Womé, déçu comme nous tous
Cher Womé, cher Pierre, cher compatriote, c'est avec beaucoup d'émotion et une grande tristesse, que nous, jeunes de la diaspora, avons appris la nouvelle de l'agression de ta famille et de ta maison après le match nul que vous avez concédé à la sélection Egyptienne. Cette information, qui hier encore n'était alors qu'une rumeur, s'est répandue petit à petit à travers les agences de presse et les médias occidentaux.
Mais, nous n'avons pas voulu y croire. Nous n'avons pas voulu croire que ces quelques supporters Camerounais t'avaient tout d'un coup oublié. Nous n'avons pas voulu croire que tes compatriotes qui hier t'adulaient, se sont permis de bafouer ton intégrité familiale. Nous n'avons pas voulu croire que tu as quitté le Cameroun comme les Africains sous la contrainte, quittent souvent la France. Nous n'avons pas voulu croire que ton frère a été pris à parti et tabassé aux abords du stade. Nous n'avons pas voulu croire que ta voiture a été cassée. Nous n'avons pas voulu croire que tu as dû t'esquiver, et quitter ton pays, notre pays, comme un vrai pestiféré.
Nous n'avons pas voulu croire...Nous n'avons rien voulu croire. Jusqu'à ce que la presse de chez nous, seule habilitée à nos yeux, à nous fournir des informations sur ce qui sepasse au Cameroun, nous le confirme. Womé, Pierre Womé, a bien été le pestiféré évacué de son propre pays comme un malpropre pour s'envoler vers l'Europe.
Pourquoi ? Parce qu'il aurait raté un pénalty ? Juste un pénalty. Tout simplement, un pénalty. Un geste à priori banal.
Ces supporters auraient-ils la mémoire courte, cher Pierre ? Auraient-ils oublié tout ce que tu as apporté à cette équipe ? Tout ce que tu as apporté aux lions indomptables? Tout ce que tu as apporté au Cameroun ?
Ces supporters auraient-ils oublié ton pénalty de la victoire au jeux Olympiques de Sydney contre l'Espagne ? Ou en coupe d'Afrique des nations contre le Nigéria, où là encore tu avais fait mouche...
Les Camerounais auraient-ils oublié tes relances minutieuses, tes récupérations spéctaculaires, ta vitesse de jeu et tes actions défensives de haut vol ?
Ces Camerounais t'auraient-ils renié tout simplement, sous couvert d'un pénalty, fusse-t-il important, raté face à l'Egypte à la dernière minute et d'un but concédé face à la Côte d'Ivoire sur une erreur face à Dindane alors que tout ce que tu as apporté aux lions n'est, aujourd'hui, même plus quantifiable ?
Ces Camerounais t'auraient-ils renié jusqu'à s'en prendre à ce qu'il y'a de plus cher chez nous : la Famille ? S'en prendre à ta famille et à tes biens, n'est-ce pas là le comble de l'ignominie ?
Même si je n'ai pas encore "honte d'être Camerounais" comme disait quelqu'un, je crois que j'ai honte, par contre, de savoir qu'il existe des gens prétendument patriotes, soi disant supporters de nos valeureux lions indomptables, capables de commettre des pires actes de vandalisme et d'irresponsabilité comme ceux qui ont été perpétrés à ton encontre.
Sache aujourd'hui, très cher Pierre, que le Cameroun et les Camerounais, ne se reconnaîtront jamais dans ce genre de barbarie, et que les auteurs présumés de ces actes, ne représentent en rien le peuple Camerounais et les vrais supporters des Lions Indomptables. Etre supporter ce n'est pas mettre à feu et à sang les maisons de nos lions, ce n'est pas insulter nos dirigeants quand ils ont fait ce qu'il y'avait à faire, ce n'est pas aller saccager notre fédération de football. Etre supporter, ce n'est pas critiquer les choix du coach dès qu'on perd, ce n'est pas féliciter les lions à Abidjan et les réprimander un mois plus tard à Douala, dès que la situation se retourne contre nous.
Etre supporter, au fond, c'est être derrière son équipe, quoi qu'il arrive, contre vents et marées, dans la victoire mais surtout et encore, dans l'adversité et la défaite.
Samedi, Pierre, ces Camerounais, que dis-je, ces fauteurs de trouble isolés, ont terni l'image de notre cher pays, grande nation de football, en laissant montrer au monde un Cameroun indigne dans la défaite.
Nous aurions préféré laisser l'exclusivité de ces actes de vandalisme aux hooligans Anglais ou la mafia Colombienne. Les Camerounais, et les Africains en général, ne sont pas des voyous, et on ne saurait, à cause de quelques détraqués, se faire passer pour tels.
Qui sont-ils, ces gens, pour se permettre de s'en prendre à ta famille ?
Qui sont-ils, pour se permettre de saccager des choses que tu as achetées à la sueur de ton front ?
Qui sont-ils, pour t'invectiver, toi qui t'es toujours battu pour l'honneur de ton pays en mouillant le maillot ?
Qui sont-ils ?
Même si, cher Pierre, je ne saurais te dire exactement qui ils sont, je pourrais au moins te dire qui ils ne sont pas, à savoir des vrais supporters des lions indomptables, encore moins des camerounais patriotes. Car moi, ce que j'ai appris du Cameroun de mon enfance, c'est de rester digne dans l'adversité. Et ça, ce ne sont quelques malheureux détraqués qui pourront, à cause d'un pénalty manqué, me l'enlever.
Donc cher Pierre, Pardonne leur, car, visiblement, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Quant à nous, nous te remercions pour ton courage, même si tu n'as pas mis ce pénalty, et nous t' attendons pour la Coupe d'Afrique des nations, avec, s'il te plait, Artur Jorge, Phillipe Mbarga Mboa et tout le staff qu'il y'avait autour des Lions Indomptables, pour que vous nous fassiez encore rêver, comme vous l'avez fait ces cinq derniers matches.
Vive le Cameroun, vive les Lions indomptables.
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