en ce moment et Jacques Roux vit en France.
Sur les mobiles de ces convocations qui concernent des personnes qui dirigent ou ont dirigé la fédération camerounaise de football ces dix dernières années, il y a un clair-obscur. Des sources de la Dpj font état de la poursuite de l’investigation dans un "vieux dossier", tandis que du côté de la Fécafoot on soutient que les convocations font suite à une plainte du ministre des Sports et de l’Education physique, Philippe Mbarga Mboa. Plainte relative à la gestion de cette fédération sportive depuis 1996. Des proches collaborateurs de ce dernier sont restés assez évasifs sur l’implication ou non du ministre dans cette nouvelle affaire à la Fécafoot.
Depuis un peu plus de dix ans, la Fécafoot est dans un cycle d’affaires avec, à chaque fois, des relents financiers et des magouilles qui n’ont jamais été véritablement tirées au clair malgré des procès, des commissions d’enquête et des missions du Contrôle supérieur de l’Etat.
Des observateurs ne manquent pas de s’étonner du fait que le ministre des Sports, vraisemblablement à l’origine de la réouverture du dossier, n’ait pas poussé la logique jusqu’au bout en décidant de faire la lumière sur le flou qui a entouré "l’opération coup de cœur" et la gestion des fonds générés par la coupe du monde 1994. A l’époque, Philippe Mbarga Mboa était trésorier général de la Fécafoot.
Source: Cameroon Link
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