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Débat : Conflit sur le Noir et le Blanc
(14/01/2006)
Gaston Kelman a poursuivi à Yaoundé une discussion publique qui l'oppose à Bassek ba Kobhio et d'autres penseurs.
Par Jean Baptiste Ketchateng

"J'espère que vous ne faites pas ça parce qu'il y a des positions qui vous arrangent." L'autre venait de lui refuser le micro parce qu'il ne voulait pas d'un débat entre deux personnes. Le ton était ferme. D'une imperceptible violence. Mais il traduisait, en fait, l'importance du sujet du débat qui animait la discussion publique de mercredi dernier au Centre culturel français de Yaoundé.

Gaston Kelman, l'auteur du célèbre "Je suis noir et je n'aime pas le manioc", publié chez Max Milo en 2003 ,y présentait, on peut le dire, sa vision du monde. Le prétexte était son nouveau livre, "Au-delà du noir et du blanc", (Paris, 2005, même éditeur). Kelman explique que son ouvrage est irrigué par la connaissance et la compréhension de l'oeuvre de Franz Fanon, en rapport avec la condition et l'avenir du noir. D'ailleurs qu'est ce que le noir, le nègre, etc. "Qu'est-ce que c'est, cette histoire de nationalité nègre? Le nègre n'est pas. Pas plus que le Blanc", s'exclame l'écrivain en empruntant à son mentor.

La question qui se pose, selon lui, est celle de savoir comment est-ce que le Noir peut sortir du carcan où le Blanc l'a enfermé depuis le 14è siècle et qui le pousse à se définir par rapport au monde occidental. "Les Blancs comme les Noirs ont commis des crimes", soutient Kelman. Aujourd'hui il s'agit de regarder de l'avant, d'adhérer à une culture de l'universel, au lieu de pleurnicher sur des malheurs dont personne n'est plus responsable. Au-delà du Noir et du Blanc, il y a donc un homme qui doit prendre en main son destin. Où qu'il soit, de quelque couleur qu'il soit.
Kelman en était encore à présenter cet argumentaire riche d'exemples et vigoureux de conviction quand Bassek ba Kobhio, le premier, a pris la parole. "Non. Tu ne peux pas faire ça. On ne peut pas citer quelqu'un comme Fanon en sortant ses phrases de son contexte. Dans Peau noire, masques blancs, il dit justement qu'il refuse d'être embrigadé dans le classement des races. C'est pas un débat de races, mais un débat de classes, puisque même dans nos familles, entre nous les Noirs, on dit tel vit comme un Blanc, tel se comporte comme un Noir", affirme le cinéaste.

Kelman prétend que Bassek a mis un peu d'eau dans son vin par rapport à leur première discussion, au café littéraire du Kaba Ngondo, en août 2005: "Tu pensais que le noir avait des caractéristiques. Et puis, il est difficile de ne pas citer, puisqu'il s'agit de tout un livre..." Mais l'autre insiste en paraphrasant le même Fanon. "Je n'ai pas d'essence noire, mais une condition, une situation d'homme noir à Yaoundé, qui est différente de celui de New-York. Je mène une existence de nègre opprimé."
La discussion a soulevé de nombreuses autres questions. N'était-on pas là en plein dans un débat intello-bourgeois parfaitement inutile ? Etait-il possible de critiquer la condition du noir depuis Paris et de ne pas revenir en Afrique pour participer au "combat" ? Kelman est sûr de l'utilité de sa contribution là où il est. Il ne viendra donc pas marcher contre les dictatures africaines sur le pavé de Yaoundé. Mais à l'inverse, on le retrouvera certainement au Kaba Ngondo, dans un face-à-face avec Bassek ba Kobhio. Et peut-être qu'alors, la querelle intellectuelle sera vidée.



Source: Quotidien Mutations


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