"Gros", c'est son petit nom. Pourtant son apparence physique diverge avec cette appellation. Filiforme, Patrick Dilmaye Souboursou a de la prestance cependant. A travers sa démarche, on note une certaine assurance. La tête bien haute, il est conscient de cette attention particulière que lui accorde la presse ce 16 décembre 2005. Des poignées de mains par ci, des coups de fil par là, Patrick Dilmaye Souboursou est la star ce vendredi 16 décembre à l'Ecole militaire interarmes (Emia) où les élèves étaient conviés à un repas de corps.
Après les larmes de sa mère et de ses tantes émues de le voir "devenu un homme", il reçoit les félicitations de ses camarades et de certaines personnes qu'il ne connaît pas. Vedette d'un jour sans l'avoir souhaité, Patrick Dilmaye Souboursou a, pour une fois, de la peine à assurer. "Ce n'est pas facile de gérer tout ça", lance le major de la promotion. Adoulaye O. Garoua.
Pour cet habitué du tableau d'honneur, "être l'étendard d'une promotion est une bien lourde responsabilité", confie-t-il. Toutefois, il sait s'appuyer sur sa formation, qu'il dit complète, pour contenir l'émotion et rester digne. "Elle s'est étalée sur tous les aspects de la vie humaine. J'ai acquis le sens de la discipline, de la rigueur, de l'honneur. Ce sont des vertus qui me permettent de m'orienter dans la vie", avoue le sous-lieutenant de gendarmerie de 25 ans.
La vie est un combat dit un adage et Patrick Dilmaye Souboursou le sait. Lui à qui la vie a arraché un être cher alors qu'il n'avait que 8 ans. Son père, Albert Dilmaye, alors sous-préfet de Rey-Bouba rejoint ses ancêtres. Heureusement pour le petit garçon, l'affection de sa mère et la solidarité des autres membres de cette " famille modeste " lui permettent de tourner momentanément la page et de ne manquer de rien. C'est avec un ton emprunt de solennité qu'il dit " à l'Emia, j'ai appris à faire la guerre ". Guerre contre l'adversité de la vie et la guerre pour sauvegarder la vie.
Pour Patrick Dilmaye Souboursou, c'est un rêve de petit enfant qui s'est réalisé vendredi dernier. Ce matheux du lycée classique de Yagoua a toujours été fasciné par l'armée pour le sens de la cohésion, de la force et de la rigueur. "En 1999, j'ai réussi au Bac D. Je me suis inscrit à la faculté des sciences où j'ai fait une première année de Chimie avant de concourir à l'entrée de la faculté de médecine et des sciences biomédicales en 2000. J'ai été admissible et c'est à l'oral que j'ai été recalé. C'est par la suite que j'ai fait le concours de l'Emia et je suis resté ", raconte-t-il.
Dès la rentrée, il s'adonne à toutes les matières au programme. Il affectionne particulièrement celles qui demandent un surpassement de soi. " J'ai été très impressionné par la pédagogie militaire, une matière où l'on a appris à avoir les qualités d'un instructeur. La tactique ou l'art de faire la guerre était l'une de mes matières préférées ainsi que la topographie et l'aguerrissement commando que l'on a appliqués pendant des stages notamment lors de l'ascension du Mont Cameroun en avril 2005 ", précise Patrick Dilmaye Souboursou. Mais vendredi dernier, il n'y avait pas de " souteneuse " pour le major. Il avoue simplement que " c'est un sujet que je n'évoque pas parce que je pense aux choses sérieuses comme le mariage maintenant. Avec le rang que j'ai désormais, je ne dois plus m'amuser ".
Et de conclure : " Je vais m'acquitter de la tâche qui me sera confiée. Je suis conscient du risque que représente le métier, mais je n'ai pas peur du risque ".
Source : Mutations
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