Finalement, il y aura eu plus de peur que de mal pour le personnel et les visiteurs de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Yaoundé. Ce mardi 30 mars 2004, il est un peu plus de 13 h, lorsqu'on aperçoit soudain une colonne de fumée qui s'élève dans l'enceinte de la représentation diplomatique américaine au Cameroun. À l'entrée du bâtiment, une foule nombreuse s'est rapidement constituée. On y compte des employés de l'ambassade, reconnaissables à leurs badges qu'ils n'ont pas eu le temps d'enlever. Il y a aussi là, les nombreux demandeurs de visa, qui chaque jour, s'alignent à cet endroit, et enfin des hommes en tenue, qui tentent de contrôler les mouvements des personnes. Toutes ces personnes ont été alertées par l'alarme quelques minutes plus tôt. Les activités ont été complètement suspendues. On parle d'un incendie. D'ailleurs, pas très loin de l'entrée, on peut repérer l'origine de la fumée. Une petite pièce, autour de la quelle les agents de sécurité de la société Wackenhut, chargée de la surveillance des lieux, s'activent avec des petits extincteurs. À l'intérieur de cette pièce se trouve un générateur électrique qui, d'après les personnes présentes, aurait pris feu.
Dans la cour, les gens, qui quelques minutes plus tôt ont quitté les bureaux précipitamment, prennent maintenant la chose avec délectation. Chacun raconte, sourire au lèvres, les différentes pensées qui lui ont traversé l'esprit. Les responsables américains de l'ambassade mettent un point d'honneur à tranquilliser tout le monde. " Ce n'est rien de bien grave ", déclare l'un d'eux, qui évoque même un exercice. Mais déjà, dans la foule des curieux et des passants qui se sont massés devant le centre culturel américain, on entend parler de Ben Laden, de Al Qaeda, et des terroristes. Juste à côté, une dame, employée à l'ambassade, raconte comment elle a été à l'origine de l'alerte. Elle descendait les escaliers, pour se rendre à une autre aile du bâtiment, lorsqu'elle a aperçu la fumée, et crié au feu.
L'alerte a été donnée tout de suite, et les gens ont quitté l'enceinte pour laisser la place aux agents de sécurité. Des agents de police se sont immédiatement postés au lieu dit " carrefour Abbia ", indiquant à tous les véhicules, qui allaient en direction de l'ambassade, de faire volte face, même manège par l’entrée de l’immeuble T. Bella ou en venant de la boulangerie Calafatas. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard que les sapeurs-pompiers arriveront sur les lieux. Pour constater qu'il n'y avait plus rien à faire.
Pour le personnel ordinaire de l'ambassade, il y a eu à peine quelques minutes de frayeur. Dues à un feu au demeurant anodin. Mais pour les agents de sécurité, il y a eu bien plus. Les flammes sont venues en effet confirmer la psychose d'un attentat terroriste, qui le matin même, était revenue sur les devants de la scène. En effet, deux heures environ avant le mouvement de panique, on a évoqué une alerte à la bombe au sein du personnel chargé de la sécurité à l'ambassade des Etats-Unis. Du coup, les contrôles et la méfiance ont été renforcés aux différentes entrées de l'ambassade. Les différentes voies d'accès ont été barrées. On a aperçu aussi un agent de sécurité et quelques Américains parcourir la cour arrière de l'ambassade avec un détecteur de métal, examinant tous les recoins, ainsi que tous les véhicules garés dans le parking intérieur. Ce n'est que bien après la maîtrise du petit incendie, que les choses se sont plus ou moins tassées. En début de soirée, on pouvait juste apercevoir, à l'entrée située face à la boulangerie Calafatas, les barrières qui ont servi à bloquer la circulation. Autre traces des événements des heures précédentes, le nombre de policiers, inhabituel en ces lieux. À l'ambassade des Etats-Unis au Cameroun, on a dû se frotter les mains hier. Cette fois, c'était une fausse alerte. Et la prochaine ?
source: Quotidienmutations, Jules R.Nkonlak &Thierry Ngogang
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