La semaine dernière, l’administrateur provisoire de la Cameroon Airlines (CAMAIR), Paul Ngamo Hamani avait annoncé le départ de 430 personnes. Une information relayée par la presse, qui en réalité n’était une surprise au regard de la situation dans laquelle se trouve l’entreprise en restructuration. Cette décision était attendue depuis la création et la désignation des membres du Comité Ad Hoc chargé du traitement du volet de la privatisation de la CAMAIR, le 4 avril 2005.
Le travail mené par ce comité pendant plusieurs mois a abouti à la conclusion d’un protocole d’accord qui fixe les modalités de départs. La signature de ce document s’est déroulée hier dans la salle de conférences du ministère de l’Economie et des Finances (MINEFI). En présence du ministre Polycarpe Abah Abah et de ses plus proches collaborateurs, du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Robert Nkili, du ministre des Transports, Dakole Daïssala, du secrétaire d’Etat aux Transports, Edmond Moampea Mbio, de l’administrateur provisoire de la CAMAIR, Paul Ngamo Hamani et des délégués du personnel.
La présence dans la salle de plusieurs employés de la CAMAIR, démontrait l’importance de cette cérémonie pour leur avenir. Le caractère consensuel du protocole était perceptible à travers les signataires de l’accord. Notamment, l’administrateur provisoire, le délégué provincial du Travail et de la Sécurité sociale du Littoral et les délégués du personnel. A travers le règlement du volet social, le document paraphé hier, crée les conditions qui pourraient favoriser la privatisation de la CAMAIR.
Les modalités de départ fixées par le protocole d’accord visent en effet, le rajeunissement des effectifs. Elles prévoient aussi " les conditions et les modalités pratiques d’indemnisation des travailleurs en cas de rupture de contrat de travail d’accord parties, et celles des travailleurs restants, en tenant compte des sacrifices consentis durant de longues années ". Le règlement des problèmes sociaux sera également pris en compte.
Avant l’application de ce protocole d’accord, les parties ont pris l’engagement de résoudre certains problèmes. La signature d’une convention tripartite Etat-CNPS-CAMAIR, pour le règlement définitif de la dette de l’entreprise, vis-à-vis de la CNPS et la reprise effective des prestations sociales et le payement intégral, " en une seule tranche des arriérés de salaire de tout le personnel ", entre autres.
La prise en compte de ces préalables apparaît comme un élément essentiel dans la réussite du processus engagé. Elle permettrait, comme l’a souligné le président des délégués du personnel, Pierre-Mary Essimi d’éviter " la triste réalité de la misère des retraités de Cameroon Airlines qui ne sont pas pris en charge par la CNPS ". Toutefois, il a apprécié positivement les actions entreprises par l’administrateur provisoire dans certains domaines. Notamment, la récupération de l’agrément pour un type de visites techniques, la réduction du train de vie des hauts cadres, la régularité des vols sur le Grand Nord, etc.
Le ministre Robert Nkili a, quant à lui, exprimé toute sa satisfaction pour l’aboutissement de la procédure qui apparaît comme un véritable triomphe du dialogue social, élément essentiel dans la gestion moderne d’une entreprise. Pour permettre l’indemnisation des partants sans anicroche, une somme de 5 milliards de F CFA a été débloquée, par le MINEFI. Polycarpe Abah Abah a remercié le personnel de la CAMAIR pour sa compréhension, dans une épreuve aussi difficile. Il convient de noter qu’après les 430 départs, la CAMAIR aura un personnel évalué à 900 salariés environ.
CAMAIR: les modalités des départs
Selon le protocole d’accord, tout départ se fera sur une base volontaire manifestée par une lettre du travailleur adressée à l’employeur. Plusieurs cas ont été retenus.
-La retraite par anticipation concerne les personnes âgées de 50 ans et plus et jouissant d’au moins 18 ans d’ancienneté continue au sein de la CAMAIR. La tranche d’âge de 50 à 55 ans bénéficie des droits des travailleurs de 55 ans.
-Les départs volontaires concernent tout travailleur ne remplissant pas les conditions prévues pour la retraite par anticipation, et ayant au moins 8 ans d’ancienneté continue au sein de la CAMAIR. Tout départ volontaire sera manifesté par une lettre du travailleur adressée à l’employeur avec accusé de réception dans les sept jours suivant la date d’entrée en vigueur du protocole d’accord. L’employeur a l’obligation de donner son avis dans les sept jours qui suivent la date de dépôt de la lettre du travailleur.
-Quota non atteint : si le nombre de départs volontaires n’atteint pas le quota escompté, l’employeur communiquera aux délégués du personnel la liste des travailleurs dont il envisage de se séparer en précisant les critères de choix retenus. Après étude, les délégués donneront leur avis à l’employeur dans un délai maximum de huit jours. Les travailleurs concernés par cette mesure bénéficient des indemnités de départ prévues par le protocole d’accord.
Source : Cameroun Tribune
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