Costume rayé tennis coupé sur mesure, chemise rose et cravate assortie, cheveux coupés court et barbe poivre-sel, le pas pressé et le sourire malicieux, Eric Chinje n’a pratiquement pas changé depuis son départ de la tour de la Crtv à Mballa II où il fut à la fois rédacteur en chef et interviewer attitré du chef de l’Etat.
Entretien avec Alain B. Batongué, à Tunis A peine quelques cernes au moment où il célèbre ses 50 ans d’existence, mais surtout beaucoup de sérénité de la part du chef du département Communication à la Banque africaine de développement, confirmé à son poste et dans ses prérogatives par le tout nouveau président de la Bad, Donald Kaberuka, au moment où il s’apprêtait à plier bagages.
Dans le luxueux hôtel de la Renaissance où la Bad reçoit les ministres africains des Finances pour une concertation de haut niveau devant impulser un nouveau développement voulu dès l’an prochain, Eric Chinje est, pour ainsi écrire, au four et au moulin, entre les sollicitations des ministres et les éclairages attendus des hommes de médias, mais toujours près de son patron et disponible devant la presse.
Un homme qui a manifestement tout pour être heureux là-bas à Tunis, ville magnifique devenue siège de la Bad, mais dont le visage s’assombrit dès qu’on évoque les sujets touchant au Cameroun: les réformes toujours attendues de Paul Biya, la peur du changement des hommes politiques camerounais, les conséquences de la non qualification des Lions indomptables à la Coupe du monde 2006 et, en bonne place, la Crtv de ses amours dont il garde à la fois un regard tendre et un propos critique. Rencontre avec un professionnel épanoui, un homme comblé et un… citoyen tourmenté.
Comment se sent Eric Chinje après bientôt deux ans à la Banque africaine de développement, ici à Tunis?
Cela fait exactement dix huit mois que je suis ici et je pense que je commence à me retrouver. La transition n’a pas été facile, parce que, en arrivant ici, je me suis retrouvé dans un environnement à la fois étranger et étrange, et je n’ai pas pu m’adapter très vite à une certaine réalité. Mais c’était une réalité qui m’a démontré, une fois de plus, l’importance de la qualité de la classe dirigeante d’une institution, d’un pays ou simplement d’un groupe de personnes. Parce que, en effet, les problèmes que j’ai ressentis, auxquels j’ai eu à faire face et qui m’ont perturbé étaient directement liés à la qualité de gestion des hommes et des idées au sein de la Bad. La preuve, avec l’arrivée du nouveau président, celui qui s’est officiellement installé le 1er septembre dernier [Donald Kaberuka, Ndlr], qui m’a trouvé pratiquement en train de quitter l’institution, je me sens aujourd’hui renforcé dans ma conviction que le développement de l’Afrique doit se faire par les Africains, et ici en Afrique surtout, et avec des idées propres à nous. Ce qui était loin d’être évident.
Concrètement, qu’est-ce qui change dans le travail d’un patron de la communication qui passe d’une banque comme la Banque mondiale à une autre qui est la Bad…
(Il hésite) Peut-être pas beaucoup de choses… Non, non, je dirais que, dans le fond, il y a un changement assez fondamental. D’abord, ici à la Bad, j’ai l’impression d’être chez moi, de parler sans trop chercher à être en accord avec un système qui n’est pas tout à fait africain. Et puis, quand je m’exprime, j’ai l’impression aussi que mes interlocuteurs, qui sont pour la plupart des journalistes, me comprennent mieux que quand je m’exprimais en tant que responsable de la Banque mondiale. Donc, dans mon travail quotidien, je me sens beaucoup plus à l’aise, beaucoup plus compris.
En quoi consiste votre travail quotidien ici à Tunis?
