La rencontre convoquée par le délégué provincial du ministère du Commerce pour le Littoral, Auguste Amougou, quelques jours après le soulèvement des livreurs de pain de Douala, était à priori biaisée. Aucun représentant de ces travailleurs (qui apparemment ne seraient pas organisés) n’était présent hier, 5 décembre, dans la salle de conférence de cette délégation, pour faire face aux boulangers du Littoral, représentés par le président de leur syndicat, David Defo Fotso. En l’absence de ces intermédiaires dans la chaîne de commercialisation du pain, les pouvoirs publics et les boulangers ont décidé de «permettre aux consommateurs de passer les fêtes de fin d’année sans perturbation au niveau du prix du pain».
D’après les boulangers, l’origine du soulèvement des livreurs, vendredi dernier, se trouve au niveau de la marge bénéficiaire que veulent réaliser les uns et les autres. «Nous avons fait une étude qui montre que le coût d’un pain est de 112 francs, sans prendre en compte les coûts de l’emballage et du loyer. Ne pouvant plus continuer à supporter ces charges, nous avons décidé de vendre désormais le pain à 120 francs et non plus à 100 francs Cfa. Mais les livreurs refusent ce prix. Ils nous demandent de le maintenir à 100 francs et de porter le prix au consommateur à 200 francs Cfa», affirme le président inter-provincial du syndicat des boulangers pour le Littoral et le Sud–Ouest, David Defo Fotso.
Toute chose qui n’aurait donc pas trouvé l’assentiment des livreurs de pains, qui comptent maintenir ce prix homologué à 150 francs depuis 1995, malgré la hausse des prix des intrants. Habitués donc à prendre le pain au prix de 90 ou 100 francs Cfa pour le livrer ensuite aux tenanciers des boutiques à 130 francs, les livreurs devront désormais s’habituer à réduire leur marge bénéficiaire. Concrètement, ils paieront la baguette de 200 grammes à 120 francs Cfa auprès des boulangers, pour les livrer à 130 francs aux boutiquiers. Pour les responsables provinciaux du ministère du Commerce dans le Littoral, les boulangers doivent prendre leurs responsabilités, pour ne pas pénaliser les consommateurs, en écartant, si possible, les livreurs véreux qui ne veulent pas accepter ces nouvelles conditions. Cependant, il aura fallu cette crise pour se rendre compte que sur les quelque 400 boulangeries qui existent actuellement à Douala, plus de la moitié fonctionne dans la clandestinité.
Source : Mutations
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