Siyam Siewé
Hier, 24 février, il est 12h 30 à Yaoundé, capitale du Pays des Lions indomptables. Au ministère de l’Eau et de l’Energie, comme dans tout le centre administratif, le soleil dans le ciel moutonné fait briller les quelques voitures garées dans le parking.
C'est sur ces entrefaites, le Secrétaire général des Services du Premier Ministre Jules Doret Ndongo débarque pour l’installation de Justin Ndioro, nouveau ministre par intérim à la place de Alphonse Siyam Siewé.
Peu avant, la secrétaire de ce dernier est exfiltrée du ministère par des « hommes en civil ». La passation de service ne dure que 5 minutes. Siyam Siwé est débarqué; il veut retourner à son bureau prendre quelques effets, on lui signale « que cela ne vaut plus la peine ».
Il sera emmené à la toute nouvelle Cour des Comptes, avant de passer au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED).
Les histoires de Ondo Ndong Gérard
La nuit entre temps est tombée sur Yaoundé, et c’est vendredi, début de week-end.
Nous sommes dans un quartier à l’est de la ville, dans un carrefour encerclé de bars, de boui-boui et de petits commerces. Du fond d’un grand hangar jusqu’à fleur de trottoir, des dizaines d’hommes et de femmes boivent et mangent des rôtis de viande de porc et de bœuf.
Les serveuses en blouses, des midinettes en tenue légère, n’arrêtent pas de passer, les unes avec des bouteilles de bière qui sans cesse vidées, les autres, avec des minijupes ou des pantalons taille basse accrochés à des chutes de reins à faire réfléchir un curé sur les vertus du célibat.
On ne parle que d’une chose ou presque : ces ministres et directeurs généraux qu’on arrête. Il y a là des partisans et des détracteurs de ces actions du Président Paul Biya. « Ce sont les américains qui le forcent à arrêter ces détourneurs de fonds publics, il attendait quoi avant ? », peut-on entendre d’une bouche qui en avait déjà biberonné des litres de bière, noire de préférence.
Pour d’autres, le chef de l’Etat est à encourager à aller jusqu’au bout, que ses actes sont courageux, malgré tout…Et voilà qu’il se met à pleuvoir sur la ville.
Les grosses gouttes de flotte qui tombent sont à l’image de ces têts de hauts fonctionnaires de la République qui tombent, en même temps que se dévoilent leurs « crimes économiques » et leurs petites folies des gens bien qui ne savent plus diantre quoi foutre de l’argent.
Dans les conversations, le nom de l’ancien directeur général du Feicom revient. On se rappelle de ce cortège de véhicules personnelles qui s’ébranlaient les vendredi vers Ambam (province du Sud) pour le week-end de M Ondo Ndong, week-end orgiaques où la bière coulait comme cette pluie qui se déversait sur l’asphalte des rues en core ou déjà goudronnées de Yaoundé.
Vérités éméchées ou fantasmes, M Ondo Ndong aurait un passeport Equato-guinéen, qui lui permettait de traverser la frontière toute proche à partir de chez lui pour aller faire des fêtes gargantuesques en Guinée Equatoriale.
Les mauvaises langues disent q’une fois, il auraient donné 50 millions dans un village là-bas, chez le président Obiang, pour faire la cuisine ; les femmes s’étaient alors renfrognées en demandant l’argent « des condiments » (aromates entrant dans la cuisine) : 5 millions de F CFA vont être données illico pour l’achat « des condiments »…
Ceux qui sont entrés dans ses nombreuses villas de mille et une nuits disent qu’il avaient un goût pathologique du luxe et particulièrement des meubles importés.
L’ancien agent comptable du Feicom qui a été également arrêté, et lui, s’arrangeaient à signer des chèque « pour eux-mêmes » en centaines de millions de francs. Le premier aurait construit une mini-cité à l’université de Yaoundé II Soa avec le butin de ces détournements, alors même que officiellement il ne touchait pas un salaire de 200 mille francs le mois.
Siyam Siewé : enrichissement à bon Port
Sur le compte de Alphonse Siyam Siwé, il lui est reproché des détournements du temps où il était directeur du Port Autonome de Douala (PAD), détournements de milliards en complicité avec ses sous-directeurs.
On aimerait également y voir clair dans ses nombreuses stations services. On évoque en outre son passage au Conseil d’administration de la Sonel (société nationale d’énergie électrique privatisé devenue AES-Sonel). La Cour des Comptes aura du travail…
ans ce carrefour chaud de l'est de Yaoundé, la pluie venait de s’arrêter, des personnes étaient parties et d’autres étaient arrivées, et surtout d’autres bouteilles de bière s’étaient vidées.
Les regards étaient moins vifs, et on bavardait d'avantage moins.
Il était 23 heures et le Cameroun venait de vivre un autre jour pas comme les autres dans son ronron quotidien de pauvreté généralisée à quelque Siyam et Ondo Ndong près.
On attendait la suite des évènements, car visiblement, ce n’était que le commencement…de la fin de l’impunité.
Source : Cameroun on line
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