En tant que responsable de la communication de la Bad, je suis appelé à conceptualiser, à donner des orientations stratégiques à la communication de cette institution. Une de mes frustrations était mon incapacité pendant plusieurs mois à effectuer le moindre changement, à faire approuver la moindre initiative. Aujourd’hui, Dieu merci, je me retrouve avec un président avec qui je suis sur la même longueur d’onde, au même diapason. Je sens donc aujourd’hui que, dans les mois qui viennent, je peux donner cette orientation que j’ai toujours voulu donner à la communication de la Bad.
Maintenant, mon travail quotidien ici consiste à gérer l’équipe que j’ai, à donner une nouvelle dynamique aux relations de la Bad avec les partenaires extérieurs autant que dans la maison Bad. En arrivant ici, j’ai trouvé une institution qui était essentiellement basée sur l’écrit, et qui se limitait jusque-là à la simple information. Aujourd’hui, je suis en train de vouloir faire de la communication, et donc exploiter aussi d’autres supports: multimédia, audiovisuel, presse écrite… Bref donner un visage new-look à la Bad qui en avait vraiment besoin. Et ce visage, fort opportunément, va coïncider avec une nouvelle équipe dirigeante au sein de l’institution.
La Bad organise en ce moment une réunion inédite des ministres africains des Finances, pour harmoniser les positions de l’Afrique par rapport au nouveau décollage économique du continent. Quel a été le rôle de Eric Chinje?
Pour moi, il a fallu un événement de cette importance pour que je situe le rôle de chacun dans sa médiatisation. Il s’agissait à la fois d’une réunion non statutaire mais ô combien importante ; la communication devait se faire de manière particulière, pour que je me convaincs, et que je prouve à la hiérarchie l’importance de la couverture médiatique, des relais presse. Heureusement, mon président est du même avis et, même les ministres sud-africain et nigérian des Finances, présents ici et avec qui je viens de discuter, sont absolument d’accord sur l’importance de donner une diffusion assez large de ce qui se passe chez nous.
Donc, en ce qui concerne cet événement, je dois superviser la préparation des kit presse, je dois inviter les journalistes parce que je veux absolument que la presse soit étroitement associée à cet événement, parce que c’est ce qui se passera à l’avenir. Cet événement en particulier a été décidé il y a à peine trois semaines, et nous n’avons pas eu le temps de mettre en place une stratégie plus large qui sera désormais celle de la Bad pour tous ses grands événements, de manière à associer tout ce qui compte dans la presse africaine et internationale.
Il est difficile de rencontrer Eric Chinje et de ne pas évoquer le Cameroun. Quels sont les contacts et les nouvelles que vous avez du pays?
Depuis mon tout jeune âge, c’est la première fois que je passe deux ans d’affilée sans aller au pays. De ce point de vue, je me sens déjà un peu isolé par rapport au Cameroun. Mais je vis le Cameroun tous les jours. Je vis avec le Cameroun à chaque instant…
Comment?
Je suis l’actualité du pays. Je suis en contact direct, au téléphone ou par la voie électronique, avec des amis ou la famille au pays. Je suis informé de la création de chaque nouveau site Internet sur le Cameroun. Naturellement, tout ce qui se passe dans le pays me réjouit ou m’attriste, selon le cas. Vous savez, je reçois la télévision camerounaise ici et il y a des choses intéressantes qui se passent au pays. Quand j’apprends que tel ou tel investisseur s’intéresse au Cameroun et désire matérialiser tel ou tel projet, je me dis que finalement, on aura à nouveau des bus qui circulent dans nos grandes villes. C’est des choses comme celle-là qui nous encouragent. Mais, avec l’image qui suit, je vois les routes de Douala et de quelques autres villes du pays, je me demande où on va, après tant d’années d’indépendance et d’efforts.
Donc, je ne peux pas m’éloigner de ce pays. J’ai des initiatives que je soutiens dans ce pays. Des initiatives privées. Mais je vis le Cameroun tous les jours.
Mais que répondez-vous à ceux qui disent que vous la couler douce hors du pays en envoyant des sentences à distance, alors que vous auriez pu rester pour contribuer à sa construction?
