Lecteur Windows Media Player "coupable"
La Commission européenne a infligé mercredi une amende record de près de 500 millions d'euros à Microsoft, coupable d'avoir abusé du «quasi-monopole» de son système d'exploitation Windows pour écraser ses concurrents sur tous les autres marchés. La firme américaine va faire appel.
Les autorités européennes de la concurrence confirment ainsi une décision qui était attendue. «Parce que ce comportement illégal se poursuit», elles exigent en outre que la société de Bill Gates change sa manière d'opérer.
Elles donnent donc à Microsoft 90 jours pour proposer aux fabricants d'ordinateurs une version de Windows débarrassée de son lecteur audio et vidéo Windows Media Player, et 120 jours pour fournir un code interface «complet et précis» à ses rivaux sur le marché des serveurs afin que leurs produits puissent être totalement compatibles avec les ordinateurs sous Windows.
«Les sociétés dominantes ont la responsabilité spéciale de s'assurer que la façon dont elles font des affaires n'empêche pas la concurrence (...) et ne se fait pas au détriment des consommateurs et de l'innovation», a déclaré mercredi le commissaire européen à la concurrence Mario Monti.
«La décision d'aujourd'hui restaure les conditions pour une concurrence juste sur les marchés concernés et établit des principes clairs pour la future ligne de conduite d'une société avec une position dominante aussi forte», a-t-il estimé.
Microsoft, qui compte faire appel, a 70 jours pour ce faire. Le géant de l'informatique devrait aussi demander à la Cour européenne de suspendre la décision de Bruxelles durant l'appel. Le cas pourrait ne pas être réglé avant plusieurs années.
La semaine dernière, des négociations entre Microsoft et la Commission européenne avaient échoué. Cette dernière avait insisté pour que les règles du jeu définies s'appliquent aussi aux futures versions de Windows. Elle enquête déjà sur une plainte déposée par des concurrents de Microsoft contre la dernière version de son système d'exploitation, Windows XP.
«Microsoft pense qu'un règlement amiable aurait été préférable pour les consommateurs européens», a déclaré le porte-parole de la société, Tom Brookes.
C'est ce fameux lecteur, livré avec windos qui est la cible de la justice
Devant la presse, Mario Monti a jugé la décision européenne «proportionnée» et «équilibrée». «Nous n'exproprions pas Microsoft de sa propriété intellectuelle (...) Nous faisons simplement en sorte que quiconque met au point un nouveau logiciel ait sa chance sur le marché».
L'amende de 497,2 millions d'euros, soit plus de 600 millions de dollars, qui tient compte de la gravité et de la durée de l'infraction, pouvait s'élever jusqu'à 10% du chiffre d'affaires, soit un maximum de 3,5 milliards de dollars.
La décision européenne vise le coeur de la stratégie commerciale de la société de Redmond dans l'Etat de Washington qui ajoute régulièrement de nouveaux éléments à Windows afin de mieux vendre les mises à jour de ses systèmes. Le géant américain affirme que de tels «paquets» profitent aux consommateurs mais ses rivaux n'y voient que de la concurrence déloyale car 90% des ordinateurs dans le monde fonctionnent sous Windows.
Microsoft a été reconnu coupable de pratiques monopolistiques similaires aux Etats-Unis mais un accord a été conclu avec l'administration Bush fin 2001 qui autorise le géant informatique à continuer d'ajouter des éléments à Windows. Une cour d'appel américaine est en train d'étudier l'efficacité d'un tel accord pour restaurer la concurrence.
Source: AP
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