L’histoire remonte à quelques mois et se passe dans la ville de Bafoussam, où vit le couple X. Monsieur est cadre dans l’administration, madame est enseignante dans un lycée de la place. Comme toute bonne femme, elle fait partie d`une “ réunion des femmes dynamiques ” où on cotise 50 000 F Cfa tous les mois. Cà se passe plutôt bien de ce côté, et les femmes se font confiance. Il y a quelques mois donc, une membre de la réunion qui devait être absente le jour de la réunion remet son argent à madame X, pour qu’elle puisse cotiser à sa place. Madame X rentre chez elle avec l’argent dans une enveloppe qu’elle balance négligemment dans la chambre conjugale, et oubli.
Le dimanche jour de la réunion arrive, madame X. s’y rend, cotise sans problème, mais ne se rappelle pas qu’une membre lui a donné son argent. Elle ne se rend même pas compte qu’on a lu le nom de cette dernière et qu’on a mis “ échec ” devant son nom. Madame X. rentre chez elle. Deux jours après, elle découvre une enveloppe contenant 50 000 F Cfa dans la chambre conjugale. Jusque-là elle ne se souvient toujours pas de l’origine. Son mari non plus ne se souvient pas avoir mis une somme pareille dans une enveloppe, encore qu’il était sur la dèche ces derniers temps. Il conseille sa femme de bien chercher dans sa tête, car il est sûr que ce n’est pas lui qui a mis cet argent-là.
Le marabout
La femme pense déjà à quelque chose de mystique. Elle part au village voir sa mère qui la conduit chez un marabout. Ce dernier leur confirme ce que les deux femmes soupçonnaient déjà : “ Votre mari veut vous tuer madame. ” Il récupère d’abord les 50 000 F Cfa et demande à madame M d’apporter dans les brefs délais une autre somme de 200 000 F Cfa pour qu’il travaille sur elle. “ Il faut surtout faire vite, un cadavre peut tomber ” avertit le devin. De retour à la maison, elle commence à regarder son mari d’un air soupçonneux. Elle lui rend tout de même compte de leur visite chez le marabout, et lui fait état de la demande des 200 000 F Cfa pour “ travailler ”, mais se garde bien de lui dire ce en quoi le travail consiste. L’homme qui, sans être favorable à cette
démarche ne veut tout de même pas paraître soupçonneux, l’autorise à vider leur compte commun à la banque qui ne contient d’ailleurs plus que 150 000 F Cfa. Après concertation, les deux femmes se disent que comme c’est le mari qui veut tuer sa femme, si elle utilise l’argent commun du couple cela risque ne pas marcher. Madame X se “ débrouille ” donc autrement, comme les femmes savent le faire, et trouve les 200.000 F Cfa qu’elles remettent au marabout. Ce dernier leur promet que tout ira bien désormais, qu’elle peut aller dormir tranquille. Désormais c’était le froid dans le foyer, la femme dormait même déjà sur le canapé, suivant les recommandations du marabout qui avait demandé qu’elle ne dorme plus dans la même chambre que son “ sorcier ” de mari.
Le rappel
Deux jours après que le marabout ait perçu l’argent, une troisième membre de la réunion appelle au téléphone celle qui avait donné son argent à madame X et lui rappelle qu’elle n’a pas cotisé la séance passée, et comme elle avait déjà bénéficié, elle était frappée d’une amende de 50%, donc 25 000 F Cfa. En somme, elle devait apporter 75.000 F Cfa pour la prochaine séance. Elle tombe des nues, demande si madame X était à la réunion ce jour-là. On la rassure qu’elle était bien là et qu’elle a cotisé seulement pour elle-même. C’est avec rage qu’elle débarque chez madame X et veut comprendre. C’est alors, mais seulement alors que madame X se souvient de l’argent dans l’enveloppe, et se rend compte du gouffre dans lequel elle s’était enfoncée. Un bref calcul lui fait comprendre qu’elle aura 75.000 francs à rembourser à la réunion, ajoutés aux 250.000 empochés par le marabout, sans compter que le foyer chancelle. Elle accourt chez le marabout et tente de récupérer l’argent. Trop tard. “ Quand quelque chose entre à la chefferie ça ne sort plus ”, dit-on en pays Bamiléké. Le mari qui a été injustement accusé se senti aussi touché dans son amour propre, comprend que sa femme faisait plus confiance aux marabouts qu’à lui-même, et s’apprête à tirer les conclusions. Heureusement que les médiateurs sont entrés en scène et les choses semblent s’être calmées. Mais madame X a perdu beaucoup, en argent et en estime. Avis aux consultants des marabouts.
Source : Le Messager
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