Je pense que le temps a fini par me donner raison. Parce que vous savez que c’est le rôle de la presse Beaucoup de gens ne se souviennent sans doute plus d’un événement qui s’est produit peu avant mon départ du Cameroun. J’avais eu l’honneur d’interviewer le président de la République et je lui avais posé une question sur les médias. J’avais plus ou moins insisté sur le fait que les médias devaient accompagner le changement au Cameroun. Une ouverture en somme, pas avec la presse écrite, parce que c’était déjà évident, mais que la presse audiovisuelle surtout accompagne ce changement. La vérité c’est que dans sa réponse, le président a insisté sur la nécessité de différer ce changement, cette période où on allait ouvrir les médias officiels. En sortant de la présidence de la République et en rentrant chez moi ce soir-là, j’ai fait une petite prière et j’ai dit ceci: Dieu, aide moi à savoir si ce changement est possible au Cameroun, je serai heureux d’y participer; mais s’il n’est pas possible, aide moi à trouver une opportunité ailleurs. Vous n’allez pas me croire mais arrivé dans mon bureau le lendemain, j’ai reçu un appel de Cnn qui m’invitait pour passer un peu de temps avec eux et partager nos expériences respectives. Deux semaines plus tard, je partais du Cameroun.
Mais l’invitation de Cnn ne durait que quelques semaines…
C’est exact. Mais il faut savoir lire les signes du destin. Parce que une semaine avant mon retour au Cameroun, j’ai reçu un appel de l’université de Harvard, avec qui je n’avais jamais eu aucun contact auparavant. Ni en termes d’échanges informels, ni en termes de demande d’inscription… Or là, cette université me proposait simplement une bourse.
Vous l’avez interprété comme un autre message de Dieu?
J’en sais rien mais je l’ai pris au sérieux. Et quand je suis rentré au Cameroun, c’était pour demander une mise en disponibilité et profiter de cette opportunité que m’offrait une université prestigieuse. Je ne reviendrai pas ici sur les obstacles que des gens ont posé sur le chemin de cette procédure. Mais seul le ministre Garga Haman Adji, ministre de la Fonction publique à l’époque, a compris qu’il fallait exploiter une telle occasion et m’a donc facilité la tâche. Et c’est comme cela que je suis reparti aux Etats-Unis pour suivre cette formation à Harvard.
Et c’est quoi, la suite de l’histoire?
J’étais encore en train de préparer mes bagages pour revenir au Cameroun, à la fin de ma formation à Harvard lorsque j’ai rencontré le vice-président de la Banque mondiale qui m’a dit que mon profil l’intéressait et m’a demandé de venir travailler avec lui. Dans un premier temps j’ai hésité et il l’a senti. Puis il m’a proposé de venir juste pendant un mois, le temps de gérer un séminaire que la Banque mondiale organisait en faveur de journalistes. C’était en 1992. Et c’est à la suite de ce mois de consultation que j’ai trouvé les arguments pour rester à la Banque mondiale. Vous connaissez tous la suite de l’histoire, qui m’a amené plusieurs années plus tard à la Banque africaine de développement où je me trouve en ce moment.
Pour quelqu’un qui capte les images de la Crtv chez lui, vous avez dû suivre le dernier grand mouvement du personnel chez votre ancien employeur. Un premier commentaire?
Personnellement, je suis content du choix des hommes, tel qu’il a été opéré, qui vont à l’avenir conduire cette maison. Je suis bien content d’apprendre que, finalement, on a confié la direction de l’Information à mon ami et frère Charles Ndongo pour qui j’ai énormément de respect, et qui est un vrai professionnel. Et je crois, et j’espère, que Charles ne décevra pas. Je suis aussi content d’apprendre que Sally Messio est à la direction des Programmes. Je pense sincèrement qu’il y a eu un effort de mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut.
Est-ce enfin le signe d’ouverture de la presse audiovisuelle vers l’accompagnement des changements au Cameroun?
