Tandis que Florence Rita Iyok, dans sa robe de soirée rose, un sourire figé aux lèvres, essaie tant bien que mal de satisfaire à la curiosité des journalistes dans l'une des salles du palais des Congrès de Yaoundé, à l'extérieur, l'ambiance est moins chaude. Il est près de 4h du matin et il fait déjà froid, certes. Oubliés, les moments de bonheur que Patou Bass, Editha, Ange Bagnia, ou encore Donny Elwood ont fait vivre au public. Ako Arrey Brenda, candidate malheureuse à la finale de l'élection miss Cameroun 2005, crie sa colère. « Vous êtes très fort au Comica. C'est la deuxième fois que je me présente, mais je ne me suis jamais fâchée comme ça », lance-t-elle..
Quelques minutes plus tôt, alors que la présidente du jury de l'élection, Anne Marthe Mvotto, éliminait progressivement les candidates, un cri s'est échappé des entrailles de la plupart des personnes présentes dans la salle presque comble du palais des Congrès. Un cri de rage et de protestation, consécutif à l'élimination de Brenda Ako. Presque unanimement, le public a contesté l'élimination jugée précoce de cette jeune fille qui avait, à toutes les étapes de la finale (défilés en tenue de ville, en tenue traditionnelle, en tenue olympique, en tenue de soirée), conquis leur sympathie.
Mais il lui a certainement manqué quelque chose, comme à toutes celles qui se sont alignées pour cette finale. Un peu de charme, de culture générale, ou « d'appui », si l'on s'en tient à certains commentaires murmurés dans les couloirs du palais des Congrès. Pour le jury de sept membres choisi cette année par le comité d'organisation de miss Cameroun (Comica), Florence Iyok valait mieux que les treize autres. Que celles-là qui n'ont pas pu savoir qui était, au Cameroun, le ministre de la Promotion de la famille et de la femme ou encore de l'Administratiion territoriale et de la Décentralisation ; que celles-là qui avaient du mal à dire quels étaient les pays limitrophes du Cameroun, ni quels pays représenteraient l'Afrique à la prochaine coupe du monde de football.
Questions
Pour une bonne partie du public, c'était trop flagrant ! Déjà que les membres du jury eux-mêmes ont eu quelque mal à se retrouver dans leurs questions. L'un d'eux a même posé la question de savoir quelle était l'Africaine prix de nobel de littérature en 2005. Et, pince sans rire, elle (puisqu'il s'agissait d'une femme) a attendu la réponse qui, comme de bien entendu, n'est jamais venue.
Celles qui se sont imposées n'ont pas brillé par leur culture, mais elles avaient sans doute leurs mérites ailleurs, puisque le jury les a choisies : Agnès Sandrah Ongolo, la troisième dauphine, Michelle Audrey Crescence Ngbwa Beyala, la deuxième ; Larissa Desgeorges Ngounou Djeuga, la troisième, et Florence Iyok, la miss Cameroun 2005. Cette dernière n'a même pas eu besoin de faire des efforts pour apprendre le français. Elle s'est en effet avouée complètement incapable de s'exprimer dans la langue de Molière. De toutes les façons, le Cameroun est bilingue et il faut bien que les autres aussi puissent comprendre ce qu'une reine de beauté dit en anglais.
Ceux qui en sont capables ont su que Florence était sûre de gagner (elle l'a déclaré). Ils ont su aussi qu'elle est étudiante à l'université de Buea, en troisième année à la faculté des Sciences de l'Education ; qu'elle est âgée de 21 ans et originaire du département de la Manyu dans la province du Sud-Ouest. Elle succède au palmarès à Audrey Bea Mbong, miss Cameroun 2004. Elle a aussi déclaré, après sa consécration, qu'elle mettrait un point d'honneur à combattre les maux de la jeunesse camerounaise, à l'instar du vih-sida. Pour empêcher certainement que ne meurent les plus belles filles de notre pays. Celles qui, demain, postuleront peut-être à une élection de miss Cameroun!
Source : Quotidien Mutations
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