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Parlons vraiment des revenus du pétrole !
(05/10/2005)
SHANDA Tonme nous livre ses ressentiments sur la gestion du pétrole au Cameroun.
Par Le Messager

...du pays ne marqua ma mémoire immédiate, comme l’assassinat de la famille

Dans les deux cas, le pétrole était au centre des préoccupations, servant de détonateur à une évolution brutale de la société et des affaires, bouleversant l’ordre établi par ci et réveillant mécaniquement quelques consciences par là. J’apprenais ainsi, que monsieur Mpondo était un brillant cadre nationaliste que l’on avait liquidé pour le pétrole, parce que semble-t-il, il détenait quelques secrets gênants ou manquait de coopération, en tout cas quelque chose dans cet ordre. Ailleurs dans le Golfe, toutes les certitudes que j’avais accumulées jusque-là dans les relations internationales étaient remises en cause après le passage sans transition du prix du baril de pétrole brut, de trois dollars à presque quarante dollars, en l’espace d’une semaine.
En effet dans le premier cas, on parlait à peine du pétrole au Cameroun. Jusque-là tenue dans l’obscurité par la volonté d’un pouvoir des plus compacts, la nouvelle de la production du pétrole commençait à gagner les médias et l’opinion nationale. Dans le deuxième cas, les pays arabes, mécontents du soutien des pays occidentaux et particulièrement des Etats Unis à Israël lors de la troisième guerre Israélo arabe qui vit les troupes égyptiennes franchir le canal de Suez pour la première fois avant d’être ensuite encerclées décidèrent d’un embargo sur les livraisons de pétrole brut vers ces pays. C’est ce que l’on appela par la suite, la révolution pétrolière de 1973, tant les conséquences secouèrent le monde.



Voilà planté le décor qui permet de montrer que nous sommes bien conscients, au moment où nous prenons la décision de traiter de cette question de pétrole, de ce que nous risquons de nous créer beaucoup d’ennuis, et surtout de retourner des évidences criminelles dont les principaux tenants et aboutissants, sont contrôlées par des forces hautement nuisibles, puissantes, et dangereuses. Mais, l’essentiel pour nous, c’est d’essayer de comprendre, d’analyser, et ensuite de partager avec le plus grand nombre de tous ceux qui, chaque semaine, s’accrochent aux colères, aux délires, aux vérités voire aux jugements même erronées, de notre plume, pour oxygéner un peu leurs esprits.
Quoi que l’on en dise donc, le pétrole, matière première minérale, joue un rôle de tout premier plan dans l’évolution de l’économie mondiale depuis 1973. Devenu instrument de puissance, le pétrole qui a même donné naissance à la notion de pétrodollar, aura servi de moteur de développement pour de nombreux pays. A l’observation, il est impensable qu’un pays soit devenu producteur de pétrole, sans que l’on puisse, des décennies après, se rendre compte par un simple inventaire sur le terrain, des retombées, des réalisations en infrastructures de toutes natures.
Ce que fit en effet cette révolution pétrolière de 1973, c’est le formidable essor de développement que connurent les pays producteurs du Golfe avec les gains faramineux issus de la vente du brut. On assistera alors, à ce que l’on appelait en son temps, la razzia des Arabes sur les grandes entreprises des pays capitalistes. L’argent sera tellement beaucoup, que les nouveaux maîtres du monde achèteront tout sur leur passage, des immeubles aux industries jusqu’aux équipes de football.
Pourquoi nous en parlons maintenant ? La réponse n’est pas bien compliquée. Nous voulons nous arrêter un instant, au moment où le prix du baril du brut atteint à nouveau des sommets, doublant pratiquement en moins de trois mois pour passer de 35 à près de 80 dollars, pour nous interroger sur notre sort, sur notre pétrole.
Mais que font-ils vraiment du pétrole camerounais ? A quoi sert ou à qui profite le pétrole camerounais. Si c’est vrai que monsieur Mpondo en mourut, nous n’avons jamais vu les feuilles d’enquêtes à ce propos, mais n’en tenons que les rumeurs parvenus à l’étudiant de l’époque, il faudrait admettre que d’autres curieux ou d’autres résistants, en mourront. Notre trouble est d’autant plus justifié, que nos parents aujourd’hui disparus, qui n’avaient compté que sur le café et le cacao pour payer l’éducation de leurs enfants, ne comprendront pas s’ils nous revenaient, qu’hier ils se portaient mieux, sans le pétrole.
Le pétrole du Cameroun est un dangereux mystère dont l’intelligence échappe même au Diable. Il est difficile de croire aux déclarations officielles sur le pétrole, sa gestion, ses retombées, et les stratégies qui se nouent autour. La seule certitude, c’est que le pétrole du Cameroun ne profite pas au pays, et la seule évidence forte, c’est que quelques individus, qui flirtent à un titre ou à un autre avec le pétrole ici, se sont enrichis de façon insolente au détriment du bon sens élémentaire, et surtout dans l’impunité absolue. Tous les organismes connus ou cachés chargés de s’occuper du pétrole, sont tenus par des gens qui affichent maintenant, pour la partie visible de leurs richesses, des styles d’opulence hors du commun.
Le pays est parsemé d’immeubles, de châteaux, et de propriétés qui insultent la misère quotidienne des populations, et font croire à chaque instant, que tout le bruit fait par le Fmi et la Banque mondiale sur la budgétisation des revenus du pétrole, relève d’un complot très intéressé. En lieu et place des équipements collectifs et sociaux, les citoyens contempleront bientôt un autre grand immeuble, seul symbole d’une abondante rente pétrolière qui profite à une poignée d’oligarques.