On ne peut pas encore le dire. Parce que, quoi qu’on dise, c’est les mêmes personnes. Est-ce que le système a changé? Je l’ignore. Charles, avec tout son professionnalisme, réussira-t-il à rehausser le débat au Cameroun? Personnellement, j’ai suivi la soirée organisée par la Crtv après la dernière élection présidentielle: c’était pitoyable, surtout pour quelqu’un qui était à l’extérieur du pays, qui la regardait avec un œil externe, avec des amis qui ne sont pas Camerounais. Sincèrement, ça faisait pitié. Mais j’espère vivement que Charles va rehausser ce débat. Je n’étais pas très encouragé par une émission faite récemment par Charles lui-même, et je le relève ici, parce que c’est un message que je souhaite passer à mon ami et frère Charles: c’était une émission organisée autour du 6 novembre dernier à la faveur de l’anniversaire de l’accession au pouvoir du président Biya. Où on pouvait avoir deux panels équilibrés entre les gens qui sont pour et ceux qui sont contre, de manière à avoir un débat enrichissant et riche. Mais c’était tellement biaisé en quelque sorte que finalement, le fond ne valait pas la peine d’être regardé. Le ministre Garga Haman et notre très chère collègue Suzanne Kala Lobè ont bien essayé de sauver les meubles, mais le débat n’a pas eu lieu parce que la composition restait trop déséquilibrée.
Eric Chinje pense-t-il, dans un avenir proche ou lointain, revenir se réinstaller au Cameroun?
Je n’ai pas la réponse à cette question pour le moment. Je veux bien, sur le principe, parce que c’est mon pays et que mon cœur bat toujours très fort pour lui. Je crois parfois percevoir un effort de la part du président Biya. Mais cela fait tellement d’années qu’on croit percevoir ses efforts, que l’on suit des déclarations qu’il fait, voulant faire passer certains messages mais rien ne suit. C’est ça la déception. On veut espérer que cette fois-ci, le président tiendra à ce qu’il a dit il y a quelques semaines dans le but de combattre la corruption. Mais il faut que nous voyions comment il la combat. Il a toujours dit, et rien ne s’est passé. Est-ce que c’est parce qu’il n’arrive pas à le faire? Est-ce une faiblesse? Est-ce qu’il est mal entouré? Je ne sais pas. En revanche, je sais que c’est quand même lui le président de la République. J’étais très touché l’autre jour quand je l’ai vu à la télé, pratiquement aux abois. Et je me suis demandé, après tout, mais qui gouverne? Qui est celui qui est capable de taper du poing sur la table et de dire «trop c’est trop!» Je n’ai pas entendu cela.
Donc, je soutiens ce pays de tout mon cœur. Et je ne me lasse pas de parler du Cameroun, devant les gens qui veulent investir, partout où je passe. J’aimerais pouvoir, moi aussi, rentrer et aider. Mais je crois que pour le moment, ce que je fais pour le pays, certes d’aussi loin, est plus important et plus utile que ce que j’aurai pu faire si j’y étais physiquement.
Comment jugez-vous les hommes politiques camerounais par rapport à la situation que nous décrions et par rapport à la volonté de changement?
Il faudra qu’on soit réaliste et qu’on s’entende: on va changer le Cameroun avec les hommes que nous avons. Nous n’allons pas en créer d’autres. La question est cependant de savoir si ceux qui sont là, sont capables d’amorcer ce changement. Ma réponse est un peu nuancée parce que je trouve que les gens qui sont là, surtout ceux qui gouvernent aujourd’hui, développent tous un sentiment par ailleurs compréhensible: la peur du changement. C’est normal un peu parce que changer c’est prendre des risques, et en particulier, ils se demandent si le changement ne remettra pas en cause leur niveau de vie, leur accès aux ressources publiques, la situation de rentes qu’ils ont créée. C’est cela qui me désole.
Or, j’ai l’impression, en discutant avec les leaders politiques de tous bords, du pouvoir comme de l’opposition, il y a très peu qui veulent changer, se remettre en cause à l’intérieur même de leur parti.
Est-ce qu’on doit désespérer de ce changement?
