Selon les décomptes du ministère de l’Economie et des finances, ils sont 6757, les agents de l’Etat qui ont vu leur salaire du mois de septembre dernier viré dans un établissement de micro finance où ils n’étaient pas préalablement titulaire d’un compte. A ce jour, certains de ces agents sont toujours à la recherche des Coopec où leurs salaires ont ainsi été virés à leur insu. Au total, 1 033 472 289 de francs Cfa logés dans 24 établissements de micro finance qui s’en tirent, chacun, avec plus d’une centaine de nouveaux clients obtenus au forceps. Des clients qui, en majorité, touchaient par bon de caisse, et qui aujourd’hui sont obligés de laisser, un peu de leurs “ minables salaires ” dans ces coopec, en termes d’agios.
De sources bien introduites au Minefi, ces Coopec auraient contre espèces sonnantes et trébuchantes, convaincu les cadres de ce département ministériel, chargés du virement des salaires, de leur affecter cette forte clientèle. Mais pour le ministre délégué chargé du Budget, Henri Engoulou, il s’agit tout simplement d’une “ manipulation malheureuse ” qui aura eu pour conséquence de provoquer “ des assignations automatiques de salaires, non sous-tendues par des demandes formulées par les personnels intéressés comme l’exigent les pratiques et procédures en vigueur ”, indique-t-il. Bien que parlant d’incident non prémédité, Henri Engoulou a néanmoins déclaré à la presse que “ les responsabilités des intervenants dans cette chaîne sont en train d’être établies et des sanctions exemplaires s’en suivront ”.
Malversations
Pour permettre aux agents publics concernés qui errent à travers la ville à la recherche de leurs salaires, de les toucher enfin, une concertation entre le ministre délégué chargé du budget et les responsables des établissements de crédit et de micro-finance de domiciliation de ces virements a précédé le point de presse d’hier. A l’issue de cette concertation, des mesures ont été prises pour normaliser la situation. Henri Engoulou précise cependant que les personnels de l’Etat victimes de cet “ incident ” conservent leur choix de maintenir ou non les virements dans ces institutions financières. Toutefois, ils sont obligés d’avoir un compte quelque part, car le Minefi n’entend plus délivrer les bons de caisse tant prisés par les fonctionnaires qui n’aiment pas les virements à cause des agios. Le Minefi justifie la décision prise depuis le mois d’août dernier, de virer tous les salaires supérieurs à 100 000 francs Cfa, par la volonté du gouvernement de renforcer l’assainissement des finances publiques et “ notamment de parvenir à une plus grande maîtrise de masse salariale ”. Une masse salariale aujourd’hui estimée à près de 33 milliards de francs Cfa par mois pour un effectif de 164 000 fonctionnaires et agents publics dont regorge l’Etat camerounais.
Henri Engoulou souligne que ceux qui perçoivent encore leurs arrhes d’un montant supérieur à 100.000 Fcfa, par voie du bon de caisse ont jusqu’à ce 31 octobre pour ouvrir un compte bancaire auprès des établissements de crédits ou de micro finance agréés. Il devront ensuite adresser l’attestation de compte correspondante à la direction générale du Budget pour prise en compte. Pour le ministre, il n’est pas question de transiger sur cette mesure prise conformément aux dispositions de l’ordonnance 62/0F/4 du 07 février 1962, portant Régime financier du Cameroun, dans le souci, dit-on, de réduire voire d’éradiquer les malversations sur les salaires et pensions du personnel de l’Etat.
Source: Le Messager, Marie-Noëlle Guichi
|