Comment au moment où partout dans le monde, les recettes pétrolières abondantes, ont amené les gouvernements à diminuer les souffrances des populations, on ne constate chez nous, aucun geste, aucun signe, aucune amélioration ? A qui veut-on faire croire que nous ne gagnons rien dans ce pétrole ou que l’argent ne nous intéresse pas.
Non ! non ! non ! il faut parler du pétrole camerounais, et expliquer clairement ce qui se passe dans la réalité. Que le pays soit déclaré en faillite, incapable de régler ses factures, incapable de supprimer ou de diminuer les frais universitaires, incapable d’intégrer des enseignants alors qu’il en manque cruellement, incapable de relancer l’économie par une incitation accrue de la consommation au moyen du relèvement des salaires, est tout simplement bizarre. Le Cameroun est entré dans un cycle d’appauvrissement et d’avilissement effrayant qui fait craindre le pire. Ce n’est pas ça un pays qui produit le pétrole, le bois, et bien d’autres choses.
Allons chercher des axes d’explication. Certains soutiennent, que le pétrole camerounais, pour avoir été vendu, liquidé, bradé par anticipation pour financer quelques projets de complaisance, quelques éléphants blancs, ne rapporterait plus rien aujourd’hui. En somme, l’augmentation des prix sur le marché international, arrive au moment où nous avons tout cédé. Où est la vérité dans cette affaire ? Nous voulons comprendre, et nous finirons bien par comprendre.
Il se passe ou il s’est passé, certainement des choses très louches sur le pétrole camerounais. Le scandale que constitue déjà le fait pour un pays producteur de pétrole, de pratiquer les mêmes prix à la pompe que les pays qui n’en produisent pas du tout, est écœurant. Toutes les explications sensées techniques des responsables de tel ou tel organisme officiel n’y changent rien. C’est un scandale inacceptable. Des individus ne peuvent pas s’asseoir sur des fortunes insolentes et des comptes garnis à l’étranger, et vouloir nous convaincre d’accepter les faits accomplis de leurs complots, de leurs incompétences, ou de leur mauvaise gouvernance.
Rien au Cameroun ne permet de soutenir que le pays a jamais été producteur de pétrole et qu’il en produit toujours. Où sont les grands projets ? Où sont les grand axes routiers, les écoles, les hôpitaux, les chantiers ? On cherche à peine une grue dans les villes du pays. Nulle part, ne s’observent ces grands chantiers qui témoignent de la vitalité d’une économie. Où est passé l’argent du pétrole et où passe l’argent du pétrole ? Même la voracité d’une pléthore de fonctionnaires faussaires ne suffit pas à tout expliquer. Il y a là un mystère. Parlons de cette affaire.
L’expérience des autres pays nous contraindra de reconnaître, que le pétrole a de tout temps, été un malheur pour ceux qui ont voulu le gérer dans l’intérêt de leurs peuples. Ce fut le cas de Mossadegh en Iran dans les années 1950, et plus proche de notre temps, le cas de Lissouba au Congo. Et lorsque Idris Déby réclame aujourd’hui une renégociation du contrat avec les compagnies pétrolières pour son pays, il dit quelque chose que les Camerounais disent aussi en sourdine, mais pas les dirigeants : “ les Tchadiens ne comprennent pas que nous ayons commencé la production du pétrole, mais que la pauvreté ne recule pas. Ils veulent une gestion transparente ”.
On aimerait tellement que le président tchadien fut de bonne foi, hélas ! A Yaoundé, il n’en est même pas question, et n’en sera jamais question dans les conditions de gouvernance opaque actuelle. En face d’une Assemblée de faire valoir et un système judiciaire de validation automatique des fraudes électorales, les citoyens camerounais sont doublement malheureux pour leur pétrole. Pourtant, il faudra bien en parler un jour, faire le point, débattre, et clarifier. Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment dans la situation actuelle de silence d’esclave.


Source: Le Messager, SHANDA Tonme


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