Le bonnet vissé sur la tête, la démarche dégingandée, il ne passe pas inaperçu dans les étroits couloirs du Hall du Paire. Brice Vounang est une véritable armoire à glace, comme l'on dit. «Vous avez vu cette carrure?» ose d'ailleurs Brian Greene, quelque peu admiratif. Ce Camerounais nourri à la potion magique culmine à 2,03m. Mais ce sont surtout ses 117 kg de muscle qui en font un équipier apprécié et un adversaire redouté. Vounang n'a donc pas le physique de l'emploi. Certes, ses parents l'ont baptisé Brice, un prénom fort à la mode depuis qu'il a pris les traits de l'acteur Jean Dujardin. Du héros du film humoristique, le géant africain n'a pourtant que le swoop légendaire.
«Je savais que vous alliez me demander si j'ai vu le film! dit-il en rigolant. Tout le monde me parle de ça. Il faudra vraiment que je regarde le DVD pour m'en faire une idée.» Lui ne vient pas de Nice mais bien du Cameroun où il téléphone tous les jours. «Ce qui me coûte d'ailleurs un pont!» avoue-t-il dans un savoureux mélange d'anglais et de français. Vounang est donc un enfant de Dschang, une petite ville à l'ouest de Yaoundé. Là-bas, il reçoit une bon- ne éducation car son «père est assez strict». Les sorties après l'école sont rares, l'accent étant mis sur les études. Gaston et Hélène Vounang ne peuvent cacher qu'ils sont enseignants, «un métier qui n'est pas reconnu à sa juste valeur au Cameroun, explique Bri- ce. Nous avions toujours quelque chose à mettre dans notre assiette mais mon père devait parcourir le pays pour exercer son métier».
C'est justement lors d'un séjour à Yaoundé que la carrière de Brice va prendre son envol. «J'ai commencé le basket vers 10 ans, un peu comme tout le monde là-bas. Il n'y avait pas trop de structures. Alors, on jouait dans la rue. Chaque quartier avait son équipe. Vu ma taille, ce sport me convenait bien mieux que le football. Comme j'étais plus grand que les au- tres garçons de mon âge, il me mettait toujours entre les perches, et cela ne me plaisait guère.»
Durant des études secondaires qu'il mènera à bon terme, Brice Vounang commence à s'imaginer un destin teinté d'orange. Il se met doucement à suivre les exploits des stars de NBA et envisage de se rendre de l'autre côté de l'Atlantique. «Nous étions plusieurs à vouloir tenter l'aventure aux Etats-Unis, à y continuer nos études tout en faisant du sport de haut niveau. De quoi pouvais- je rêver de mieux?» A dix-huit ans, le double mètre quitte donc le cocon familial pour la première fois. Le changement est brusque. Radical. Tout est nouveau: la langue, la culture, le mode de vie. «Je partageais un appartement avec deux équipiers.» C'est là, dans l'Oklahoma, que le Camerounais découvrira son autre vie. «L'hiver, il y faisait plus froid qu'en Belgique.» Où il arrivera après avoir passé vingt-quatre mois en Californie. «Où la vie était fabuleuse, même si j'étais déjà concentré à cent pour cent sur le basket, dont j'avais compris que je vivrais un jour.»
Ce jour est arrivé cet été lorsque son agent lui propose de tenter l'aventure en Europe. «Je devais choisir entre la France, l'Allemagne et Pepinster.» Il optera pour la banlieue verviétoise où il fait la connaissance avec un environnement inhabituel pour lui. «Je suis un adepte des grandes villes. A San Diego, j'étais servi. Ici, je n'ai qu'à me concentrer sur mon jeu.» Tant mieux car c'est bien pour ça que Brice Vounang est venu dans ce coin de Belgique.
Source :DHNet.be
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