Pas tout a fait. Parce que, à un moment donné, il y a une impulsion qui vient de l’intérieur et qui oblige les gens à changer. On l’a vécu en 1990. Quand les leaders politiques n’orientent pas vers un véritable changement, cette impulsion éclate à l’intérieur du peuple. Malheureusement, ça peut prendre encore beaucoup de temps. C’est ça la nuance dont je parlais. Mais je crois au changement.
Comment avez-vous vécu la non qualification des Lions indomptables à la prochaine coupe du monde en Allemagne?
Je pense que, dès qu’on met de côté la douleur légitime ressentie par un supporter de toujours de notre équipe nationale, on doit se convaincre que, ce jour-là, Dieu a parlé aux Camerounais. Tous nos espoirs ont été fondés (et ont été déçus) sur un petit but qu’on aurait pu marquer normalement, et qu’il était donc inutile de s’en prendre au pauvre joueur qui a manqué le penalty. Je suis convaincu qu’avec cette élimination, Dieu nous a convié à une profonde autoréflexion. Je trouve anormal que, 33 ans après les derniers investissements sportifs réalisés au pays et qui datent de 1972, que personne ne s’émeuve au sein de la classe politique. Un pays qui compte pourtant énormément sur le sport pour son propre rayonnement international. Sur le champ, j’étais donc choqué comme tout bon Camerounais mais je me suis ressaisi en trouvant en cela une invitation à la remise en cause en profondeur sur les circonstances de cette élimination, sur notre politique sportive faite d’amateurisme, et même plus généralement sur l’avenir du pays. C’est ce qu’on doit faire maintenant. Ce n’est plus le moment de reprocher quoi que ce soit à telle ou telle personne, mais on doit nous inviter tous à réfléchir à la direction que devraient désormais prendre les choses. Il y a des pays plus pauvres que le Cameroun mais qui, par une bonne organisation et de bonnes perspectives, réussissent à se donner le minimum.
(Il s’emporte) Est-ce que c’est explicable aujourd’hui que, dans un pays qui a eu le pétrole, il n’y a pas de bus qui circulent dans nos grandes villes, pas de routes, pas d’infrastructures sportives ? Il n’y a même pas d’écoles et celles qui existent n’ont plus de niveau. Quand je suis sorti d’une école camerounaise pour me retrouver aux Etats-Unis, j’étais parmi les meilleurs. La plupart des Camerounais qui sortaient de nos écoles à l’époque se retrouvaient en tête de classe, partout où ils allaient: en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Urss et même en Chine. Il est temps qu’on voit où nous sommes tombés et qu’on réfléchisse à tout ça. Moi je n’accuse personne, mais ce qui est vrai c’est qu’on a mal géré nos ressources publiques, qu’on a fait de la navigation à vue, qu’on a dilapidé un héritage.
Donc, je vois en notre non qualification un autre signe du destin, une invitation ultime à la restructuration profonde de notre manière de fonctionner.
Devant tant de misère, Eric Chinje, du haut de sa situation privilégiée à la Bad, est un homme heureux…
Un homme chanceux sans doute. Parce que je considère que je n’ai rien fait pour mériter plus que quiconque. Sur le plan personnel, je me considère en effet comme un homme comblé mais je me retrouve dans le devoir et l’obligation de donner, de partager tout ce que j’ai: mes idées, mon expérience, mes ressources. Je cherche donc la raison pour laquelle je suis né là où je suis né, et qu’est-ce que je peux faire pour le village, pour le pays, pour le continent, pour la race noire. Mes réflexions se situent à ce niveau là et, dans la mesure du possible, je fais le maximum pour avoir, au moment où j’ai un demi siècle d’existence, un sentiment d’avoir contribué à quelque chose de positif autour de moi. En espérant, pour le prochain demi siècle, apporter encore plus dans mon environnement. Parce qu’il ne faut jamais oublier ces paroles du philosophe: il n’y a point de bonheur à vivre heureux tout seul.
Source : Mutations
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