Mesdames et Messieurs,
Gregoire Owona
En votre qualité d’Hommes et de Femmes de media et pour tout ce que vous faites pour la défense des libertés en général et celle de la presse en particulier :
J’ai souhaité venir ce jour, vous annoncer tout à fait officiellement et solennellement, que j’ai porté plainte contre certains de vos confrères (si vous me permettez de les appeler ainsi bien sûr), à l’occasion de la publication de listes où mon nom s’est retrouvé à plusieurs reprises indexé comme présumé homosexuel.
En plus de 20 ans de vie politique, il m’est souvent arrivé de faire face à l’adversité et à la calomnie à travers la presse. J’ai généralement eu une réaction qui variait selon le cas : je me suis parfois muré dans un silence non coupable ; j’ai quelquefois fait usage de mon droit de réponse ; souvent aussi, je suis allé à la rencontre de mes pourfendeurs, pour leur fournir davantage d’explications, de sorte à favoriser la manifestation de la vérité des faits à laquelle je sais les journalistes très attachés. Mais, sur ce coup, j’ai pris la décision d’ester en justice.
Et, au moment où je m’apprête à me présenter au tribunal, pour la première fois à titre personnel, pour diffamation et atteinte à mon honneur et à ma dignité, je souhaite vous faire savoir que je m’y résous parce que j’ai la conviction que la ligne rouge qui n’aurait jamais dû être franchie contre une personne l’a été.
Dès lors, je me trouve dans l’obligation de défendre, non seulement mon honneur et ma dignité d’homme, mais aussi celui de ma famille qu’une telle infamie pourrait suivre pendant des générations. (Il convient de préciser que l’homosexualité est réprimée par la loi de notre pays et est inconcevable dans notre culture).
Avant cela, j’ai fait publier des droits de réponse. J’ai démenti ce qui a été dit sur mon sujet, estimant que les organes de presse concernés avaient été induits en erreur. Je n’exigeais que de simples excuses comme on nous a appris à le faire dans nos familles, à l’école et dans ma religion catholique, en cas de faute ou d’erreur. Cela m’a été refusé. Alors je réitère que je ne suis mêlé ni de près ni de loin à des pratiques homosexuelles ou assimilées qui sont interdites par ailleurs dans mon pays et qui seraient à l’origine de ma promotion sociale.
Ce procès qui va s’ouvrir, je le place sous le signe du respect des règles sociales et de la bienséance. Je l’intente contre la médisance et la calomnie. Par ce procès, et contrairement au message que l’on a voulu faire passer à la jeunesse, je voudrais que les jeunes soient convaincus qu’on ne réussit que par le travail et la pratique des valeurs morales. Que toute réussite au sein de la société camerounaise ne saurait être suspecte, ni tout succès coupable, parce que devant passer par autre chose que le mérite et la compétence. Je ne fais pas le procès de la presse camerounaise. De manière globale, je place cette presse très haut, bien au-dessus de la moyenne. Car, elle a, en d’autres temps, fait un travail méthodique et professionnel, en dénonçant toutes sortes de délits, en toute responsabilité, provoquant diverses condamnations et actions. Non, nous n’avons pas la mémoire courte envers cette presse camerounaise qui se développe, se diversifie à souhait, même s’il lui arrive encore de commettre des erreurs dans le feu de l’action. Ma conviction reste que notre pays a toujours besoin d’une presse libre, indépendante, responsable et forte, qui raffermisse les piliers de notre démocratie.
Ceux qui n’ont pas la mémoire courte se souviennent de ce que, jeune député de la nation en 1988, avec quelques-uns de mes collègues parlementaires du Rdpc, dont certain au gouvernement aujourd’hui, nous avions fait, en son temps, une proposition de loi, qui fit grand bruit, visant la libéralisation de la presse et du secteur de l’audiovisuel, pour accompagner le projet démocratique du président Paul Biya qui reste au cœur de mon adhésion à la politique du Renouveau et demeure ma préoccupation politique majeure. La légalité voudrait qu’on se batte dans le cadre législatif des lois existantes : si elles ne nous conviennent pas ou si elles ont quelques insuffisances, des procédures sont mises en place pour procéder à des changements et à des améliorations en collaboration avec les institutions de la République.
Je vous prie de recevoir mes très cordiales salutations, en souhaitant que cet incident ne décourage personne dans la construction de l’Edifice Cameroun que je vois grand, beau et solide.
Grégoire Owona
Source: Cameroon Link
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