Roman d’amour et d’aventure semé de joies et de doutes, « Sang d’Afrique » de Guy des Cars, nous relate la tendre et difficile histoire d’amour de deux jeunes gens : Yolande Hervieu et Jacques Yero, tous deux étudiants à la Faculté de droit de Paris.
De toute évidence et particulièrement compte tenu de la conjoncture politique et sociale qui prévalait dans les années 50, rien ne les prédisposait à se rencontrer.
En effet, Yolande, fille d’anciens coloniaux français racistes et intolérants à l’égard de ceux qu’ils nomment si bien « nègres », a été élevée dans un cocon familial très fermé et hostile à tout ce qui est étranger; un monde obscur, insensible et très individualiste. Jacques quant à lui est issu d’une famille pauvre. Né en Afrique, en Oubangui-Chari et orphelin de naissance, son avenir semble tout tracé. Recueilli peu de temps après sa naissance par Henri Boutières, le chasseur de fauves, puis confié par la suite à Monseigneur Thibaut, évêque missionnaire de Yalinga, il se verra offrir le moment venu la possibilité d’aller poursuivre ses études en France.
C’est ainsi qu’il fit la connaissance de Yolande et que de leur amitié naquit une idylle qui, au fil du temps ne fit que se consolider. Les années passèrent et le moment fut venu pour la jeune fille de présenter l’heureux élu à ses parents. Malheureusement, c’est avec stupeur et horreur que ceux-ci découvrirent que leur futur gendre était noir. De ce fait, face à leur dédain et à leur rejet de l’« autre », les deux jeunes gens décidèrent de s’envoler en catimini vers l’Oubangui-Chari, pays natal de Jacques, pour y construire leur avenir.
Ce voyage fut bénéfique sur tous les plans. Yolande y découvrit une terre riche en couleurs, en croyances et en traditions mais aussi une nouvelle façon de vivre. La vie en pleine brousse quelque peu « primitive », lui inculquât certaines valeurs essentielles en Afrique telles que les coutumes, la solidarité et la famille. Valeurs qui leur seront d’autant plus bénéfiques lors de la brutale accession à l’indépendance du pays, durant laquelle Jacques jouera un rôle de premier plan. A cette occasion, Yolande se révèlera être un atout pour celui-ci qui, ambitieux et soucieux d’apporter un nouveau souffle à son pays, évoluera dans son apprentissage de la vie publique. Le discernement et le fort instinct de la jeune femme l’aideront malgré quelques embûches et obstacles, à accéder à la magistrature suprême d’un Etat nouvellement crée : la République Centrafricaine.
De toute évidence, ce livre comme l’évoque son titre est porteur de sens et de révélations profondes. En outre, les sujets qu’il soulève comme le racisme, l’intolérance, la haine et la jalousie demeurent des problèmes contemporains auxquels tout homme demeure confronté quelque soit ses origines et le milieu dans lequel il se trouve.
Dans un continent mais aussi dans un monde en proie à de fortes tensions, où les discours des uns semblent dithyrambiques et l’idée de « fraternité » une utopie, il est parfois difficile de croire en une éventuelle évolution des consciences. A cet effet, l’œuvre n’est qu’une exégèse pure et simple de l’Afrique d’hier qui malheureusement, demeure la même aujourd’hui. Une Afrique qui, véritable vivier de ressources et d’intellectuels, peut se développer mais où l’égoïsme et l’ambition démesurée de tout et un chacun constituent un obstacle majeur à son plein épanouissement.
Finalement, cela ne porterait-il pas à croire à l’instar de Machiavel, que « la fin justifie les moyens » ?
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